Texier, Charles: Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie (Paris, 1862)

ASIE MINEURE.

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Tokma sou. Cet établissement dont la
fondation remonte aü treizième siècle est
égalcomme importancereligieuse à ceux
d’Etchmiazin et de Sis; l’évêque a le
rang de métropolitain de Césarée. L’en-
semble des bâtiments du monastère est
entouré d’une forte muraille, et l’inté-
rieur contient, outre les églises et les ha-
bitations des moines plusieurs corps de
bâtiments destinés à loger des pèlerins
(jui de toutes les parties de l’ancienne
Arménie affluent dans ce monastère à
certaines fêtes de l’année.
Nous assistâmes à la fête de saint
Jean, qui se célèbre avec la plus grande
pompe, et nous pûmes admirer la ri-
chesse des vêtements de l’évêque et
des prêtres, qui ont conservé tous les
usages de l'ancienne Église. Les costu-
mes des assistants n’étaient ni moins
riches ni moins curieux; la coiffure
des femmes est des plus variées ; leurs
cheveux pendent en longues tresses
ornées de glands d’argent, de pièces de
monnaies et de coquillages. Leur front
est orné d’un petit diadème de sequins
et leur tête est surmontée d’une coif-
fure qui tantôt prend la forme d’un
vase, tantôt d’un kalpack ou d’un sim-
ple turban. Leur taille est soutenue par
une large ceinture d’argent, dont les
agraffes en ronde bosse sont artiste-
ment ciselées; leur vêtement consiste
en robes de drap presque toutes de cou-
leurs voyantes et ornées de broderies.
Les environs du monastère offrent
les points de vue les plus agrestes et les
plus pittoresques; des cascades tombent
du haut des rochers couronnés de ver-
dures; le lieu nommé Pacha tchesmé
si, la fontaine du pacha, peut être com-
paré à un vallon de la Suisse. Mais ce
qui donne un intérêt particulier à cette
vallée ce sont les églises et les innom-
bles chambres sépulcrales taillées dans
le roc : la tradition est ici d’accord avec
la nature des lieux. Dès les premiers
temps du christianisme, les anachorètes
se sont retirés dans ces lieux inaccessi-
bles, et c’est en souvenir de ces céno-
bites que le couvent de Surp Garabed
fut fondé.

CHAPITRE XXII.
ÉGLISE TAILLÉE DANS LE BOC PRÈS
DE SUSP GARABED.
Cette petite église est creusée dans
un tuf jaune très-homogène, composé
de cendres volcaniques agglomérées;
elle n’a souffert aucune dégradation,
mais tout l’ouvrage est fait avec la plus
grande simplicité. Le pian a de l’ana-
logie avec celui des basiliques.
La nef a six mètres de long sur trois
mètres de large; les murs latéraux pa-
raissent soutenus par des pilastres por-
tant des arcades; mais tout l’édifice
étant monolithe, cette décoration n’est
là quepourrappeler les monuments cons-
truits.
Au fond de la nef se trouve l’abside,
qui est de forme circulaire, au milieu
s’élève l’autel, qui fait partie de la ro-
che même, et qui n’est aujourd’hui
qu’un simple massif.
La voûte de l’église est en ceintre
surbaissé ; toute cette construction est
delà plus grande simplicité, aucun or-
nement, aucune peinture ne la décore;
une porte pratiquée dans la seconde ar-
cade du côté droit conduit dans une
autre chapelle, qui est à peu près de la
même forme que la basilique, et dans
la petite abside on a ménagé aussi un
autel.
Ces chapelles ne recevant de jour
que par la porte sont .assez obscures;
dans la chapelle du fond on ne pouvait
officier qu’à la lumière des cierges.
11 serait difficile d’assigner l’âge po-
sitif de ce monument que nous sommes
disposé à regarder comme un ouvrage
de troisième siècle.
A une distance de trois kilomètres
environ de cette église, dans une vallée
dont il serait difficile de déterminer la
position exacte, car elle ne porte dans
le pays aucune désignation spéciale, on
observe un autre groupe d’églises qui
est le plus important de cette région.
Tous ces monuments n’ont dans le pays
aucune dénomination particulière ; on
les connaît sous le nom général deMa-
bara, les grottes, kilicé, les églises.
Ce monument, qui a une importance
réelle, déjoue toutes les suppositions
que l’on pourrait faire à son sujet, car il