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Le Sifflet: journal humoristique de la famille — 2.1873

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https://doi.org/10.11588/diglit.8638#0036
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2

LE S’IjF F L[ET

m

Pour tout ce qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s’adresser à M. Michel ànézo, 7,
rue Rochechouart.

PRISSE GBÂTÎIIïE

Nous offrons à toutes les personnes qui s’abonneront
ou se réabonneront au Sifflet pour un an, un volume
à choisir dans'la Série ci-dessous :

Le Siège de Paris, par F. Sarcey ;

Les Grimes inconnus, par Elie Berthet ;

Pablo, Vie dans les Pampas, par Eduardo de
Garcia ;

La Vie Parisienne, par Charles Joliet ;

Les Soldats du Désespoir, par Alexis Bouvier;

Le Forçat-Colonel, par Du Boisgobey. ;

Les Drames à toute vapeur, par G. Debans ;

Les Masques d’Or, par Des Essarts ;

Les Hommes à bonnes fortunes, par le
vicomte de Poli.

Tous ces ouvrages, édités par la maison Lachaud, se
vendent 3 francs en librairie.

Nous les offrons GRATUITEMENT, EXPÉDIÉS
FRANCO, àtoutes les personnes qui s’abonneront ou se
réabonneront pour UN AN au Sifflet.

PRIX DE L’ABONNEMENT :

Paris, un an.6 francs.

Départements. . . 8 francs.

Adresser le montant par la poste, à l’Administra-
teur du SIFFLET, 7, rue Rochechouart.

SIFFLEMENTS

Je vous ai annoncé son retour, je vous ai prévenu
que vous leverriez revenir... Vous en souvenez-vous ?

Eh bien, c’est un fait accompli; il a reconquis ses
pouvoirs par un coup d’Etat.

Chantons tous : Alléluia, alléluia !

Comment ! vous ne vous mettez pas delà partie, vous
n’entonnez pas avec moi ce chant d’allégresse?

A quelle catégorie de citoyens appartenez-vous
donc?

Je vois! Vous faites partie de ces révolutionnaires en-
nemis de la tranquillité terrestre.

Vous savez pertinemment qu’il n’y a que lui qui peut
nous ramener les beaux jours d’autrefois et réparer nos
désastres passés.

Mais non; systématiquement, vous n’en voulez pas;
il vous est antipathique sans que vous puissiez dire
pourquoi.

Vous avez lu des journaux sans principes qui parlent
de lui avec une irrévérence outrageante, et vous vous
êtes formé une opinion indéracinable.

Oh ! peuple français, que tu es léger !

Raisonne donc un peu avant que de briser tes idoles
ou avant de t’en faire de nouvelles.

Tu oublies que ce prince auquel on avait arraché si
impitoyablement son pouvoir a gouverné un monde pen-
dant plus de vingt ans.

Voici quatre années qu’il a été expulsé, qu’on lui a
brisé son sceptre dans les mains.

Que de terribles événements se sont passés pendant ce
temps !

Oui, illustre Leverrier, c’est vous seul qui pouvez
nous ramener les beaux jours que nous désirons si im-
patiemment.

Exigez que Phèbus nous réchauffe et fasse bien mû-
rir les concombres et les citrouilles.

Commandez à Éole de ne plus mugir si impétueuse-
ment, pour que nous ne recevions pas aussi souvent des
tuyaux de cheminée sur nos têtes.

Dites à Neptune d’être moins furieux et de ne plus
se livrer. à des débordements intempestifs. O grand
maître b puisque vous avez de nouveau la direction des
éléments, donnez-nous de beaux jours ! de beaux jours
et encore de beaux jours.

Nous comptons sur vous et nous vous serons fidèles...
tant que serez au pouvoir.

Quel cœur ingrat que celui de Courbet ! Son estomac
même est sans reconnaissance. Ainsi, il a été nourri
pendant le siège et la Commune par une demoiselle Gi-
rard, qui lui réclame aujourd’hui une note de quinze
cent vingt-neuf francs, sur laquelle ne se trouve pas le
prix du service rendu pour lui avoir donné l’hospitalité
et sauvé la vie après les événements de la Commune.

Eh bien! le maître d’Ornans n'accepte pas l’addition.

Evidemment c’est son affaire ; mais enfin nous pouvons
bien constater que cette note de quinze cent vingt-neuf

francs, sans aucun centime, n’est pas exagérée, relative-
ment aux circonstances et à l’appétit du Gargantua.

Ah! Courbet, on le sait, n’attache pas son chien avec
des saucisses.

Le bienheureux LoPre... vous savez, ce saint du
Pas-de-Calais qui ne se lavait pas tous les jours, a été
canonisé dimanche dernier à Rome.

