LIVRE VI. 3^7
un très-grand établissement dans la fameuse
Isse de la Taprobane , (aujourd’hui Ceylan^)
située^ à l’extrémité de cette grande presqu’Isle
qui sépare tlndus & le Gange. Outre les rai-
ions de commerce qui les attiroient-làtous les
ans, ils alloient cette fois porter du secours à
leur Colonie,que les Rois de l’Isse ménaçoient
d’une expulsion prochaine. Ainsi cette Flote
quoique , marchande étoit armée en guerre.'
Cherès étendu encore sur son brancard , fût
apporté dans le Vaisseau du Commandant par
ceux qui l’avoient achetté. Ils le lui presente-
rent comme un Egyptien que des Soldats
Ethiopiens avoient pris à la bataille de Cop-
tes, & leur avoient cédé pour quelque argent.
Il se disoit lui-même un simple Soldat que
personne en effet n’avoit réclamé: Mais,ajoû-
toient-ils, à l’esprit & à la sàgesfe qui parois-
soient en lui, ils esperoient qu’après sa gueri-
son qui s’avançoit beaucoup, le Commandant
seroit bien aise de l’avoir à son service. Il reçût
favorablement ce prisonnier,& lui dit que les
Egyptiens , ceux même du dernier rang , é-
toient toûjours bien traiteT. chez eux. Qu’il se
rétablît à son aise, & qu’on ne lui donnerait
que les fonctions qu’il choisiroit1 lui-même. On
mit à la voile dès le lendemain. Le vent, qui
fût toûjours favorable & égal dans leur route,
ne retarda point le rétablissèment du malade.
Au bout de deux jours il commença à se te-
nir levé pendant quelques heures pour s’instruire
de la navigation , en rapportant sans rien dire
ce qu’il voyoit pratiquer, aux principes qu’il
sçavoit mieux que ceux qui les mettoient en
usage. Il écoutoit avec plailir les matelots
qui, en côtoyant l’Egypte ôc l’Ethiopie la plus
O 3 septen-
un très-grand établissement dans la fameuse
Isse de la Taprobane , (aujourd’hui Ceylan^)
située^ à l’extrémité de cette grande presqu’Isle
qui sépare tlndus & le Gange. Outre les rai-
ions de commerce qui les attiroient-làtous les
ans, ils alloient cette fois porter du secours à
leur Colonie,que les Rois de l’Isse ménaçoient
d’une expulsion prochaine. Ainsi cette Flote
quoique , marchande étoit armée en guerre.'
Cherès étendu encore sur son brancard , fût
apporté dans le Vaisseau du Commandant par
ceux qui l’avoient achetté. Ils le lui presente-
rent comme un Egyptien que des Soldats
Ethiopiens avoient pris à la bataille de Cop-
tes, & leur avoient cédé pour quelque argent.
Il se disoit lui-même un simple Soldat que
personne en effet n’avoit réclamé: Mais,ajoû-
toient-ils, à l’esprit & à la sàgesfe qui parois-
soient en lui, ils esperoient qu’après sa gueri-
son qui s’avançoit beaucoup, le Commandant
seroit bien aise de l’avoir à son service. Il reçût
favorablement ce prisonnier,& lui dit que les
Egyptiens , ceux même du dernier rang , é-
toient toûjours bien traiteT. chez eux. Qu’il se
rétablît à son aise, & qu’on ne lui donnerait
que les fonctions qu’il choisiroit1 lui-même. On
mit à la voile dès le lendemain. Le vent, qui
fût toûjours favorable & égal dans leur route,
ne retarda point le rétablissèment du malade.
Au bout de deux jours il commença à se te-
nir levé pendant quelques heures pour s’instruire
de la navigation , en rapportant sans rien dire
ce qu’il voyoit pratiquer, aux principes qu’il
sçavoit mieux que ceux qui les mettoient en
usage. Il écoutoit avec plailir les matelots
qui, en côtoyant l’Egypte ôc l’Ethiopie la plus
O 3 septen-