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Pour tout ce qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s’adresser à M. Michel Anézo, 7,
rue Rochechouart,
SIÈGE DE PARIS
Avig aux lecteurs
Le très grand nombre de demandes que nous
avons reçu depuis trois mois nous a décidés à pas-
ser un nouveau traité avec l’habile photographe
BARON, pour offrir encore à nos abonnés et lec-
teurs quelques milliers de la superbe collection
qui a eu un si grand succès,
SOUVENIRS DU SIÈGE DE PARIS
dont voici la désignation :
1° La queue à la boulangerie.
2° Les gardes nationaux aux remparts.
3° Les compagnies de marche aux avant-postes.
4° Nos mobiles de province.
5° Souvenir deBuzenval.
6° Attaque du Bourget par les marins.
La valeur réelle de ces six beaux dessins est de
douze francs.
Nous les offrons à tous nos abonnés et lecteurs
au prix exceptionnel de DEUX FBANCS, expé-
diés franco.
SIFFLEMENTS
Ce n’est pas sans allégresse que j’ai lu dans la Gazette
des Tribunaux qu’une jeune fille avait été condamnée
pour avoir eu une rage immodérée de piano.
Il paraît que cette demoiselle mineure commençait ses
tapottements à six heures du matin et les terminait sans
solution de continuité à minuit, et demi.
Il est évident qu’il fallait que la justice intervînt pour
faire cesser la monomanie de cette malheureuse jeune
personne, car tous les soins, tous les traitements, toutes
les médications possibles eussent été sans effet curatif.
Si sa condamnation ne l’a pas guérie radicalement,
elle a dû, c’est certain, lui faire comprendre que la loi
ne tolère pas les fureurs musicales, et qu’une jeune fille
qui ne calme pas son ardente passion pour les arpèges,
les gammes chromatiques, les concertos et les sonates,
peut être traînée devant les tribunaux et s’entendre con-
damner, s’il n’j avait pas de circonstances atténuantes,
peut-être aux travaux forcés.
Petites enragées, méditez cela !
Tous les journaux ont dit que les comptes de la buvette
de l’Assemblée ont amené un boni de 7,900 francs.
Sans faire de politique et sans louer plus la droite que
la gauche, jepuis avouer que nos honorables se sont bien
conduits devant le buffet.
Chacun sait que pour une faible cotisation mensuelle
les députés ont le droit de se rafraîchir ou de s’échauffer
à discrétion.
Eh bien ! pas un n’a abusé de cet avantage.
Nous savons maintenant, puisque les résulats sont là,
que tous mettaient de l’eau dans leur vin, que malgré
les séances orageuses qui ont eu lieu pendant la dernière
session, personne ne s’échauffait outre mesure.
Oui Messieurs, vous avez été sages, très sages.
Si je ne craignais pas de me lancer dans la politique,
je vous ferais bien d’autres compliments.
Mais je réfléchis!... Tous n’avez été que logiques,
puisque c’est vous qui avez fait la loi contre l’ivresse.
S’il y avait eu du débet à la buvette, cela aurait été
du joli !
Adresser les demandes en envoyant le montant par
la poste, à Vadministration du Sifflet, 7, rue Roche-
chouart.
souscription
L’Assemblée nationale n’ayant voté aucun fonds
pour envoyer à Vienne des députations de nos char-
mantes cocottes parisiennes, nous avons cru de notre
devoir de galant citoyen français d’ouvrir dans le Sifflet
une souscription pour faciliter ce voyage aux petites
dames qui n’ont pas les moyens de se payer un aller et
retour à prix réduit.
Les résultats ont déjà dépassé nos espérances.
Première liste
Le Sifflet, :
Michel Anézo, sa femme et sa levrette,
Le marquis et la marquise Le Guillois,
Un prince du sang ? ??
Un gommeux qui s’est brûlé la cervelle,
Un groupe de jeunes filles du café de Bade,
Un rédacteur du Rosier de Marie,
Béquillard, ami des chignons rouges,
Plusieurs demoiselles du bal des chiens,
Boullaplat, madame Boullaplat, Zélie Boul-
laplat, nourrisseur à Montmartre,
Trois vierges des Variétés, sans emploi,
Piedeveau, pédicure international,
Une sage-femme ennemie du travail de nuit.
