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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0033
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LE SIFFLET

3

colonnes du Journal clés Débats, un journal acadé-
mique qui se montre toujours heureux de l’avancement
des siens. C’est une réclame ! .

A propos de journaux et de réclames, savez-vous
pourquoi je vous parle de M. Léon Say ? C’est à cause de
l’incident Magnier.

Nos députés ont eu l’ingénieuse idée de faire une
réclame solennelle au journal VEvénement.

Du haut de la tribune ils ont crié à toute la terre le
prix de son abonnement et la gloire de son rédacteur en
chef.

En voilà une bonne fortune qui n’arrivera jamais au
Sifflet!... •

Le cas échéant, nous illuminerions.

Voyez-vous d’ici Michel Anézo impliqué dans une
concession de bateaux-mouches et cité à la barre de
l’Assemblée ?

— Oui, messieurs, s’écrierait M. de Belcastel, cet
homme n’est qu’un affreux journalisme ! Je le connais:
il a un faux Louis XVII parmi ses rédacteurs et un au-
tre dans le plafond I Et c’est pour cela qu'on lui a confié
la Seine.

— La scène ! s’écrierait notre rédac-chef, la scène !
Elle appartient à tous les auteurs dramatiques !

Et ce calembour faisant faire fausse route, on passe-
rait à l’ordre du jour.

Il faut avouer que ce pauvre Edmond Magnier n’a pas
de chance ; au fond, c’est un homme aimable, affec-
tueux, .complaisant, spirituel même... Et, malgré toutes
ces qualités, il ne peut faire un pas sans rencontrer de
fougueux adversaires, des adversaires même excessive-
ment forts en gueule, et qui ne reculent pas devant la
provocation la plus tannante.

Est-ce seulement à cause de la couleur de son journal
que tant de déboires lui arrivent ?

Non, car pareille chose lui est advenue â Boulogne et
à Calais...

C’est... parce qu’il n’a jamais répondu que par la
plume aux journalistes. Le jour où il aura imposé si-
lence à la meute, on se taira. Autrement... on ne se
taira pas.

Quant à la réclame qui lui a été faite à la Chambre,
il n’y a qu’à en être fier. C’est une bonne fortune. Depuis
cet heureux jour, le tirage de l'Evénement a doublé.

M. Edmond Magnier était concessionnaire du service
des dépêches entre Calais et Douvres; c’est à ce sujet que
M. Léon Say a été interpellé ; vous voyez comme tout
s’enchaîne et comme je suis bien sur la piste de l’actua-
lité.

M. Léon Say a été longtemps administrateur du che-
min de fer du Nord — un chemin de fer qui fait des
misères à Magnier.

En 1848, il a publié une petite histoire de la Caisse
d’escompte. Ce n’est pas d’une gaîté folle, mais c’est
utile et instructif.

Il a écrit quelques articles dans Y Annuaire de l'Eco-
nomie politique et dans le Journal des Economistes.

En somme, son rôle n’a commencé qu’en 1871, et c’est
dans vingt ans qu’il faudra écrire son histoire.

Où serai-je ? Où serons-nous dans vingt ans?

C’est parce que je n’en sais rien que j’ai accompli ma
tâche dès aujourd’hui.

Le Guillôis.

LES VINGT SOUS D’HUGELIâNN

La dame veuve Renard, connue dans le monde artis-
tique sous le nom d’Alice Régnault, a été condamnée
par la 10e chambre correctionnelle à un franc d’amende
envers M. Hugelmann, pour avoir accusé celui-ci de
« mensonges ignobles et persistants » portant atteinte à
son honorabilité.

La loi nous interdisant de rendre compte des débats de
ce procès, nous nous hâtons de lui obéir, et nous nous
contentons de raconter l’effet foudroyant que cette con-
damnation à vingt sous de dommages-itérêts a produit sur
la dame veuve Renard, connue dans le monde artistique
sous le nom d’Alice Régnault.

Le public ignore sans doute que la position de made-
moiselle Régnault est des plus précaires. Aussi, en ap-
prenant l’épouvantable condamnation qui venait de la
frapper, elle a arraché son chignon de désespoir ; ses
bras se sont tordus comme ceux de la Niobé antique, et
de grosses larmes ont coulé de ses beaux yeux.

— Et dire, s’est-elle écriée, que le tribunal a pro-
noncé la contrainte par corps, et que si je ne puis payer
ces vingt sous à M. Hugelmann, je vais être appréhen-
dée et traînée sur la paille humide des cachots !... O ma
mère!...

Longtemps elle a pleuré ainsi. Ce n’étaient point des
larmes de crocodile, — mais de vrais pleurs sortis des
glandes lacrymales d’une femme en proie à une douleur
immense, à une catastrophe dont elle ne prévoyait point
l’issue.

La réflexion finit cependant par calmer sa douleur.