Il n’y a pas de mal à cela, au contraire ; plus il y a de
saints... plus on prie.

A la fin de ce siècle j’en prévois une quantité de nou-
veaux et de nouvelles.

Je puis déjà en citer plusieurs dont je suis certain :

Saint Yeuillot;

Saint Dupanloup ;

Saint Trochu ;

Saint Lorgeril ;

Saint Jean Brunet.

Maintenant en voici d’autres dont la canonisation est
douteuse, mais qui cependant pourraient bien l’ob-
tenir :

Gagne ;

Alice Régnault (vierge et martyre) ;

De Villemessant ;

Alexandre Dumas fils ;

Auguste Yacquerie.

Je ne veux pas citer trop de noms, car on dirait que je
plaisante .

Comme il est à peu près certain maintenant que nous
n’aurons pas de grandes gelées, on se prépare à frapper
le petit lac des patineurs au bois de Boulogne.

Ainsi les membres du Patin-Club pourront, par ce
procédé ingénieux, glisser et patiner en toutes saisons.

Quel plaisir on aura, par un beau soir d’été, d’aller en
traîneau sur cette Néva en miniature !

Cependant il faudra prendre de grandes précautions
contre les malfaiteurs qui n’auront certainement aucun
scrupule, par une température tropicale, d’allerbriserla
glace du lac pour s’en servir comme rafraîchissement.

On annonce une exposition d’animaux gras de toute
espèce au palais de l’Industrie pour le mois de février
1874.

Yous avez bien lu : Pour le mois de février 1874.
Ainsi c’est dans un an que cette imposante solennité
aura lieu.

On laisse le temps d’engraisser, comme vous voyez.
Seulement ne vous portez q>as de suite comme exposant,
attendez encore, rien ne presse.

Si, moi, je voulais concourir à cette exposition, je ne
m’y prendrais que quelque temps avant, car je connais
un procédé chimique et nutritif qui est infaillible pour
l’engraissement.

Si Sarah Bernhardt voulait, à forfait bien entendu,
se confier à moi pendant six semaines, je me chargerais
de la rendre robusle et plantureuse comme la mère
Thierret.

Michel Anézo.

LES ROIS D’UN JOUR

N’ayez crainte, je ne vous parlerai pas du dernier roi
qui est parti en laissant la clé sous la porte avec cet
écriteau :

TRÔNE A VENDRE OU A LOUER

Comme je n’ai jamais fait de châteaux en Espagne, les
rois de ce pays m’inquiètent fort peu.

Je veux vous parler d’un souverain qui s’en va, lui
aussi, sans tambour ni trompette, et sans laisser après
lui le plus petit héritier plus ou moins présomptif.

J’ai nommé le bœuf gras!...

Par décision municipale, il n’y aura pas de bœuf gras
cette année à Paris.

Yous souvient-il du cortège du bœuf gras?

Au son d’une musique mouvementée, entrecoupée des
éclats du cornet à bouquin, le cortège défilait trois jours
durant dans les rues de Paris.

Ce n’étaient que garçons bouchers habillés en mous-
quetaires, que grues de quinzième catégorie étalant sur
un char enguirlandé leurs appas bleuis par la bise d’hi-
ver.

Et l’on criait sur la voie publique :

« Demandez l’ordre et la marche du bœuf gras, 10
centimes! »

La déesse de la fête était choisie parmi les gourgan-
dines du quartier de l’abattoir général. Les poètes aux
petits pieds la chansonnaient :

V’ià la peau d’âne qui ronfle,

C’est l’instant du branle-bas !

V’nez voir dans son triomphle
La déesse du boeuf gras.

Et le bœuf gras passait fier, et superbe.

Il allait voir les ministres, les ambassadeurs et même
l’empereur.

Est-ce parce qu’il n’y a plus d’empereur en France
qu’il n’y a plus de bœuf gras?

Eh quoi! est-ce que tous les-cultes disparaîtront, même
celui du bœuf gras?

Jadis, ce lourd quadrupède était adoré à l’égal de la
Divinité.

L’Egypte s’inclinait devant le bœuf Apis.

(Remarquez que je ne réédite pas ce calembour anté-
diluvien qui consiste à dire que le bœuf à pis devait être
une vache.)

Plus tard, sous les rois fainéants, les bœufs avaient
Thonneur de traîner le char royal :

Quatre bœufs attelés, d’un pas tranquille et lent,
Promenaient dans Paris le monarque indolent,

a dit Boileau.

Infortuné bœuf, pauvre majesté déchue !

Ce n’est pastoi, cependant, qui te plains de la suppres-
sion de ton triomphe carnavalesque !

Au contraire.

Mais les Duval et les Fléchelle ne sont pas contents.

