DER STURM
MONATSSCHRIFT / HERAUSGEBER: HERWARTH WALDEN
Vorwort
Zur 93. SturnvAusstellung
Monsieur Herwarth Walden / Berlin
Monsieur le Directeur et eher Confrere
Les expositions internationales dont vous
avez pris l’initiative sont peut-etre le moyen
le meilleur et le plus sür d’operer un
rapprochement rapide entre les elites in-
tellectuelles des peuples ennemis hier encore.
Apres une rupture forcee des relations di-
rectes, rupture imposeepar les circonstances,
des confrontations artistiques comme celles
dont vous etes le promoleur revetent le
caraclere de fetes solennelles et affirment
par delä les frontieres l’existence effective
de cet esprit europeen qui sort victorieux
d’une epreuve en Ire toutes cruelle et
redoutable.
Nous autres artistes frangais demeures fideles
ä notre ideal de foi internationale tenons
ä remercier en cette heure nos amis al-
lemands de nous accueillir dans leur pays
hospitalier et d’ainsi nous donner l’exemple
d’une application immediate des principes
de solidarite. Nous somines ici quelques-
uns qui avons le plus vif desir de vous
rendre cette hospitalile genereuse et de
recevoir parmi nous les oeuvres des artistes
les plus representatifs de l’effort de l’Alle-
magne moderne.
A vrai dirc, nous ignorons presque entiere-
ment le visage de cette Allemagne d’apres
guerre, car si vos revues d’art penetrent
chez nous, elles ne nous apportent que les
reflcts d’un esprit auquel nous sommes
etrangers et qui naquit, se developpa, mürit
ä la faveur d’un isolement, du ä la guerre
mondiale.
Les rares ecrivains fran^ais ä qui leur
connaissance de la langue allemande et leur
Situation privilegiee ont permis de suivre
tant dans le domaine des arts que dans celui
des lettres l’evolution de 1’ expressionisme,
affirment que cette forme d’art reste speci-
firquement allemande et qu’elle constitue
un des symptomes les plus caracteristiques
de l’esprit allemand de nos jours.
Nous pensons que l’art contemporain est
l’aboutissement logique et presque fatal d’une
tradition et que l’on ne peut s’ecarter de
la voie tracee par quelques initiateurs, sans
courir le risque de perdre de vue les princi-
paux points de ralliements oü, bon gre mal
gree, convergent les meilleurs esprits de
notre generation.
Sans rßpudier les mailres, nous operons ä
notre seul usage une selection parmi leurs
oeuvres et nous evaluons d’une maniere ex-
acte la valeur de leurs apports respectifs.
C’est ainsi qu’une etude meme superficielle
des directives de la peinture depuis Edouard
Manet jusqu’ä nos jours prouve le travail
continu d’epuration, auquel se sont livre
les artistes modernes. Soit qu’ils renoncent
au modele et qu’ils substituent ä la forme
un equivalent soit qu’ils le subordonnent
ä ce point ä la lumiere qu’elle en devient
fonction, soit qu’ils l’utilisent exclusivement
en vue des varialions rhythmiques, soit
qu’ils divisent dans le but de preciser
la valeur de tous locaux par rapport ä leurs
complementaires, soit qu’ils creent la forme
au moyen de la couleur, au lieu de l’etayer
sur une charpente preetablie, ils depouillent
l’art de tout element naturaliste et scmblent
ainsi jouer le röle de precurseurs du cubisme.
Le public a le droit de rester etranger aux
contreverses, tant techniques qu’eslhetiqucs
qui regardent les peintres seuls et qui font
parlie integrante de tout periode d’essais.
MONATSSCHRIFT / HERAUSGEBER: HERWARTH WALDEN
Vorwort
Zur 93. SturnvAusstellung
Monsieur Herwarth Walden / Berlin
Monsieur le Directeur et eher Confrere
Les expositions internationales dont vous
avez pris l’initiative sont peut-etre le moyen
le meilleur et le plus sür d’operer un
rapprochement rapide entre les elites in-
tellectuelles des peuples ennemis hier encore.
Apres une rupture forcee des relations di-
rectes, rupture imposeepar les circonstances,
des confrontations artistiques comme celles
dont vous etes le promoleur revetent le
caraclere de fetes solennelles et affirment
par delä les frontieres l’existence effective
de cet esprit europeen qui sort victorieux
d’une epreuve en Ire toutes cruelle et
redoutable.
Nous autres artistes frangais demeures fideles
ä notre ideal de foi internationale tenons
ä remercier en cette heure nos amis al-
lemands de nous accueillir dans leur pays
hospitalier et d’ainsi nous donner l’exemple
d’une application immediate des principes
de solidarite. Nous somines ici quelques-
uns qui avons le plus vif desir de vous
rendre cette hospitalile genereuse et de
recevoir parmi nous les oeuvres des artistes
les plus representatifs de l’effort de l’Alle-
magne moderne.
A vrai dirc, nous ignorons presque entiere-
ment le visage de cette Allemagne d’apres
guerre, car si vos revues d’art penetrent
chez nous, elles ne nous apportent que les
reflcts d’un esprit auquel nous sommes
etrangers et qui naquit, se developpa, mürit
ä la faveur d’un isolement, du ä la guerre
mondiale.
Les rares ecrivains fran^ais ä qui leur
connaissance de la langue allemande et leur
Situation privilegiee ont permis de suivre
tant dans le domaine des arts que dans celui
des lettres l’evolution de 1’ expressionisme,
affirment que cette forme d’art reste speci-
firquement allemande et qu’elle constitue
un des symptomes les plus caracteristiques
de l’esprit allemand de nos jours.
Nous pensons que l’art contemporain est
l’aboutissement logique et presque fatal d’une
tradition et que l’on ne peut s’ecarter de
la voie tracee par quelques initiateurs, sans
courir le risque de perdre de vue les princi-
paux points de ralliements oü, bon gre mal
gree, convergent les meilleurs esprits de
notre generation.
Sans rßpudier les mailres, nous operons ä
notre seul usage une selection parmi leurs
oeuvres et nous evaluons d’une maniere ex-
acte la valeur de leurs apports respectifs.
C’est ainsi qu’une etude meme superficielle
des directives de la peinture depuis Edouard
Manet jusqu’ä nos jours prouve le travail
continu d’epuration, auquel se sont livre
les artistes modernes. Soit qu’ils renoncent
au modele et qu’ils substituent ä la forme
un equivalent soit qu’ils le subordonnent
ä ce point ä la lumiere qu’elle en devient
fonction, soit qu’ils l’utilisent exclusivement
en vue des varialions rhythmiques, soit
qu’ils divisent dans le but de preciser
la valeur de tous locaux par rapport ä leurs
complementaires, soit qu’ils creent la forme
au moyen de la couleur, au lieu de l’etayer
sur une charpente preetablie, ils depouillent
l’art de tout element naturaliste et scmblent
ainsi jouer le röle de precurseurs du cubisme.
Le public a le droit de rester etranger aux
contreverses, tant techniques qu’eslhetiqucs
qui regardent les peintres seuls et qui font
parlie integrante de tout periode d’essais.