Un tambour-major et sa payse,
Plusieurs demoiselles de bonne famille ayant
eu des malheurs,
Le marquis de Salsepareille et sa dame de
compagnie,
Un fauteuil d’orchestre des Menus-Plaisirs,
Moissy, négociant en fromage malgré lui,
Un vidangeur amoureux du beau sexe,
Une jeune fille vertueuse et ses deux bébés,
La nourrice de madame Thierret,
L. V. de Y Univers,
Un sculpteur de seins enterre cuite,
Le bel Augusse, boulevard de Belleville,
La comtesse de Tulipata et son metteur en
bouteilles,
Un bigame célibataire,
M. B..é de l’Ambigu (ses économies de huit
jours,)
Adonis, professeur de maquillage e t de main-
tien pour les dames sans fortune,
Héloïse et Abélard, rue de Bondy,
Un nouveau-né qui ne lit pas le Figaro,
Total de la première liste
fr. c.
i,000
450
300
1 20
65
50
• 15
70
55
10
15
20
05
25
75
90
10
60
10
20
45
1 05
30
05
50
25
05
25
45
10
3,760 60
J’ai été aussi faire ma promenade à la foire au pain
d’épiees, mais vous ne tenez certainement pas que je vous
raconte ce qu’on y voit.
Vous savez que ce sont toujours les mêmes saltimban-
ques, les mêmes chevaux de bois.
En république ou en monarchie, les balançoires ne
changent pas.
Le musée de cire, sous tous les régimes est immuable;
aussi, les souverains illustres et les criminels célèbres
sont toujours réunis et paraissent, ma foi, faire assez bon
ménage.
Il n’y a pas eu depuis l’Empire de modification dans
les exercices des singes et des chieqs savants, leurs
mœurs sont les mêmes; pour avoir une noisette ou
un morceau de sucre, comme autrefois ils font des
bassesses.
Aucun nouveau lut leur n’a fait son apparition cette
année à la foire, ce sont toujours les vieux athlètes que
nous connaissons qui font toujours les tours de force les
mieux réussis.
Les prestidigitateurs n’ont apporté aucun change-
ment dans leurs expériences, leurs procédés pour faire la
coupe et pour faire passer la muscade sont les mêmes que
jadis.
Enfin, c’est toujours la même foire, et je crois que ceux
qui la veulent plus belle peuvent attendre longtemps.
Je ne puis oublier cette semaine de parler de la femme
arabe qui a mis au monde quatre enfants le même jour.
L’épouse du grenadier à laquelle la reine d’Angleterre
a fait remettre 75 francs de récompense n’avait donné le
jour qu’à trois enfants ; c’était déjà respectable et cela
valait bien les 75 francs de la souveraine ; mais quatre
d’un coup, c’est bien plus fort.
Oh! j’en conriaisun quia dû se dire en lisant ce phéno-
mène de fécondité :
« Pourquoi cette Africaine fait-elle quatre enfants
« qui ne peuvent que lui être désagréables lorsqu’il est
« impossible à ma femme de me donner un seul héritier
« pour transformer ma position.
« Ah! le ciel est bien cruel pour moi, je l’implore et le
« fais implorer cependant par tous mes amis, mais hélas!
« rien n’y fait.
« Ah! si j’avais épousé cette Africaine!
Michel Anezo.
BUFFET
Il est un peu tard pour se mettre dans ses meubles ;
aussi l’Assemblée a commencé par le plus pressé, espé-
rant que tout le monde s’empresserait d’aller au buffet.
Dans les chemins de fer, je préfère la buvette, c’est
moins cher.
Aussi, n’est-ce pas aussi distingué.
Le nouveau président de l’Assemblée ne s’appelle pas
seulement Buffet ; il s’appelle aussi Louis-Joseph.
C’est un homme de cinquante-cinq ans, c’est-à-dire
un des moins vieux de la droite. Il est né en 1818, le
26 octobre.
Au physique, il ne déplairait pas s’il n’avait dans la
physionomie comme une affectation d’ironie qui n’accuse
pas la force, mais, tout au contraire, comme l’éternel
sourire du duc de Grammont, la faiblesse.
M. Buffet ne va pas jusqu’à l'éternel sourire, mais peu
s’en faut,
Aussi, ne sait-on rien de sa jeunesse, qui passa com-
plètement nulle, complètement inaperçue, quoique
dorée.
Il ne commença à montrer le bout de l’oreille qu’en
1848, où le département des Vosges lui donna 73,761
voix pour l’envoyer à la Constituante.
