EXPLICATION DES PLANCHES.
PLANCHE XCIV.
TOMBEAU DE FATHMAH-KADOUN.
Tout en admettant que les peuples de race turque ont l'ait de nombreux emprunts aux artistes arméniens, on
doit reconnaître qu'ils ont su imprimer à leurs ouvrages un cachet d'originalité qui permet de les classer parmi les
productions de la grande famille musulmane , mais qui les distingue des ouvrages des Persans, des Arabes d'Egypte
et de ceux qui ont habité l'Espagne; ce sont quatre types d'architecture différents, mais dont l'expression indique
une pensée commune. On ne saurait donner pour motif la différence de climat, car la Perse, l'Asie Mineure et l'Es-
pagne se trouvent sur une zone dont la température est assez uniforme, la différence de niveau suffisant pour ba-
lancer la différence des parallèles. Si les provinces sud de la Perse sont à la même latitude que le Caire, le plateau
général étant à dix-huit cents mètres au-dessus du niveau de la mer, la température y est à peu près la même qu'en
Espagne. L'architecture du Caire offre au coup d'œil de l'architecte une modification introduite par le climat et
par la vue des monuments antiques qui ont certainement influencé les premiers artistes musulmans.
L'architecture orientale propre à l'Asie Mineure n'est pas encore assez connue pour qu'on puisse lui assigner un
rang définitif dans les productions des artistes musulmans; mais tous les monuments que j'ai reproduits jusqu'à pré-
sent brillent par le mérite incontestable d'être parfaitement appropriés aux besoins qu'ils sont appelés à satisfaire.
Jusqu'ici nous avons trouvé l'ornementation employée avec réserve. Les sentences du Koran en fournirent les
principaux frais. Plus nous nous rapprochons des temps modernes, plus la richesse de l'architecture tend à prendre
de développement. Ici, comme partout, c'est le luxe d'ornement qui amène la décadence.
lie tombeau de Fathmah-Kadoun, fille du sultan Achmet (1620), morte à Nigdé en accomplissant son pèlerinage
de la Mecque, est, à mon avis, le dernier terme du progrès de l'architecture seldjoukidc, qui se perpétua dans ces
contrées quelque temps après qu'elles eurent été soumises au joug des Turcs; mais plus tard la pauvreté et l'igno-
rance prennent la place de l'élégante richesse, et depuis le commencement du xvne siècle on ne trouve plus un seul
monument qui ait quelque mérite au point de vue de l'art.
Il y a encore un grand nombre de questions à résoudre sur l'art arabe. Les architectes appartenaient-ils à la classe
des oulémas ou étaient-ils de celle des artisans? Comment l'école arabe s'est - elle propagée dans des contrées si
éloignées les unes des autres, en n'empruntant à l'ornementation chrétienne que ce qui pouvait s'assimiler à l'esprit
arabe ? Toutes ces questions ne pourront être résolues que par une étude attentive des monuments musulmans; mais
par malheur les inscriptions offrent aux orientalistes de si grandes difficultés, qu'elles n'ont pu être jusqu'à présent
d'aucun secours. Jamais les mollahs n'ont pu m'en traduire une seule en turc vulgaire, et ils ont toujours refusé de
les copier, sous prétexte que leur loi religieuse le leur défendait. Aussi me suis-je contenté de transcrire sur les frises
et panneaux des passages du Koran, sans m'astreindre à faire des copies d'inscriptions qu'on ne pouvait pas me lire
dans le pays, et qui, quelque soin que j'y misse, auraient toujours présenté de graves difficultés à un orientaliste
européen.
Le tombeau de Fathmah est bâti sur le plan de celui de Houen; il est octogone. Chaque angle est orné d'une
colonnette engagée, et le monument est couronné par une pyramide octogone. Le tout est bâti en pierre de taille
( calcaire grossier pisolitique ?)
La distance d'une colonne à l'autre, d'axe en axe, est de 4m,7io; la hauteur de la colonne de /f ,<Jio, et celle du
petit ordre est de im,o,6o. Au milieu de chacune des faces du tombeau se trouve une fenêtre en ogive, décorée
d'un chambranle; la porte qui est tournée vers l'ouest occupe la huitième face du monument. Le soubassement
de l'édifice est semblable à celui du tombeau de Houen, mais a moins d'importance relativement à la totalité du
monument; c'est une corniche en pendentif ne formant qu'une seule assise de moulures.
