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LM SIFFLET
TO?a.<r.yg 11 i tIWMMBMBMSgHWWBaKaEMIBiaiHBKilM——
Pour tout en qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s'adresser â M. Michel Ânézo, 7,
rue Rochechouart.
—-...-
LA SÉANCE DE LUNDI DERNIER
Par la chaleur qu’il fait, vous nous saurez gré de ne
pas vous offrir le compte rendu in extenso de la fa-
meuse séance de lundi dernier.
Du reste, il nous serait absolument impossible de vous
en parler; toute la rédaction du Sifflet était au bain
froid, pendant que les orateurs prononçaient leurs dis-
cours torrides.
Ah ! malheureux députés ! je ne vous ai jamais plaints
autant que lundi.
Je me disais en piquant une tète dans la Seine : « Je
suis heureux, moi ; j’ai la fraîcheur, la liberté, l’esprit
calme, et eux sont là-bas... là-bas, sous une coupole de
verre, à rôtir au milieu de discours brûlants.
Décidément, je ne me ferai jamais porter à la députa-
tion.
Et puis, il y a les déraillements de la rive gauche et
de la rive droite à craindre.
Et vous savez comme on est vite broyé dans une ren-
contre...
Si l’accident arrive sur la gauche, on regrette de ne
pas avoir pris la droite, et vice versâ... mais il est trop
tard !
Michel Anézo.
PRÉPARONS MOUS FOUR LE 15 AOUT
On ne saurait s’y prendre trop tôt pour bien faire les
choses*
Déjà, le Père-Siffleur, notre ministre de l’intérieur,
a proposé les nominations suivantes dans tous les ordres
dont dispose le Sifflet,
Lisez et contemplez notre impartialité.
Ce sera un vrai feu d’artifice de décorations !
M. Rouher, recevra l’ordre de l'Aigle.
M. Veuillot, sera nommé chevalier du Saint-Esprit.
M. X.., avocat, sera de l’ordre de Y Éléphant, parce
qu’il manque de défenses.
M. Gagne, chevalier de Sainte-Anne.
M. Victor Cochinat, chevalier de l’ordre du Bain.
M. Paul de Cassagnac, officier de l’ordre de Y Epée.
M. Lamèche-Devant, dit Du Lorgnon, sera fait grand
officier de l’ordre du Croissant.
M. Dugué de la Fauconnerie, chevalier du Faucon
blanc.
M. Brunet, qui a perdu le nord, sera fait chevalier de
Y Etoile polaire.
M. A. Wolff, chevalier de l’ordre de :1a- Jarretière.
M. Émile Ollivier, (simple) chevalier de la Fidélité.
M. Barbey d'Aurevilly, officier de Tordre du Chardon.
Mlle Schneider sera, bientôt, grand’croix de l’ordre
de Sainte-Catherine.
M. Ducrot sera fait officier de Saini-Maur...ice et
Lazare.
M. Pouyer-Quertier, chevalier de la Toison d’or.
Ma concierge, aura le grand cordon de l’ordre des
Pies.
M. Plon-Plon, sera chevalier de l’ordre du Lion.
Mlle F. de la Cocodette, sera officière de l’ordre du
Cygne.
M. Billion, pour son théâtre, chevalier du Saint-
Sépulcre.
M. Bazaine, commandeur de la Vertu militaire.
M. Pascal, chevalier de l’ordre Moral.
Et le dernier décoré sera chevalier de l’ordre de là
Saint-Sylvestre.
JULES FAVRE
Quoiqu’il n’ait que soixante-quatre ans, M. Jules Favre
est un des hommes les plus connus du parti démocrati-
que.
Avocat, son talent d’orateur lui a valu des triomphes
personnels, je dis personnels parce que c’est presque tou-
jours aux dépens de ses clients qu’il a fait valoir son élo-
quence.
Il a toujours mêlé tant de fiel à ses plaidoiries qu’il a
nui à presque tous ceux qu’il a défendus.
Voyez ce qui domine dans tous ses discours, à la tri-
bune et ailleurs, c’est l ironie mordante, incisive, acérée
méchante ; il cherche le mot cruel, il le trouve et il
scalpe.