’— Si j’osais, fit-elle en poussant un soupir profond
connue le puits de Grenelle, je lui écrirais... Et, après
tout, pourquoi pas? - .

Elle prit alors la plume et écrivit la lettre suivante
que nous reproduisons religieusement :

« Monsieur Hugelmann,

« J’ai commis l’imprudence, dans un acte d’assigna».
lion dont je déplore aujourd’hui les' termes irréfléchis,

de vous taxer d’inqualifiable effronterie, de dire que
vous avez menti et que vous m'avez calomniée,

« Je vous en demande très humblement pardon.

« La justice inexorable vient de me condamner à vous
payer, à titre de dommages-intérêts, l’énorme somme de
un franc.

« Mais ces vingt sous, je ne les ai point.

« On m’a dit que vous étiez bon et généreux, que votre
pied gauche ignore ce que donne votre main droite,
comme dit l’Evangile ; que votre cœur s’ouvrait à toutes
les infortunes. Aussi je viens me mettre à vos genoux
et vous supplier de m’accordeî* un délai de deux ans
pour vous payer ces vingt sous... Je jure sur la tête de
Léonce de vous les remettre à l’expiration de ce délai...
Yous ne me refuserez pas cette grâce,n’est-ce pas?...
Sois gentil avec moi, mon petit nonomme en sucre...

« J’embrasse vos bottines et suis pour la vie votre
servante

« Alice Régnault. »

Mais, contrairement à l’opinion qu’avait de lui l’ac-
trice des Variétés, Hugelmann possède un cœur de
pierre... Les larmes de la beauté ne sont même pas ca-
pables de l’attendrir... Il a l’àme d’un recors chevillée
dans la conscience d’un huissier.

Hugelmann se contenta de répondre aux supplica-
tions de la belle éplorée par la lettre ci-dessous, em-
preinte d’un déplorable laconisme :

« Zut! »

C’est alors que la dame veuve Renard, connue dans
le monde artistique sous le nom d’Alice Régnault, se
décida à faire la démarche par laquelle elle aurait dû
commencer.

Elle est venue trouver le rédacteur en chef du Sifflet
et lui demander d’ouvrir une souscription pour payer
les vingt sous qu’elle devait à Hugelmann.

La souscription était à peine ouverte qu’elle atteignait
le chiffre désiré, quoique imprévu, de 1 fr. 10 centimes,
qui se répartissent ainsi qu’il suit :

Les rédacteurs du Sifflet.0 fr. 15 c.

Hortense Schneider. ......

0

02

Capoul..

0

01

Blanche d’Antignv.

0

10

Rothschild..

0

05

Zulma Bouffar.

0

01

M. de Yillemessant.

0

01

Léonide Leblanc...

0

03

Méry-Laurent.

0

02

Fernand des Rndays.

0

05

Madame Heilbronn.

0

04

Louis Yeuillot.

0

10

Hyacinthe.

0

05

Lassouche.

0

06

Commerson.

La rédaction du Iam-Ta?n et de la

0

10,

Semaine catholique

0

05

La Revue des Deux-Mondes. . .
M. Billion, produit d’une recette de

0

10

l’Ambigu. ..........

0

02

Leconte de Lisle (en Flandre). . .

0

03

Emile de Girardin.

0

04

Madame Thierret.

0

03

M. Mounet-Sully.. .......

0

03

Total.

. 1

fr. 10 c.

Devant ce magnifique résultat, — tout à fait inespéré,
nous le répétons, — ndus déclarons la souscription close.

Les 10 cent, d’excédant ont servi à acheter un cigare
de 0 fr. 05 c., que nous avont fait envoyer à M. Hugel-
mann, •

Le Sôu qui reste a été adjugé au rédacteur de l’ar-
ticle. -

Alphonse Laffitte.

COUPS DE SIFFLET

Scène de caserne :

Un soldat se présente à la porte d’entrée et s’adresse
au sergent, chef de poste :

— Sergent, je voudrais parler à Pitou, de la 3e du
second.

— Pitou?... Un grand blond ?...

— Oui, sergent.

~ Mais ce n’est pas Pitou ! C’est Bernard, de la4e du
trois.

— Non, Pitou.

— Allons donc ! Yous allez bien voir !

Le sergent appelle un soldat du poste.

— Allez me chercher Bernard, de la 4e du trois !

Le visiteur a beau se débattre et réclamer Pitou, Ber-
nard arrive.

— Eh bien ! s’écrie le sergent, le reconnaissez-vous ?

— Non, sergent.

— Gomment, vous osez dire que ce n’est pas Bernard?

— Je ne dis point que ce n’est pas Bernard, mais c’est
Pitou que je demande.

— Et vous, Bernard, reconnaissez-vous ce fantassin ?

Non, sergent.

Alors, celui-ci furieux :

— Qu’on les flanque tous les deux à la salle de police
jusqu’à ce qu’ils se reconnaissent !