S’il savait alors ce qu’il voulait, je veux bien être
pendu.
Il ne le sut qu’après le 10 Décembre.
Si Cavaignac avait triomphé, dame !... Vous compre-
nez, c’est lui qui aurait été le soleil levant; les preuves
n’en manquent pas.
M. Buffet fut l’un des premiers ministres de Napoléon
pas encore III. Pourtant, au bout d’un an, il quitta le
ministère en même temps qu'Odilon-Barrot.
Il fit partie ensuite de l’Assemblée législative et y con-
tribua pour sa part, sa grande part, sa très grande part,
à la confection de la loi électorale du 31 mai.
Quand le général Changarnier fut dégommé, en 1852,
M. Buffet se hâta de rentrer au ministère avec Léon
Faucher, mais, voilà !...
On voulut toucher à sa loi du 31 mai, et il se retira la
même année, — avec tous ses collègues.
Après le coup d’Etat, il bouda jusqu’en 1864, où il se
fit réélire le 17 janvier.
Ça commence à se rapprocher. Donc, pas de commen-
taires : des faits.
Il était ministre des Finances dans le fameux cabinet
du 2 janvier 1870, avec Emile Ollivier.
Quand il s’agit du plébiscite, il se retira une troisième
fois du ministère avec M. Daru, son collègue.
Ce sont encore les Vosges qui l’ont envoyé à l’Assem-
blée actuelle, le 8 février 1871.
M. Thiers voulut lui confier un portefeuille. Il re-
fusa.
Impossible d’aller plus loin sans se fourvoyer.
Nous voici dans la semaine de Pâques ; l’Assemblée
est en vacances, — mais la commission de permanence
reste, — et M. Buffet en est le président.
S’il s’apercevait que je parle politique... brrrou !!!...
Or, comme il n’est pas littérateur ;
Ni orateur ;
Ni dramaturge ;
Ni avocat ;
Ni musicien ;
Ni peintre ;
Ni négociant ;
Ni artisan ;
Ni turfiste ;
Ni banquier ;
Ni... etc. ; j’ai bien peur qu’il ne soit qu’un homme
politique ; et comme sa vie n’a rien d’accidenté, je ne
puis guère en faire un roman.
C’est encore un de ces hommes dont il faudra reparler
dans vingt ans.
Ce ne sera pas amusant.
Le Guillois.
LE SIFFLET ET LA REVUE DES DEUX-MONDES
Nous ne nous dissimulons pas que le Sifflet est un or-
gane léger, badin, frivole et amusant, qu’on lit avec
plaisir, mais qui ne suffit pas à nourrir les personnes qui
ont de forts appétits littéraires.
Il y a des gens qui n’aiment pas les petits plats. Il faut
leur servir de gros morceaux de viande, des gigots
énormes, des rosbeafs saignants, autrement ils souffrent
de l’estomac.
Eh bien ! j’ai eu une idée qui va faire la joie de ces
dévorants.
Je suis allé trouver Buloz, le beau-père de M. Paille-
ron, le gendre de la Revue des Deux-Mondes, et je lui
ai fait la proposition suivante :
— Mon cher Buloz, lui ai-je dit, vous avez un journal
qui a du poids : chaque exemplaire pèse un demi-kilo-
gramme. Voulez-vous m’en vendre tous les mois cinq
cents kilos.
— Et qu’en ferez-vous ?
—- Comment ! ce que j’en ferai ?... Vous ne me con-
naissez pas, Buloz, je vois ça... Je suis le rédacteur en
chef du Sifflet.
— Eh bien ?
— Eh bien! mon bon monsieur Buloz, je vais faire
abonner tous les lecteurs de mon journal à la Revue des
Deux-Mondes.
— Vous vous fichez de moi !
— Je vous respecte, mon cher Buloz, et je vous parle
très sérieusement. Vendez-moi votre journal au poids, et
je réponds du reste.
Embrassons-nous, embrassons-nous ! dit en m’ou-
vrant ses bras le beau-père de M. Pailleron, le gendre de
la Revue des Deux-Mondes.
Ainsi, l’affaire est arrangée maintenant : je puis offrir
à tous les abonnés du Sifflet, et même à ceux qui ne le
sont pas, la Revue des Deux-Mondes au rabais, abso-
lument comme les marchands d’habits qui ont enfin
fait faillite !