Sa parole est un bistouri.
Cependant, jusqu’au jour où il a livré tous nos forts
sans nous le dire, il a eu des partisans de son talent.
Aujourd’hui, amiset ennemis ne font plus qu’un, c’est
à peine si l’on croit encore même à la puissance de sa pa-
role. C’est pourquoi sa vie a été une désillusion conti-
nuelle du public.
Que sont devenues ses promesses?
Que sont devenus ses serments ?
Tout l’homme est là.
Né en 1809, il a pris une part active à la révolution
de 1830.
Il en a pris une plus active encore à celle de 1848.
Et, malheureusement pour nous, il a mené celle de
1870.
En 1830, dans le National, il réclame, dès le 29 Juil-
let, l’abolition de la royauté et la création d’une Consti-
tuante.
Ayant échoué de ce côté, il fit de son rôle d’avocat une
arme de propagande.
En 1834, il défendit les ouvriers mutuellistes.
En 1835, les accusésd’Avril.
Comme je l’ai dit, ses clients l’occupaient peu ; il fai-
sait des épigrammes politiques, excellent moyen de se
rendre populaire en France.
Egérie de Ledru-Rollin en 1848, on le vit à l’œuvre
dans ses circulaires dictatoriales.
Le 2 juin il fit tous ses efforts pour faire poursuivre
Louis Blanc à la suite du 15 mai. Il échoua.
A la Constituante, ses votes se partagèrent entre la
droite et la gauche.
Naturellement, il devina les projets du président de la
République et lui fit une opposition constante. Il échoua
encore.
Aussi, après le 2Décembre, il disparut pendant six ans
de la scène politique.
En 1857, il échoua dans sa candidature à Lyon.
Enfin, en 1858, Paris lui rendit un siège, à la suite de
sa plaidoirie pour Orsini, qu’il ne fit pas acquitter.
11 devint le chef des Cinq, parmi lesquels figuraient
Emile Ollivier, Ernest Picard et Jules Simon.
Le Mexique lui fournit des occasions de livrer car-
rière à son éloquence acérée '. plus il fut venimeux, plus
il fut écouté.
Il était populaire, et, chose étrange ! On aimait si peu
son genre de talent qu’il faillit ne pas être réélu en
1869. Il est né à Lyon : pour la seconde fois, Lyon le
repoussa. Paris ne le nomma qu’après deux épreuves.
Adversaire du mandat impératif, il fit partager ses
vues à la gauche.
En 1870, il fit une conférence célèbre au cirque de
l’Impératrice, sur les droits civiques.
Le moment de la guerre arrivé, il s’unit à M. Thiers
pour demander des mesures de défense puisqu’il n’avait
pu empêcher la guerre.
Plus heureux qu’en 1830, le 4 septembre il réussit à
faire voter la déchéance de Napoléon III.
Et, sur les ruines de l’Empire, il installa son propre
pouvoir.
Ce qui vint ensuite est trop triste pour que nous cher-
chions à en faire le résumé.
Ministre dans une vi le assiégée, son abord était fa-
cile; il ne refusait d’audience à personne, mais il se
montra peu serviable pour les pauvres diables d'inven-
teurs qui s’adressaient à lui dans l’intérêt de la défense.
Depuis, l’univers a retenti de ses paroles : «Ni un pouce
de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses. »
Il a retenti plus encore de la preuve du contraire.
Ses flots de larmes n’ont rien fait oublier.
M. Thiers est venu. Les Prussiens partent.
Mais qu’est devenu M. Jules Favre?
Il a toujours le même talent, la même science de ju*
risconsulte; en outre, il connaît à fond la situation inté-
rieure et extérieure.
Que lui manque-t-il donc?
Je n’ai pas dit un mot de sa vie privée, elle est trop
connue. Et d’ailleurs., elle ne change rien au reste.
Que lui manque-t-il donc?
Il y a en Bretagne un homme qui pourrait vous le
dire, c’est le général Trochu.
Pour nous, ce!a se sent et ne se dit pas.
Et pourtant M. Jules Favre est l'homme de toutes les
libertés et de toutes les démocraties, s’il faut l’en croire.