Et c’était peut-être pour te remplacer que le descen-
dant d’un illustre marchand de bouillon s’était ena-
mouré d’une reine aux cheveux carotte.

Pour moi, mon cher bœuf gras, je te regrette de tout
mon cœur.

Tu avais une supériorité sur les autres rois de la
terre :

Celle de ne pouvoir procréer un héritier.

Car ce n’est pas toi qui es le père du veau.

Tu te contentes d’en être l’oncle.

Tu es l’Abélard de ta race.

Tu meurs sans progéniture, sous l’impitoyable mar-
teau de fer qui te couche, sous le couteau du bourreau,
qui te saigne.

Et de ta chair palpitante nous faisons des beefsteaks
succulents, des chateaubriands délicieux.

Tu es le véritable bienfaiteur de l’humanité.

Et quand je Amis passer, sur le bitume du boulevard,
toutes ces femmes sans ouvrage qui vont à la chasse au
pigeon ; — toutes ces guenons plâtrées et maquillées,
traînant des robes de soie éraillées ; — toutes ces su-
ceuses d’écrevisses et de patrimoines ; — toutes ces
soupaufromageuses pourries jusqu’aux moelles ; —
toutes ces rouleuses sur lesquelles parfois la pauvre ou-
vrière jette des regards envieux, je me dis :

— Décidément, j’aime mieux le bœuf que le Aœau.

Yoilà pourquoi, je le répète, je regrette le bœuf
gras.

Alphonse Lafitte.

M. ORTOLAN

Quatre choses qu’il ne faut pas confondre : l’ortolan
qui commence la série ;— celui qu’Alexandre Dumas
père recommandait de manger le jour même où il avait
été tué, parce qu’il ne se conserve pas, et dont on dit : Ce
richard ne se nourrit que d’ortolans; — celui qui a été
marin et qui était déjà capitaine de vaisseau quand il
a été mis à la retraite en 1868, commandeur de la
Légion d’honneur depuis 1867 ; — et enfin, le docteur
en droit qui a fait recevoir Lisette au Théâtre-Lyrique,
deux actes ; aux Bouffes-Parisiens la Momie de Ro-
sesvo, opérette en un acte; un lauréat qui a remporté
le second prix de composition musicale à l’Institut en
1842; ce qui l’a conduit à être attaché au ministère des
affaires étrangères et décoré de la Légion d'honneur; la
musique ne conduit pas souvent dans ces parages ! Ce
dernier s’appelle Eugène, il est né à Paris en 1824 et a
publié un ouvrage de droit intitulé : Des moyens d'ac-
quérir le Domaine international, en 1851.

Là! Yous y êtes? Nous allons bien voir.

Il se passe en ce moment des choses singulières à
l’Ecole de droit. Un journal ultra-bonapartiste, le Gau-
lois, a trouvé bon d’éreinter un de ces quatre ortolans,
en lui prêtant des paroles qu’il n’a pas dites.

Naturellement, ses élèves ont protesté, et comme son
cours est on ne peut plus suivi, ceux qui ont attaqué le
professeur de droit ont été fort malmenés.

C’était justice ! Mais je vous le demande : lequel des
quatre est le professeur de droit?

Evidemment, ce n’est pas l’oiseau, — qui est un des
meilleurs mangers que l’on connaisse, mais qui n’a ja-
mais pris la moindre inscription à l’Ecole de droit.

Est-ce le marin? Il n’a fait que du droit maritime,
— ce qui est fort joli, sans doute, mais ce qui ne lui
donne pas une chaire à l’Ecole.

Restent donc les deux autres.

Le premier de la série, Joseph-Louis-Elzéar, est né
à Toulon le 21 août 1802. C’est le fils d’un juge de paix
héroïque, qui brava une épidémie et mourut victime de
son zèle, quand tous les autres prenaient la fuite.

Il était aussi fort en mathématiques qu’en poésie.
Est-ce pour cela qu’il fit son droit à Aix et à Paris?

Est-ce pour cela qu’on le licencia en 1825. ?

Nous n’en savons trop rien, mais nous le retrouvons,
en 1829, docteur en droit.

Novateur dès le biberon, ce ne fut qu’en 1827 qu’il se
manifesta, en publiant, du premier coup, son principal
ouvrage : Explication historique des Institutes de
Justinien.

Cet ouvrage lui valut son gagne-pain : une place de
bibliothécaire-adjoint à la Cour de cassation.

Il lui valut l’amitié de Mourre.

Il lui valut surtout l’amitié d’Henrion de Pansey, que
ma portière appelait : Un rayon de pensée !

Pauvre femme !

Depuis lors, ses avancements ne s’arrêtent guère*
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