4
LE SIFFLET
Il y suspendit sa culotte et alla ranger ses instruments
de jardinage.
A cette heure-là, tout était en train de bouillir et le
cuisinier prenait le frais au dehors. Il ne s’aperçut donc
de rien.
Dans la marmite bouillait tranquillement la soupe de
messieurs les séminaristes.
Rien de plus simple jusque-là.
Mais de la prodigieuse marmite se dégageait une va-
peur de plus en plus brûlante, de plus en plus épaisse.
Le pantalon, mûri par un usage infiniment prolongé,
commença à se ramollir et à se détendre.
Puis, la boutonnière qui le retenait à la crémaillère
céda, et v’ian ! voilà la culotte dans la marmite.
Et la soupe bouillait toujours.
Elle bouillait même de plus en plus.
Cinq minutes après ce funeste accident, le cuisinier
arriva et se mit en devoir de remuer le potage avec une
sorte de grande pelle qui lui servait de cuiller.
Grâce à la vapeur, il ne vit rien de suspect et remua
consciencieusement...
Si bien que, cinq autres minutes après, la culotte était
en bouillie.
L’heure du dîner arriva.
On sert le potage dans de nombreuses soupières, et,
à peine le Bénédicité dit, mes gaillards trempent leurs
cuillers dans la soupe.
Chose étrange et inattendue ! le bouillon avait des
yeux!
De mémoire de séminariste, pareil fait ne s’était
jamais vu.
Dame ! écoutez donc ! Elle avait de l’usage, la culotte !
et beaucoup même !
On mangeait avec appétit.
Seulement, quelques-uns trouvaient par ci, par là, un
bouton...
Si c’eût été un bouton en os encore ! Mais non, c’était
un bouton métallique...
Ceux-là laissaient discrètement le bouton sur le bord
de leur assiette et réfléchissaient.
D’autres trouvaient des morceaux rebelles qui, trop
bien cousus, n’avaient pas voulu fondre...
Les malheureux maugréaient en dedans, mais ils
n’osaient rien dire. Pour eux, évidemment, cela tenait
trop de place.
Tout à coup le supérieur poussa un cri.
Il avait manqué de s’étrangler.
Je crois bien! C’est justement à lui qu’était échue la
boucle d’acier ! Et, dans son ardeur, il l’avait presque
avalée sans s’en apercevoir.
—■ Qu’on appelle le cuisinier ! s’écria-t-il.
Celui-ci accourut et ne sut que répondre.
Il n’y comprenait absolument rien.
Mais, tandis que les reproches pleuvaient dru sur sa
tête, le jardinier furieux entra dans le réfectoire.
Sans respect pour ses maîtres, dans sa colère il saisit
le cuisinier au collet.
-— Ma culotte, clama-t-il, rendez-moi ma culotte !
Ce fut un trait de lumière.
Il raconta son aventure et tout s’expliqua. Mais je
tairai la fin de l’histoire à cause des estomacs délicats.
Louis Gille.
FAIS CE QUE DOIS!
Les détracteurs de toute gloire pure, de toute idée
neuve, les Zoïles de la critique trouveront certainement
que ce petit conte présente quelques analogies avec la
pièce de Goppée, qui porte le même titre, et avec une nou-
velle de Brantôme. Comme l’Évangile défend de dire
Raca à son frère, je me contenterai de leur dire :
Erreur !
Qu’ils viennent, du reste, faire chez moi une Visite
domiciliaire, et je veux bien être pendu par les pieds au
cou de mademoiselle Massin, s’ils trouvent dans mon
humble logis un seul volume de F. Coppée.
Ils auraient plus de chance d’y rencontrer un Bran-
tôme, un peu usé même, je le concède. Mais que celui
qui en craint les suites ne prenne jamais de bière !
O Louise, Amanda, Victorine, etc., etc., j’aime à me
rappeler vos mines effarouchées quand vous rencontriez
un passage scabreux, et vos airs de chatte inquiète, et la
grâce charmante avec laquelle vous vous passiez la lan-
gue sur les lèvres.
Ceci posé, j’ai encore une confession à faire. Comme
Coppée, j’aurais voulu mettre cela en vers, mais la muse
a été rebelle à mon invitation. C’est une femme galante
qui ne monte pas chez le premier venu. J étais bien ailé
jusqu’à l’avant-dernier vers, et je vous prie de croire
que ce petit morceau ne manquait pas d’agrément. Yoilà,
du reste, ce vers :
Tu voudrais bien que je le perde?
s’écrie le jeune homme.