Je n’ai voulu faire qu’un exposé succinct, qu’un ré-
sumé de ses actes.
A mon sens, il suffit pour tout expliquer.
Le Guillois.
UN FRETRE-PÉDICURE
Depuis quelque temps ma pudeur est offensée par une
réclame qui s’étale à la troisième page de toutes les feuil-
les petites et grandes ;
« Un prêtre a trouvé le secret de guérir les
cors ! »
★
* k
J’ai déjà dit, à cette même place, il y a trois semaines,
dans mon article sur les pèler inages, que le Sifflet est
ultramontain, depuis la première lettre de son titre, jus-
qu’à la dernière ligne de ses annonces.
Je viens, aujourd’hui encore, affirmer les pieuses
doctrines de ce journal, en déclarant carrément que
l’annonce que j’ai transcrite plus haut, me paraît anti-
religieuse au premier chef.
Et je le prouve :
Est-il vrai que nous tous, gens de l’ordre, nous pous-
serions un cri unanime de réprobation, si les feuilles
cascadeuses s’amusaient à publier les annonces fantaisis-
tes suivantes :
*
★ * •
Un pédicure a inventé un nouveau moyen de dire la
messe. •
*
* *
Madame Sarah Félix fabrique, à raison de trois francs
le litre, la meilleure eau bénite de Paris.
*
* *
La maison dite de Y Omnibus du Travailleur vient
de découvrir un nouveau système de boîtes à absolution.
(On confesse à domicile.)
k
•¥• *
La loueuse de chaises de Notre-Dame, demeure rue
de Suresnes.
k
* ¥
M. Pincepoix, savetier, répare les calices et les saints-
ciboires.
★ ;
* *
Vingt-sept séminaristes ont été aperçus hier, à Ma-
bile, levant la jambe avec un ensemble pieux,
*
¥ ¥
Fervacques chantera au lutrin, dimanche, à la Made-
leine.
*
* *
Gygès, échotier de Paris-Journal, a placé trois
mots de cocottes dans la bouche d’un prélat.
*
* *
M. Rebouteux, bandagiste, confectionne des tiares
pontificales. Léonide Leblanc, persuadée que cette coif-
fure dissimule les années et fait repousser les cheveux,
en a acheté une douzaine.
Et ainsi de suite ?
+
k *
A coup sûr, si un ou plusieurs journaux étaient assez
■pervertis pour publier de pareilles turpitudes, les ulcères
de Marie Alacoque en frémiraient dans la tombe.
Louis Yeuillot saisirait le goupillon qui lui sert de
casse-tête et assommerait les coupables ; Belcastel ne
trouverait pas assez de cœurs à jeter à la tête des profa-
nateurs, et i’évêque d’Autun lèverait de nouveau ses
mains tremblantes vers le ciel, pour supplier Jéhovah
d’appesantir son bras redoutable sur la tête des sacri-
lèges.
k
¥ ¥
Eh bien, je n’hésite pas â le beugler : (et je vou-
drais avoir l’organe de Baragnon ou bien le porte-voix
de l’arche de Noë, pour faire retentir mes beuglements
indignés jusqu’aux deux pôles), la réclame du prêtre,
guérisseur de cors, est une insigne profanation, et me
paraît cinq milliards de fois plus damnable que les annon-
ces que je viens d’énumérer.
La seule pensée de ce prêtre, disant la messe après
avoir ratissé des durillons, me plonge dans un tel effa-
rement que mon sifflet me tombe des lèvres.
¥
k k
Je demande qu’on donne un coup de pinceau sur cette
réclame, et qu’on répande une forte quantité de chlore
sur les parois des journaux qui l’ont affichée.
Félix Brun.
©OURS DE SIFFLET
Enfin ! il est parti, on n’en parlera plus. Avec tout le
respect que je lui dois, le shah était devenu une vraie
scie.
Le jour de son départ, on a sablé tous les boulevards,
de la Madeleine à la gare de Lyon.
De cette façon, il ne sentait pas les cahots et le public
recevait de la poudre aux yeux.
Jonathan.