Pour tout ce qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s’adresser à M. Michel Anézo, 7,
rue Rochechouart,
SIÈGE DE PARIS
Avig aux lecteurs
Le très grand nombre de demandes que nous
avons reçu depuis trois mois nous a décidés à pas-
ser un nouveau traité avec l’habile photographe
BARON, pour offrir encore à nos abonnés et lec-
teurs quelques milliers de la superbe collection
qui a eu un si grand succès,
SOUVENIRS DU SIÈGE DE PARIS
dont voici la désignation :
1° La queue à la boulangerie.
2° Les gardes nationaux aux remparts.
3° Les compagnies de marche aux avant-postes.
4° Nos mobiles de province.
5° Souvenir deBuzenval.
6° Attaque du Bourget par les marins.
La valeur réelle de ces six beaux dessins est de
douze francs.
Nous les offrons à tous nos abonnés et lecteurs
au prix exceptionnel de DEUX FBANCS, expé-
diés franco.
SIFFLEMENTS
Ce n’est pas sans allégresse que j’ai lu dans la Gazette
des Tribunaux qu’une jeune fille avait été condamnée
pour avoir eu une rage immodérée de piano.
Il paraît que cette demoiselle mineure commençait ses
tapottements à six heures du matin et les terminait sans
solution de continuité à minuit, et demi.
Il est évident qu’il fallait que la justice intervînt pour
faire cesser la monomanie de cette malheureuse jeune
personne, car tous les soins, tous les traitements, toutes
les médications possibles eussent été sans effet curatif.
Si sa condamnation ne l’a pas guérie radicalement,
elle a dû, c’est certain, lui faire comprendre que la loi
ne tolère pas les fureurs musicales, et qu’une jeune fille
qui ne calme pas son ardente passion pour les arpèges,
les gammes chromatiques, les concertos et les sonates,
peut être traînée devant les tribunaux et s’entendre con-
damner, s’il n’j avait pas de circonstances atténuantes,
peut-être aux travaux forcés.
Petites enragées, méditez cela !
Tous les journaux ont dit que les comptes de la buvette
de l’Assemblée ont amené un boni de 7,900 francs.
Sans faire de politique et sans louer plus la droite que
la gauche, jepuis avouer que nos honorables se sont bien
conduits devant le buffet.
Chacun sait que pour une faible cotisation mensuelle
les députés ont le droit de se rafraîchir ou de s’échauffer
à discrétion.
Eh bien ! pas un n’a abusé de cet avantage.
Nous savons maintenant, puisque les résulats sont là,
que tous mettaient de l’eau dans leur vin, que malgré
les séances orageuses qui ont eu lieu pendant la dernière
session, personne ne s’échauffait outre mesure.
Oui Messieurs, vous avez été sages, très sages.
Si je ne craignais pas de me lancer dans la politique,
je vous ferais bien d’autres compliments.
Mais je réfléchis!... Tous n’avez été que logiques,
puisque c’est vous qui avez fait la loi contre l’ivresse.
S’il y avait eu du débet à la buvette, cela aurait été
du joli !
Adresser les demandes en envoyant le montant par
la poste, à Vadministration du Sifflet, 7, rue Roche-
chouart.
souscription
L’Assemblée nationale n’ayant voté aucun fonds
pour envoyer à Vienne des députations de nos char-
mantes cocottes parisiennes, nous avons cru de notre
devoir de galant citoyen français d’ouvrir dans le Sifflet
une souscription pour faciliter ce voyage aux petites
dames qui n’ont pas les moyens de se payer un aller et
retour à prix réduit.
Les résultats ont déjà dépassé nos espérances.
Première liste
Le Sifflet, :
Michel Anézo, sa femme et sa levrette,
Le marquis et la marquise Le Guillois,
Un prince du sang ? ??
Un gommeux qui s’est brûlé la cervelle,
Un groupe de jeunes filles du café de Bade,
Un rédacteur du Rosier de Marie,
Béquillard, ami des chignons rouges,
Plusieurs demoiselles du bal des chiens,
Boullaplat, madame Boullaplat, Zélie Boul-
laplat, nourrisseur à Montmartre,
Trois vierges des Variétés, sans emploi,
Piedeveau, pédicure international,
Une sage-femme ennemie du travail de nuit.