PLANCHE XCIV.
TOMBEAU DE FATHMAH-KADOUN.
Tout en admettant que les peuples de race turque ont l'ait de nombreux emprunts aux artistes arméniens, on
doit reconnaître qu'ils ont su imprimer à leurs ouvrages un cachet d'originalité qui permet de les classer parmi les
productions de la grande famille musulmane , mais qui les distingue des ouvrages des Persans, des Arabes d'Egypte
et de ceux qui ont habité l'Espagne; ce sont quatre types d'architecture différents, mais dont l'expression indique
une pensée commune. On ne saurait donner pour motif la différence de climat, car la Perse, l'Asie Mineure et l'Es-
pagne se trouvent sur une zone dont la température est assez uniforme, la différence de niveau suffisant pour ba-
lancer la différence des parallèles. Si les provinces sud de la Perse sont à la même latitude que le Caire, le plateau
général étant à dix-huit cents mètres au-dessus du niveau de la mer, la température y est à peu près la même qu'en
Espagne. L'architecture du Caire offre au coup d'œil de l'architecte une modification introduite par le climat et
par la vue des monuments antiques qui ont certainement influencé les premiers artistes musulmans.
L'architecture orientale propre à l'Asie Mineure n'est pas encore assez connue pour qu'on puisse lui assigner un
rang définitif dans les productions des artistes musulmans; mais tous les monuments que j'ai reproduits jusqu'à pré-
sent brillent par le mérite incontestable d'être parfaitement appropriés aux besoins qu'ils sont appelés à satisfaire.
Jusqu'ici nous avons trouvé l'ornementation employée avec réserve. Les sentences du Koran en fournirent les
principaux frais. Plus nous nous rapprochons des temps modernes, plus la richesse de l'architecture tend à prendre
de développement. Ici, comme partout, c'est le luxe d'ornement qui amène la décadence.
lie tombeau de Fathmah-Kadoun, fille du sultan Achmet (1620), morte à Nigdé en accomplissant son pèlerinage
de la Mecque, est, à mon avis, le dernier terme du progrès de l'architecture seldjoukidc, qui se perpétua dans ces
contrées quelque temps après qu'elles eurent été soumises au joug des Turcs; mais plus tard la pauvreté et l'igno-
rance prennent la place de l'élégante richesse, et depuis le commencement du xvne siècle on ne trouve plus un seul
monument qui ait quelque mérite au point de vue de l'art.
Il y a encore un grand nombre de questions à résoudre sur l'art arabe. Les architectes appartenaient-ils à la classe
des oulémas ou étaient-ils de celle des artisans? Comment l'école arabe s'est - elle propagée dans des contrées si
éloignées les unes des autres, en n'empruntant à l'ornementation chrétienne que ce qui pouvait s'assimiler à l'esprit
arabe ? Toutes ces questions ne pourront être résolues que par une étude attentive des monuments musulmans; mais
par malheur les inscriptions offrent aux orientalistes de si grandes difficultés, qu'elles n'ont pu être jusqu'à présent
d'aucun secours. Jamais les mollahs n'ont pu m'en traduire une seule en turc vulgaire, et ils ont toujours refusé de
les copier, sous prétexte que leur loi religieuse le leur défendait. Aussi me suis-je contenté de transcrire sur les frises
et panneaux des passages du Koran, sans m'astreindre à faire des copies d'inscriptions qu'on ne pouvait pas me lire
dans le pays, et qui, quelque soin que j'y misse, auraient toujours présenté de graves difficultés à un orientaliste
européen.
Le tombeau de Fathmah est bâti sur le plan de celui de Houen; il est octogone. Chaque angle est orné d'une
colonnette engagée, et le monument est couronné par une pyramide octogone. Le tout est bâti en pierre de taille
( calcaire grossier pisolitique ?)
La distance d'une colonne à l'autre, d'axe en axe, est de 4m,7io; la hauteur de la colonne de /f ,<Jio, et celle du
petit ordre est de im,o,6o. Au milieu de chacune des faces du tombeau se trouve une fenêtre en ogive, décorée
d'un chambranle; la porte qui est tournée vers l'ouest occupe la huitième face du monument. Le soubassement
de l'édifice est semblable à celui du tombeau de Houen, mais a moins d'importance relativement à la totalité du
monument; c'est une corniche en pendentif ne formant qu'une seule assise de moulures.