LM SIFFLET
TO?a.<r.yg 11 i tIWMMBMBMSgHWWBaKaEMIBiaiHBKilM——
Pour tout en qui concerne VAdministration et
la Rédaction, s'adresser â M. Michel Ânézo, 7,
rue Rochechouart.
—-...-
LA SÉANCE DE LUNDI DERNIER
Par la chaleur qu’il fait, vous nous saurez gré de ne
pas vous offrir le compte rendu in extenso de la fa-
meuse séance de lundi dernier.
Du reste, il nous serait absolument impossible de vous
en parler; toute la rédaction du Sifflet était au bain
froid, pendant que les orateurs prononçaient leurs dis-
cours torrides.
Ah ! malheureux députés ! je ne vous ai jamais plaints
autant que lundi.
Je me disais en piquant une tète dans la Seine : « Je
suis heureux, moi ; j’ai la fraîcheur, la liberté, l’esprit
calme, et eux sont là-bas... là-bas, sous une coupole de
verre, à rôtir au milieu de discours brûlants.
Décidément, je ne me ferai jamais porter à la députa-
tion.
Et puis, il y a les déraillements de la rive gauche et
de la rive droite à craindre.
Et vous savez comme on est vite broyé dans une ren-
contre...
Si l’accident arrive sur la gauche, on regrette de ne
pas avoir pris la droite, et vice versâ... mais il est trop
tard !
Michel Anézo.
PRÉPARONS MOUS FOUR LE 15 AOUT
On ne saurait s’y prendre trop tôt pour bien faire les
choses*
Déjà, le Père-Siffleur, notre ministre de l’intérieur,
a proposé les nominations suivantes dans tous les ordres
dont dispose le Sifflet,
Lisez et contemplez notre impartialité.
Ce sera un vrai feu d’artifice de décorations !
M. Rouher, recevra l’ordre de l'Aigle.
M. Veuillot, sera nommé chevalier du Saint-Esprit.
M. X.., avocat, sera de l’ordre de Y Éléphant, parce
qu’il manque de défenses.
M. Gagne, chevalier de Sainte-Anne.
M. Victor Cochinat, chevalier de l’ordre du Bain.
M. Paul de Cassagnac, officier de l’ordre de Y Epée.
M. Lamèche-Devant, dit Du Lorgnon, sera fait grand
officier de l’ordre du Croissant.
M. Dugué de la Fauconnerie, chevalier du Faucon
blanc.
M. Brunet, qui a perdu le nord, sera fait chevalier de
Y Etoile polaire.
M. A. Wolff, chevalier de l’ordre de :1a- Jarretière.
M. Émile Ollivier, (simple) chevalier de la Fidélité.
M. Barbey d'Aurevilly, officier de Tordre du Chardon.
Mlle Schneider sera, bientôt, grand’croix de l’ordre
de Sainte-Catherine.
M. Ducrot sera fait officier de Saini-Maur...ice et
Lazare.
M. Pouyer-Quertier, chevalier de la Toison d’or.
Ma concierge, aura le grand cordon de l’ordre des
Pies.
M. Plon-Plon, sera chevalier de l’ordre du Lion.
Mlle F. de la Cocodette, sera officière de l’ordre du
Cygne.
M. Billion, pour son théâtre, chevalier du Saint-
Sépulcre.
M. Bazaine, commandeur de la Vertu militaire.
M. Pascal, chevalier de l’ordre Moral.
Et le dernier décoré sera chevalier de l’ordre de là
Saint-Sylvestre.
JULES FAVRE
Quoiqu’il n’ait que soixante-quatre ans, M. Jules Favre
est un des hommes les plus connus du parti démocrati-
que.
Avocat, son talent d’orateur lui a valu des triomphes
personnels, je dis personnels parce que c’est presque tou-
jours aux dépens de ses clients qu’il a fait valoir son élo-
quence.
Il a toujours mêlé tant de fiel à ses plaidoiries qu’il a
nui à presque tous ceux qu’il a défendus.
Voyez ce qui domine dans tous ses discours, à la tri-
bune et ailleurs, c’est l ironie mordante, incisive, acérée
méchante ; il cherche le mot cruel, il le trouve et il
scalpe.