L’impossibilité de mettre dans la bouche de la jeune
femme une réponse convenable m’a forcé à abandonner
mon dessein et à avoir recours à la langue de L. Veuillot
et autres pères de l’Eglise.
Donc, par une jolie journée de la semaine dernière,
M. Victor, peintre d'histoire, était assis dans un large
fauteuil de tapisserie, couvant de l’œil une charmante
femme qui, dans, le désabillé le plus complet, était éten-
due sur un divan à la turque.
On jouait aux tableaux vivants, et madame représen-
tait la Femme nue de Lefèvre.
Ouvrons ici une parenthèse.
Le grand A... de l’U... a donné à tous les êtres delà
création des armes défensives destinées à les protéger
contre les espèces ennemies. L’éléphant a sa trompe, le
cerf ses cornes, le cheval ses sabots, l’abeille son dard,
le chat ses griffes, le chien ses dents. La gendarmerie a
ses bottes.
A ce point de vue, la femme est peut-être l’être le plus
parfait de la création.
Contre les attaques de l’homme, son plus mortel en-
nemi, la femme possède :
1° Une triple cuirasse d’insensibilité ;
2° Une robe ;
3° Des jupons;
4° Un corset ;
5° Un pantalon ;
6° Une chemise ;
7° ? ? ?
L’homme a été créé spécialement pour l’attaque. Il
n’y a dans toute l’antiquité qu’un seul exemple du con-
traire , c'est celui du nommé Joseph.
Mais, avant de vaincre, il lui faut triompher des sept
obstacles indiqués ci-dessus.
Notre ami le peintre avait triomphé.
Héloïse avait capitulé. Les numéros, 2, 3, 4, 5 et 6
gisaient derrière un paravent.
Le mari n’est pas un obstacle. Au contraire.
Héloïse était mariée ; ceci ne l’excuse pas cependant.
Son mari n’était pas un homme vulgaire.
Viveur retiré des affaires, il avait su introduire quel-
que variété dans la monotonie de son ménage.
Ce n’était pas un mari brutal réclamant, en rentrant
du cercle, ce que Louis XIII appelait l’accomplissement
d’un devoir.
Loin de là, souvent il s’était complu dans cette occu-
pation qui avait l’air d’intéresser si vivement notre jeune
homme.
Souvent, comme Louis XV, il avait humé une prise
de macouba sur la joue gauche de son épouse légitime.
Cette joue gauche mérite une mention particulière.
Elle possédait au centre, non pas une fossette comme
la Dubarry, mais bien le plus joli grain de beauté qui se
puisse voir, un grain de beauté parfaitement noir et par-
faitement circulaire, rehaussant la blancheur satinée de
la peau. Quelquefois, sous l’empire d’une... émotion vio-
lente, ce cercle de bistre s’irisait de tons roses.
On eût dit un œil ouvert sur le paradis.
Un coup discrètement frappé à la porte vint tirer le
jeune homme de sa contemplation. Il entr’ouvrit, et son
Frontin lui annonça la visite de M. Cornillard.
— Faites attendre un instant, dit-il.
— Ton mari est là, faut-il le faire entrer ?
L’œil ouvert (voir plus haut) s’éteignit !
— Ne crains rien, tourne-toi, tiens, comme ça!
Ils se mirent à rire tous les deux.
— Mais entrez donc, mon cher ami. Je regrette de
vous avoir fait attendre ; mais voilà mon excuse, je des-
sine d’après la bosse.
Cette fois, Héloïse tournait le dos au jour. La tête ca-
chée sous un coussin, elle contenait à grand’peine une
forte envie de rire. Deux coups de pinceau avaient trans-
formé le grain de beauté en une magnifique fraise d’un
vermillon resplendissant.
Elle représentait, cette fois, la femme que nous n'a-
vons pas vue de dos, de Courbet, maître peintre.
— Mâtin, la jolie anatomie, je ne connais à Paris
qu’une femme qui puisse étaler des formes aussi opu-
lentes.
— C’est le pendant, alors.
— Oui, les quatre font la paire. Mais...
— Ne vous cachez donc pas comme cela, la belle
enfant.
— Mais ce n’est pas un modèle, mon cher ami.
— Mille pardons, très cher. — Raphaël et la Forna-
rina ! — Mais ceci ?... Et il désignait la fraise.
— C’est naturel.
Quand M. Cornillard fut sorti, vous pensez quels rires
l’accom pagnèrent.
La fraise disparut ; l’œil s’ouvrit de nouveau (voir
plus haut), et le nom de Cornillard fut inscrit en lettres
d’or au Panthéon des maris trompés.
