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Wielgosz, Dagmara: La sculpture en marbre á Palmyre
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.26422#0079
La sculpture en marbre
À Palmyre
DaGMARA WlELGOSZ
La splendeur du paysage urbain à l'époque romaine, même dans des centres situés en périphérie
du monde classique, résulte souvent de l'usage de marbres précieux. Leur valeur symbolique et
la part de la munificence impériale dans leur propagation sont bien connues. Devenus symbole de
prestige politique et social, les marbres blancs et les pierres de couleur sont massivement importés par
les villes gréco-romaines d'Orient, dont Palmyre qui participe pleinement à ce trafic. En témoignent
encore aujourd'hui les grandes colonnes monolithiques du Tétrapyle et des Thermes de Dioclétien,
toutes en granit rouge d'Assouan, ou encore les fragments en cipollino verde de l'île d'Eubée, visibles
à proximité du Tétrapyle. L'importation de marbre et d'objets en marbre, matériau associé par excel-
lence à la culture grecque et à la grande sculpture de l'âge classique, est sans aucun doute une des
manifestations du processus d'hellénisation de la ville (Sartre 2001 : 851-883).
Les premières recherches sur les marbres de Palmyre furent effectuées par H. Dodge (1988)
dans les années quatre-vingts. S'appuyant exclusivement sur les observations macroscopiques,
H. Dodge s'est surtout occupée du matériau utilisé dans l'opus sectile des Thermes de Dioclétien,
mais elle a aussi affirmé la présence à Palmyre de marbre local qui aurait été employé dans la con-
fection de sculptures et d'éléments décoratifs (Dodge 1988 : 223 et 229, cf. aussi Baity 2005 : 334,
note 52).1 Nous savons aujourd'hui que ce « marbre » n'est qu'un travertin extrait à 22 km au sud de
Palmyre, dans la région d'al-Sukkari et de Bazurieh où, pour le moment, aucune trace d'extraction
datant de l'antiquité ne fut repérée. Qui plus est, aucun objet antique manufacturé dans cette mat-
ière ne fut découvert dans la ville. Il y fut trouvé en revanche un grand nombre d'objets fragmen-
taires en marbre blanc.
Depuis quelques années, dans le cadre de la mission polonaise, je m'occupe systématiquement
de tous les marbres mis au jour dans la ville. J'ai pu ainsi répertorier à ce jour une quarantaine de sculp-
tures ainsi qu'un certain nombre d'éléments de décoration architecturale en marbre. La plupart de ces
objets ont été soumis à des analyses archéométriques qui devraient permettre d'établir la provenance
1 Tout récemment il a été possible d'identifier d'autres types de marbres et de pierres colorées non mentionnés par H. Dodge :
marbre de Lesbos (bigio antico), de Thessalie (verde antico), de Chios (portasanta) et de Bithynie (breccia corallina).
75
Studia Palmyrenskie XI
À Palmyre
DaGMARA WlELGOSZ
La splendeur du paysage urbain à l'époque romaine, même dans des centres situés en périphérie
du monde classique, résulte souvent de l'usage de marbres précieux. Leur valeur symbolique et
la part de la munificence impériale dans leur propagation sont bien connues. Devenus symbole de
prestige politique et social, les marbres blancs et les pierres de couleur sont massivement importés par
les villes gréco-romaines d'Orient, dont Palmyre qui participe pleinement à ce trafic. En témoignent
encore aujourd'hui les grandes colonnes monolithiques du Tétrapyle et des Thermes de Dioclétien,
toutes en granit rouge d'Assouan, ou encore les fragments en cipollino verde de l'île d'Eubée, visibles
à proximité du Tétrapyle. L'importation de marbre et d'objets en marbre, matériau associé par excel-
lence à la culture grecque et à la grande sculpture de l'âge classique, est sans aucun doute une des
manifestations du processus d'hellénisation de la ville (Sartre 2001 : 851-883).
Les premières recherches sur les marbres de Palmyre furent effectuées par H. Dodge (1988)
dans les années quatre-vingts. S'appuyant exclusivement sur les observations macroscopiques,
H. Dodge s'est surtout occupée du matériau utilisé dans l'opus sectile des Thermes de Dioclétien,
mais elle a aussi affirmé la présence à Palmyre de marbre local qui aurait été employé dans la con-
fection de sculptures et d'éléments décoratifs (Dodge 1988 : 223 et 229, cf. aussi Baity 2005 : 334,
note 52).1 Nous savons aujourd'hui que ce « marbre » n'est qu'un travertin extrait à 22 km au sud de
Palmyre, dans la région d'al-Sukkari et de Bazurieh où, pour le moment, aucune trace d'extraction
datant de l'antiquité ne fut repérée. Qui plus est, aucun objet antique manufacturé dans cette mat-
ière ne fut découvert dans la ville. Il y fut trouvé en revanche un grand nombre d'objets fragmen-
taires en marbre blanc.
Depuis quelques années, dans le cadre de la mission polonaise, je m'occupe systématiquement
de tous les marbres mis au jour dans la ville. J'ai pu ainsi répertorier à ce jour une quarantaine de sculp-
tures ainsi qu'un certain nombre d'éléments de décoration architecturale en marbre. La plupart de ces
objets ont été soumis à des analyses archéométriques qui devraient permettre d'établir la provenance
1 Tout récemment il a été possible d'identifier d'autres types de marbres et de pierres colorées non mentionnés par H. Dodge :
marbre de Lesbos (bigio antico), de Thessalie (verde antico), de Chios (portasanta) et de Bithynie (breccia corallina).
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Studia Palmyrenskie XI