Sa parole est un bistouri.
Cependant, jusqu’au jour où il a livré tous nos forts
sans nous le dire, il a eu des partisans de son talent.
Aujourd’hui, amiset ennemis ne font plus qu’un, c’est
à peine si l’on croit encore même à la puissance de sa pa-
role. C’est pourquoi sa vie a été une désillusion conti-
nuelle du public.
Que sont devenues ses promesses?
Que sont devenus ses serments ?
Tout l’homme est là.
Né en 1809, il a pris une part active à la révolution
de 1830.
Il en a pris une plus active encore à celle de 1848.
Et, malheureusement pour nous, il a mené celle de
1870.
En 1830, dans le National, il réclame, dès le 29 Juil-
let, l’abolition de la royauté et la création d’une Consti-
tuante.
Ayant échoué de ce côté, il fit de son rôle d’avocat une
arme de propagande.
En 1834, il défendit les ouvriers mutuellistes.
En 1835, les accusésd’Avril.
Comme je l’ai dit, ses clients l’occupaient peu ; il fai-
sait des épigrammes politiques, excellent moyen de se
rendre populaire en France.
Egérie de Ledru-Rollin en 1848, on le vit à l’œuvre
dans ses circulaires dictatoriales.
Le 2 juin il fit tous ses efforts pour faire poursuivre
Louis Blanc à la suite du 15 mai. Il échoua.
A la Constituante, ses votes se partagèrent entre la
droite et la gauche.
Naturellement, il devina les projets du président de la
République et lui fit une opposition constante. Il échoua
encore.
Aussi, après le 2Décembre, il disparut pendant six ans
de la scène politique.
En 1857, il échoua dans sa candidature à Lyon.
Enfin, en 1858, Paris lui rendit un siège, à la suite de
sa plaidoirie pour Orsini, qu’il ne fit pas acquitter.
11 devint le chef des Cinq, parmi lesquels figuraient
Emile Ollivier, Ernest Picard et Jules Simon.
Le Mexique lui fournit des occasions de livrer car-
rière à son éloquence acérée '. plus il fut venimeux, plus
il fut écouté.
Il était populaire, et, chose étrange ! On aimait si peu
son genre de talent qu’il faillit ne pas être réélu en
1869. Il est né à Lyon : pour la seconde fois, Lyon le
repoussa. Paris ne le nomma qu’après deux épreuves.
Adversaire du mandat impératif, il fit partager ses
vues à la gauche.
En 1870, il fit une conférence célèbre au cirque de
l’Impératrice, sur les droits civiques.
Le moment de la guerre arrivé, il s’unit à M. Thiers
pour demander des mesures de défense puisqu’il n’avait
pu empêcher la guerre.
Plus heureux qu’en 1830, le 4 septembre il réussit à
faire voter la déchéance de Napoléon III.
Et, sur les ruines de l’Empire, il installa son propre
pouvoir.
Ce qui vint ensuite est trop triste pour que nous cher-
chions à en faire le résumé.
Ministre dans une vi le assiégée, son abord était fa-
cile; il ne refusait d’audience à personne, mais il se
montra peu serviable pour les pauvres diables d'inven-
teurs qui s’adressaient à lui dans l’intérêt de la défense.
Depuis, l’univers a retenti de ses paroles : «Ni un pouce
de notre territoire, ni une pierre de nos forteresses. »
Il a retenti plus encore de la preuve du contraire.
Ses flots de larmes n’ont rien fait oublier.
M. Thiers est venu. Les Prussiens partent.
Mais qu’est devenu M. Jules Favre?
Il a toujours le même talent, la même science de ju*
risconsulte; en outre, il connaît à fond la situation inté-
rieure et extérieure.
Que lui manque-t-il donc?
Je n’ai pas dit un mot de sa vie privée, elle est trop
connue. Et d’ailleurs., elle ne change rien au reste.
Que lui manque-t-il donc?
Il y a en Bretagne un homme qui pourrait vous le
dire, c’est le général Trochu.
Pour nous, ce!a se sent et ne se dit pas.