Du même tonneau.' •

Le dragon Boutard, du 8e dragons, était consigné ;
cela peut arriver atout le monde.

Ce jour-là, on passait la revue de linge et chaussu'
res... Le pauvre Boutard fat de corvée toute la journée,
corvée au pain, corvée au bois, corvée de quartier... et
quand l’heure de l’inspection arriva, il eut à peine le
temps de placer ses bibelots sur son lit, —- dans un triste
état.

Le capitaine s’arrête à lui.

— Eh bien, dragon, pourquoi vos effets sont-ils dans
un tel état ?

— Mon capitaine...

Taisez-vous ! Ne répliquez pas !... Eh bien, pour-
quoi vos chaussures sont-elles si sales ?

Mon capitaine...

— Encore !... Yous voulez faire le raisonneur? Huit
jours de salle de police.

Puisque nous avons un numéro militaire, encore un.
C’est un rapport de sergent qui vient de faire sa
ronde, dans l’armée de la Loire.

« Rien de nouveau. Pas de porte à la porte. Pas de
croisées aux fenêtres. »

C’est laconique et historique.

Calino assistait à une séance de lutte aux Arènes
athlétiques.

Il souriait et se dandinait en regardant lever des
poids.

— Moi, dit-il à l’un de ses voisins, je suis plus fort
que ça. J’ai levé des kilos qui pesaient onze cents gram-
mes !

Il s’est présenté soixante-huit architectes de toutes
les catégories pour le concours de l’Hôtel de Yille.

Soixante-huit qui n’ont pas déposé leurs plans chez
un notaire, et qui à eux tous ne sont pas aussi forts qu’un
seul homme, je ne dirai pas de génie, mais de talent.
C’est d’une faiblesse désespérante.

Ah ! çà, est-ce que nous rétrogradons ?

Depuis quelques années, les plans n’ont pas de
chance ! Excepté ceux de choux, aucun ne réussit.

O Mathilde, idole de mon âme !

C’est de la princesse que je parle. La voilà qui publie
un roman...

Si du moins l’histoire de sa famille n était qu’un
roman !

Un homme de la campagne, armé d’un gourdin, se
présente devant le président de la Société protectrice
des animaux.

-—Je viens, mon président, réclamer la prime.

— Très bien, mon ami, qu’avez vous fait ?

— J’ai sauvé la vie à un loup ; avec ce bâton j’aurais
pu facilement l’assommer, sans qu’il eût le temps de
réfléchir.

— Où était ce loup ?

— Il venait de dévorer ma femme.

— Ah! ah! dit le président après réflexion. Je juge,
mon ami, que vous êtes suffisamment récompensé.

On nous raconte une plaisante histoire qui s’est
passée dans un petit village des environs de Fouilly-le-
Crapaud.

Un aubergiste avait acheté, chez un libraire de Paris,
un portrait de M. Thiers, l’avait fait soigneusement
encadrer et l’avait accroché à la place que, dans tous
cabarets bien pensants, on réserve au portrait du chef
de l’Etat.

Le lendemain survient le garde champêtre, l’air sou-
cieux, et fixant un regard sur le portrait suspendu.

— Qu’esRce que c’est que cela? demande-t-il au
maître du logis.

— Dame ! répond notre aubergiste, c’est le président
de la République.

— Ah ! je le vois bien, mais je ne puis autoriser cela !
Il faut absolument le retirer, et y mettre un autre per-
sonnage représentant l’autorité locale.

— Je le veux bien, monsieur le garde, mais encore,
que faut-il mettre à la place ?

— C’est bon, c’est bon, je vais voir cela.

Le brave garde se met alors à chercher. Après avoir
consulté beaucoup d’habitants :

' — C’est bien, dit-il, j’ai mon idée.

Il courut en effet chez lui et revint à l’auberge, rap-
portant triomphalement... sa propre image, son portrait
en grand uniforme.

Ce qui explique pourquoi aujourd’hui on voit dans la
salle de l’auberge le portrait du garde champêtre, au
lieu et place du portrait de M. Thiers, jugé très com-
promettant.

Deux gascons vantaient à tour de rôle leurs vaillants
aïeux.

— Moi, dit le premier, tous mes ancêtres sont morts
sur le champ d’honneur, et mon grand-père lui-inême,
atteint de cent quatre-vingt-dix-sept blessures, ne tomba
que lorsqu’il eut la tête emportée par un boulet.

Oh! moi, répond le second, mon aïeul a fait bien
plus fort que cela. A la prise de la tour Malakoff, ne
s’étant pas aperçu qu’on l’avait tué, il continua la lutte
avec la même valeur, jusqu’au moment où il fut enterré.

Remède contre l’ivrognerie. (Nouvelle loi.)

(Deux amis de la bouteille.)

— Tiens, tu portes donc des lunettes, maintenant ?

—- Oui, depuis la nouvelle loi.
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