Un tambour-major et sa payse,
Plusieurs demoiselles de bonne famille ayant
eu des malheurs,
Le marquis de Salsepareille et sa dame de
compagnie,
Un fauteuil d’orchestre des Menus-Plaisirs,
Moissy, négociant en fromage malgré lui,
Un vidangeur amoureux du beau sexe,
Une jeune fille vertueuse et ses deux bébés,
La nourrice de madame Thierret,
L. V. de Y Univers,
Un sculpteur de seins enterre cuite,
Le bel Augusse, boulevard de Belleville,
La comtesse de Tulipata et son metteur en
bouteilles,
Un bigame célibataire,
M. B..é de l’Ambigu (ses économies de huit
jours,)
Adonis, professeur de maquillage e t de main-
tien pour les dames sans fortune,
Héloïse et Abélard, rue de Bondy,
Un nouveau-né qui ne lit pas le Figaro,
Total de la première liste
fr. c.
i,000
450
300
1 20
65
50
• 15
70
55
10
15
20
05
25
75
90
10
60
10
20
45
1 05
30
05
50
25
05
25
45
10
3,760 60
J’ai été aussi faire ma promenade à la foire au pain
d’épiees, mais vous ne tenez certainement pas que je vous
raconte ce qu’on y voit.
Vous savez que ce sont toujours les mêmes saltimban-
ques, les mêmes chevaux de bois.
En république ou en monarchie, les balançoires ne
changent pas.
Le musée de cire, sous tous les régimes est immuable;
aussi, les souverains illustres et les criminels célèbres
sont toujours réunis et paraissent, ma foi, faire assez bon
ménage.
Il n’y a pas eu depuis l’Empire de modification dans
les exercices des singes et des chieqs savants, leurs
mœurs sont les mêmes; pour avoir une noisette ou
un morceau de sucre, comme autrefois ils font des
bassesses.
Aucun nouveau lut leur n’a fait son apparition cette
année à la foire, ce sont toujours les vieux athlètes que
nous connaissons qui font toujours les tours de force les
mieux réussis.
Les prestidigitateurs n’ont apporté aucun change-
ment dans leurs expériences, leurs procédés pour faire la
coupe et pour faire passer la muscade sont les mêmes que
jadis.
Enfin, c’est toujours la même foire, et je crois que ceux
qui la veulent plus belle peuvent attendre longtemps.
Je ne puis oublier cette semaine de parler de la femme
arabe qui a mis au monde quatre enfants le même jour.
L’épouse du grenadier à laquelle la reine d’Angleterre
a fait remettre 75 francs de récompense n’avait donné le
jour qu’à trois enfants ; c’était déjà respectable et cela
valait bien les 75 francs de la souveraine ; mais quatre
d’un coup, c’est bien plus fort.
Oh! j’en conriaisun quia dû se dire en lisant ce phéno-
mène de fécondité :
« Pourquoi cette Africaine fait-elle quatre enfants
« qui ne peuvent que lui être désagréables lorsqu’il est
« impossible à ma femme de me donner un seul héritier
« pour transformer ma position.
« Ah! le ciel est bien cruel pour moi, je l’implore et le
« fais implorer cependant par tous mes amis, mais hélas!
« rien n’y fait.
« Ah! si j’avais épousé cette Africaine!
Michel Anezo.
BUFFET
Il est un peu tard pour se mettre dans ses meubles ;
aussi l’Assemblée a commencé par le plus pressé, espé-
rant que tout le monde s’empresserait d’aller au buffet.
Dans les chemins de fer, je préfère la buvette, c’est
moins cher.
Aussi, n’est-ce pas aussi distingué.
Le nouveau président de l’Assemblée ne s’appelle pas
seulement Buffet ; il s’appelle aussi Louis-Joseph.
C’est un homme de cinquante-cinq ans, c’est-à-dire
un des moins vieux de la droite. Il est né en 1818, le
26 octobre.
Au physique, il ne déplairait pas s’il n’avait dans la
physionomie comme une affectation d’ironie qui n’accuse
pas la force, mais, tout au contraire, comme l’éternel
sourire du duc de Grammont, la faiblesse.
M. Buffet ne va pas jusqu’à l'éternel sourire, mais peu
s’en faut,
Aussi, ne sait-on rien de sa jeunesse, qui passa com-
plètement nulle, complètement inaperçue, quoique
dorée.
Il ne commença à montrer le bout de l’oreille qu’en
1848, où le département des Vosges lui donna 73,761
voix pour l’envoyer à la Constituante.