Et pourtant M. Jules Favre est l'homme de toutes les
libertés et de toutes les démocraties, s’il faut l’en croire.
Je n’ai voulu faire qu’un exposé succinct, qu’un ré-
sumé de ses actes.
A mon sens, il suffit pour tout expliquer.
Le Guillois.
UN FRETRE-PÉDICURE
Depuis quelque temps ma pudeur est offensée par une
réclame qui s’étale à la troisième page de toutes les feuil-
les petites et grandes ;
« Un prêtre a trouvé le secret de guérir les
cors ! »
★
* k
J’ai déjà dit, à cette même place, il y a trois semaines,
dans mon article sur les pèler inages, que le Sifflet est
ultramontain, depuis la première lettre de son titre, jus-
qu’à la dernière ligne de ses annonces.
Je viens, aujourd’hui encore, affirmer les pieuses
doctrines de ce journal, en déclarant carrément que
l’annonce que j’ai transcrite plus haut, me paraît anti-
religieuse au premier chef.
Et je le prouve :
Est-il vrai que nous tous, gens de l’ordre, nous pous-
serions un cri unanime de réprobation, si les feuilles
cascadeuses s’amusaient à publier les annonces fantaisis-
tes suivantes :
*
★ * •
Un pédicure a inventé un nouveau moyen de dire la
messe. •
*
* *
Madame Sarah Félix fabrique, à raison de trois francs
le litre, la meilleure eau bénite de Paris.
*
* *
La maison dite de Y Omnibus du Travailleur vient
de découvrir un nouveau système de boîtes à absolution.
(On confesse à domicile.)
k
•¥• *
La loueuse de chaises de Notre-Dame, demeure rue
de Suresnes.
k
* ¥
M. Pincepoix, savetier, répare les calices et les saints-
ciboires.
★ ;
* *
Vingt-sept séminaristes ont été aperçus hier, à Ma-
bile, levant la jambe avec un ensemble pieux,
*
¥ ¥
Fervacques chantera au lutrin, dimanche, à la Made-
leine.
*
* *
Gygès, échotier de Paris-Journal, a placé trois
mots de cocottes dans la bouche d’un prélat.
*
* *
M. Rebouteux, bandagiste, confectionne des tiares
pontificales. Léonide Leblanc, persuadée que cette coif-
fure dissimule les années et fait repousser les cheveux,
en a acheté une douzaine.
Et ainsi de suite ?
+
k *
A coup sûr, si un ou plusieurs journaux étaient assez
■pervertis pour publier de pareilles turpitudes, les ulcères
de Marie Alacoque en frémiraient dans la tombe.
Louis Yeuillot saisirait le goupillon qui lui sert de
casse-tête et assommerait les coupables ; Belcastel ne
trouverait pas assez de cœurs à jeter à la tête des profa-
nateurs, et i’évêque d’Autun lèverait de nouveau ses
mains tremblantes vers le ciel, pour supplier Jéhovah
d’appesantir son bras redoutable sur la tête des sacri-
lèges.
k
¥ ¥
Eh bien, je n’hésite pas â le beugler : (et je vou-
drais avoir l’organe de Baragnon ou bien le porte-voix
de l’arche de Noë, pour faire retentir mes beuglements
indignés jusqu’aux deux pôles), la réclame du prêtre,
guérisseur de cors, est une insigne profanation, et me
paraît cinq milliards de fois plus damnable que les annon-
ces que je viens d’énumérer.
La seule pensée de ce prêtre, disant la messe après
avoir ratissé des durillons, me plonge dans un tel effa-
rement que mon sifflet me tombe des lèvres.
¥
k k
Je demande qu’on donne un coup de pinceau sur cette
réclame, et qu’on répande une forte quantité de chlore
sur les parois des journaux qui l’ont affichée.
Félix Brun.
©OURS DE SIFFLET
Enfin ! il est parti, on n’en parlera plus. Avec tout le
respect que je lui dois, le shah était devenu une vraie
scie.
Le jour de son départ, on a sablé tous les boulevards,
de la Madeleine à la gare de Lyon.
De cette façon, il ne sentait pas les cahots et le public
recevait de la poudre aux yeux.
Jonathan.