Il n’y a, sur ce chemin, que le premier pas qui coûte.
Le premier pas fut lestement franchi.
Et le soir, mis en belle humeur par ce spectacle inat-
tendu, quand M. Cornillard eut vu tomber les numéros
2, 3, 4, 5 et 6 et humé sa prise :
— Ce serait drôle, dit-il, si tu avais une fraise là !
— Une fraise !... quelle idée !
Et de rire, tellement que, pour se calmer, elle se
cacha la tête sous l’oreiller de son lit.
C’est frappant, dit le dix-cors.
Les hommes sont vraiment canailles, mais les femmes
le sont bien davantage.
SoLESME.
THÉÂTRES
BOUFFES - PARISIENS
Le four est complet, cette fois. Il n’y a pas moyen de
le dissimuler.
Pauvre Rosière d'ici ! Les directeurs des Bouffes
voudraient bien maintenant qu’elle fût ailleurs.
Jamais de ma vie je n’ai vu une opérette plus assom-
mante. La Boîte de Pandore même, avait une gaîté plus
franche. Judic sait porter les sacs de farine et le poids de
son rôle. Les autres artistes se démènent comme ils peu-
vent sans réussir à grand’ chose.
Ah ! la timbale ne se gagne pas tous les jours !
CLUNY
Le succès des Frères d'armes, de M. Catulle-Mendés,
s’accentue tous les soirs.
Cette pièce pourrait bien être le pendant des Inutiles
et du Juif polonais.
AMBIGU
Très bien ! très bien ! Je vous l’avais dit la semaine
dernière que les beaux fours allaient revenir, mais
je comptais sur un drame nouveau. Je ne supposais pas
que j’aurais eu la satisfaction d’annoncer à mes lecteurs :
l'exhumation d'un vieux four d'autrefois.
En 1856, Josselin, le garde-côte, a eu quatorze re-
présentations. Billion ne pouvait mieux choisir pour être
certain d’une veste. Ah! je le connais, —je savais qu’il
réparerait bien vite son erreur des Crochets du père
Martin.
Michel Anézo.
Le gérant ; Le Guillois.
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Préparé avec la plante fraîche fleurie, c’est
le meilleure vulnéraire dans les coups, con-
tusions, blessures, morsures, brûlures, chu-
tes, et pour les personnes ayant éprouvé
une vive émotion. — Dans ce dernier cas
mettre 20 gouttes dans un verre d’eau et
boire par gorgée. — en flacons de 3
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En ajoutant le contenu du flacon à un litre
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LE SIFFLET
Il y suspendit sa culotte et alla ranger ses instruments
de jardinage.
A cette heure-là, tout était en train de bouillir et le
cuisinier prenait le frais au dehors. Il ne s’aperçut donc
de rien.
Dans la marmite bouillait tranquillement la soupe de
messieurs les séminaristes.
Rien de plus simple jusque-là.
Mais de la prodigieuse marmite se dégageait une va-
peur de plus en plus brûlante, de plus en plus épaisse.
Le pantalon, mûri par un usage infiniment prolongé,
commença à se ramollir et à se détendre.
Puis, la boutonnière qui le retenait à la crémaillère
céda, et v’ian ! voilà la culotte dans la marmite.
Et la soupe bouillait toujours.
Elle bouillait même de plus en plus.
Cinq minutes après ce funeste accident, le cuisinier
arriva et se mit en devoir de remuer le potage avec une
sorte de grande pelle qui lui servait de cuiller.
Grâce à la vapeur, il ne vit rien de suspect et remua
consciencieusement...
Si bien que, cinq autres minutes après, la culotte était
en bouillie.
L’heure du dîner arriva.
On sert le potage dans de nombreuses soupières, et,
à peine le Bénédicité dit, mes gaillards trempent leurs
cuillers dans la soupe.
Chose étrange et inattendue ! le bouillon avait des
yeux!
De mémoire de séminariste, pareil fait ne s’était
jamais vu.
Dame ! écoutez donc ! Elle avait de l’usage, la culotte !
et beaucoup même !
On mangeait avec appétit.
Seulement, quelques-uns trouvaient par ci, par là, un
bouton...
Si c’eût été un bouton en os encore ! Mais non, c’était
un bouton métallique...
Ceux-là laissaient discrètement le bouton sur le bord
de leur assiette et réfléchissaient.
D’autres trouvaient des morceaux rebelles qui, trop
bien cousus, n’avaient pas voulu fondre...
Les malheureux maugréaient en dedans, mais ils
n’osaient rien dire. Pour eux, évidemment, cela tenait
trop de place.