S’il savait alors ce qu’il voulait, je veux bien être
pendu.
Il ne le sut qu’après le 10 Décembre.
Si Cavaignac avait triomphé, dame !... Vous compre-
nez, c’est lui qui aurait été le soleil levant; les preuves
n’en manquent pas.
M. Buffet fut l’un des premiers ministres de Napoléon
pas encore III. Pourtant, au bout d’un an, il quitta le
ministère en même temps qu'Odilon-Barrot.
Il fit partie ensuite de l’Assemblée législative et y con-
tribua pour sa part, sa grande part, sa très grande part,
à la confection de la loi électorale du 31 mai.
Quand le général Changarnier fut dégommé, en 1852,
M. Buffet se hâta de rentrer au ministère avec Léon
Faucher, mais, voilà !...
On voulut toucher à sa loi du 31 mai, et il se retira la
même année, — avec tous ses collègues.
Après le coup d’Etat, il bouda jusqu’en 1864, où il se
fit réélire le 17 janvier.
Ça commence à se rapprocher. Donc, pas de commen-
taires : des faits.
Il était ministre des Finances dans le fameux cabinet
du 2 janvier 1870, avec Emile Ollivier.
Quand il s’agit du plébiscite, il se retira une troisième
fois du ministère avec M. Daru, son collègue.
Ce sont encore les Vosges qui l’ont envoyé à l’Assem-
blée actuelle, le 8 février 1871.
M. Thiers voulut lui confier un portefeuille. Il re-
fusa.
Impossible d’aller plus loin sans se fourvoyer.
Nous voici dans la semaine de Pâques ; l’Assemblée
est en vacances, — mais la commission de permanence
reste, — et M. Buffet en est le président.
S’il s’apercevait que je parle politique... brrrou !!!...
Or, comme il n’est pas littérateur ;
Ni orateur ;
Ni dramaturge ;
Ni avocat ;
Ni musicien ;
Ni peintre ;
Ni négociant ;
Ni artisan ;
Ni turfiste ;
Ni banquier ;
Ni... etc. ; j’ai bien peur qu’il ne soit qu’un homme
politique ; et comme sa vie n’a rien d’accidenté, je ne
puis guère en faire un roman.
C’est encore un de ces hommes dont il faudra reparler
dans vingt ans.
Ce ne sera pas amusant.
Le Guillois.
LE SIFFLET ET LA REVUE DES DEUX-MONDES
Nous ne nous dissimulons pas que le Sifflet est un or-
gane léger, badin, frivole et amusant, qu’on lit avec
plaisir, mais qui ne suffit pas à nourrir les personnes qui
ont de forts appétits littéraires.
Il y a des gens qui n’aiment pas les petits plats. Il faut
leur servir de gros morceaux de viande, des gigots
énormes, des rosbeafs saignants, autrement ils souffrent
de l’estomac.
Eh bien ! j’ai eu une idée qui va faire la joie de ces
dévorants.
Je suis allé trouver Buloz, le beau-père de M. Paille-
ron, le gendre de la Revue des Deux-Mondes, et je lui
ai fait la proposition suivante :
— Mon cher Buloz, lui ai-je dit, vous avez un journal
qui a du poids : chaque exemplaire pèse un demi-kilo-
gramme. Voulez-vous m’en vendre tous les mois cinq
cents kilos.
— Et qu’en ferez-vous ?
—- Comment ! ce que j’en ferai ?... Vous ne me con-
naissez pas, Buloz, je vois ça... Je suis le rédacteur en
chef du Sifflet.
— Eh bien ?
— Eh bien! mon bon monsieur Buloz, je vais faire
abonner tous les lecteurs de mon journal à la Revue des
Deux-Mondes.
— Vous vous fichez de moi !
— Je vous respecte, mon cher Buloz, et je vous parle
très sérieusement. Vendez-moi votre journal au poids, et
je réponds du reste.
Embrassons-nous, embrassons-nous ! dit en m’ou-
vrant ses bras le beau-père de M. Pailleron, le gendre de
la Revue des Deux-Mondes.
Ainsi, l’affaire est arrangée maintenant : je puis offrir
à tous les abonnés du Sifflet, et même à ceux qui ne le
sont pas, la Revue des Deux-Mondes au rabais, abso-
lument comme les marchands d’habits qui ont enfin
fait faillite !