Tout à coup le supérieur poussa un cri.
Il avait manqué de s’étrangler.
Je crois bien! C’est justement à lui qu’était échue la
boucle d’acier ! Et, dans son ardeur, il l’avait presque
avalée sans s’en apercevoir.
—■ Qu’on appelle le cuisinier ! s’écria-t-il.
Celui-ci accourut et ne sut que répondre.
Il n’y comprenait absolument rien.
Mais, tandis que les reproches pleuvaient dru sur sa
tête, le jardinier furieux entra dans le réfectoire.
Sans respect pour ses maîtres, dans sa colère il saisit
le cuisinier au collet.
-— Ma culotte, clama-t-il, rendez-moi ma culotte !
Ce fut un trait de lumière.
Il raconta son aventure et tout s’expliqua. Mais je
tairai la fin de l’histoire à cause des estomacs délicats.
Louis Gille.
FAIS CE QUE DOIS!
Les détracteurs de toute gloire pure, de toute idée
neuve, les Zoïles de la critique trouveront certainement
que ce petit conte présente quelques analogies avec la
pièce de Goppée, qui porte le même titre, et avec une nou-
velle de Brantôme. Comme l’Évangile défend de dire
Raca à son frère, je me contenterai de leur dire :
Erreur !
Qu’ils viennent, du reste, faire chez moi une Visite
domiciliaire, et je veux bien être pendu par les pieds au
cou de mademoiselle Massin, s’ils trouvent dans mon
humble logis un seul volume de F. Coppée.
Ils auraient plus de chance d’y rencontrer un Bran-
tôme, un peu usé même, je le concède. Mais que celui
qui en craint les suites ne prenne jamais de bière !
O Louise, Amanda, Victorine, etc., etc., j’aime à me
rappeler vos mines effarouchées quand vous rencontriez
un passage scabreux, et vos airs de chatte inquiète, et la
grâce charmante avec laquelle vous vous passiez la lan-
gue sur les lèvres.
Ceci posé, j’ai encore une confession à faire. Comme
Coppée, j’aurais voulu mettre cela en vers, mais la muse
a été rebelle à mon invitation. C’est une femme galante
qui ne monte pas chez le premier venu. J étais bien ailé
jusqu’à l’avant-dernier vers, et je vous prie de croire
que ce petit morceau ne manquait pas d’agrément. Yoilà,
du reste, ce vers :
Tu voudrais bien que je le perde?
s’écrie le jeune homme.
L’impossibilité de mettre dans la bouche de la jeune
femme une réponse convenable m’a forcé à abandonner
mon dessein et à avoir recours à la langue de L. Veuillot
et autres pères de l’Eglise.
Donc, par une jolie journée de la semaine dernière,
M. Victor, peintre d'histoire, était assis dans un large
fauteuil de tapisserie, couvant de l’œil une charmante
femme qui, dans, le désabillé le plus complet, était éten-
due sur un divan à la turque.
On jouait aux tableaux vivants, et madame représen-
tait la Femme nue de Lefèvre.
Ouvrons ici une parenthèse.
Le grand A... de l’U... a donné à tous les êtres delà
création des armes défensives destinées à les protéger
contre les espèces ennemies. L’éléphant a sa trompe, le
cerf ses cornes, le cheval ses sabots, l’abeille son dard,
le chat ses griffes, le chien ses dents. La gendarmerie a
ses bottes.
A ce point de vue, la femme est peut-être l’être le plus
parfait de la création.
Contre les attaques de l’homme, son plus mortel en-
nemi, la femme possède :
1° Une triple cuirasse d’insensibilité ;
2° Une robe ;
3° Des jupons;
4° Un corset ;
5° Un pantalon ;
6° Une chemise ;
7° ? ? ?
L’homme a été créé spécialement pour l’attaque. Il
n’y a dans toute l’antiquité qu’un seul exemple du con-
traire , c'est celui du nommé Joseph.
Mais, avant de vaincre, il lui faut triompher des sept
obstacles indiqués ci-dessus.
Notre ami le peintre avait triomphé.
Héloïse avait capitulé. Les numéros, 2, 3, 4, 5 et 6
gisaient derrière un paravent.
Le mari n’est pas un obstacle. Au contraire.
Héloïse était mariée ; ceci ne l’excuse pas cependant.
Son mari n’était pas un homme vulgaire.
Viveur retiré des affaires, il avait su introduire quel-
que variété dans la monotonie de son ménage.
Ce n’était pas un mari brutal réclamant, en rentrant
du cercle, ce que Louis XIII appelait l’accomplissement
d’un devoir.
Loin de là, souvent il s’était complu dans cette occu-
pation qui avait l’air d’intéresser si vivement notre jeune
homme.
Souvent, comme Louis XV, il avait humé une prise
de macouba sur la joue gauche de son épouse légitime.
Cette joue gauche mérite une mention particulière.
Elle possédait au centre, non pas une fossette comme
la Dubarry, mais bien le plus joli grain de beauté qui se
puisse voir, un grain de beauté parfaitement noir et par-
faitement circulaire, rehaussant la blancheur satinée de
la peau. Quelquefois, sous l’empire d’une... émotion vio-
lente, ce cercle de bistre s’irisait de tons roses.
On eût dit un œil ouvert sur le paradis.
Un coup discrètement frappé à la porte vint tirer le
jeune homme de sa contemplation. Il entr’ouvrit, et son
Frontin lui annonça la visite de M. Cornillard.
— Faites attendre un instant, dit-il.
— Ton mari est là, faut-il le faire entrer ?
L’œil ouvert (voir plus haut) s’éteignit !
— Ne crains rien, tourne-toi, tiens, comme ça!
Ils se mirent à rire tous les deux.
— Mais entrez donc, mon cher ami. Je regrette de
vous avoir fait attendre ; mais voilà mon excuse, je des-
sine d’après la bosse.
Cette fois, Héloïse tournait le dos au jour. La tête ca-
chée sous un coussin, elle contenait à grand’peine une
forte envie de rire. Deux coups de pinceau avaient trans-
formé le grain de beauté en une magnifique fraise d’un
vermillon resplendissant.
Elle représentait, cette fois, la femme que nous n'a-
vons pas vue de dos, de Courbet, maître peintre.
— Mâtin, la jolie anatomie, je ne connais à Paris
qu’une femme qui puisse étaler des formes aussi opu-
lentes.
— C’est le pendant, alors.
— Oui, les quatre font la paire. Mais...
— Ne vous cachez donc pas comme cela, la belle
enfant.
— Mais ce n’est pas un modèle, mon cher ami.
— Mille pardons, très cher. — Raphaël et la Forna-
rina ! — Mais ceci ?... Et il désignait la fraise.
— C’est naturel.
Quand M. Cornillard fut sorti, vous pensez quels rires
l’accom pagnèrent.
La fraise disparut ; l’œil s’ouvrit de nouveau (voir
plus haut), et le nom de Cornillard fut inscrit en lettres
d’or au Panthéon des maris trompés.
Il n’y a, sur ce chemin, que le premier pas qui coûte.
Le premier pas fut lestement franchi.
Et le soir, mis en belle humeur par ce spectacle inat-
tendu, quand M. Cornillard eut vu tomber les numéros
2, 3, 4, 5 et 6 et humé sa prise :
— Ce serait drôle, dit-il, si tu avais une fraise là !
— Une fraise !... quelle idée !
Et de rire, tellement que, pour se calmer, elle se
cacha la tête sous l’oreiller de son lit.
C’est frappant, dit le dix-cors.
Les hommes sont vraiment canailles, mais les femmes
le sont bien davantage.
SoLESME.
THÉÂTRES
BOUFFES - PARISIENS
Le four est complet, cette fois. Il n’y a pas moyen de
le dissimuler.
Pauvre Rosière d'ici ! Les directeurs des Bouffes
voudraient bien maintenant qu’elle fût ailleurs.
Jamais de ma vie je n’ai vu une opérette plus assom-
mante. La Boîte de Pandore même, avait une gaîté plus
franche. Judic sait porter les sacs de farine et le poids de
son rôle. Les autres artistes se démènent comme ils peu-
vent sans réussir à grand’ chose.
Ah ! la timbale ne se gagne pas tous les jours !
CLUNY
Le succès des Frères d'armes, de M. Catulle-Mendés,
s’accentue tous les soirs.
Cette pièce pourrait bien être le pendant des Inutiles
et du Juif polonais.
AMBIGU
Très bien ! très bien ! Je vous l’avais dit la semaine
dernière que les beaux fours allaient revenir, mais
je comptais sur un drame nouveau. Je ne supposais pas
que j’aurais eu la satisfaction d’annoncer à mes lecteurs :
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Martin.
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une vive émotion. — Dans ce dernier cas
mettre 20 gouttes dans un verre d’eau et
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mélisse supérieure à celle dite des Carmes.
LE FLACON : 5 FRANCS.
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LA PLUS EFFICACE DE TOUTES LES PATES
EST LA
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La boîte. 1 fr. 50 c.
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(Paris.)
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