ASIE MINEURE,
607
une solide maçonnerie; les murs du bas-
sin sont de la même construction.
En sortant d’Amasie, la vallée de l'i-
ris s’élargit et forme la plaine de Chi-
liocomon; les cantons de la Diacopène
et de la Pimolisène s’étendent jusqu’à
l’Halys. La partie septentrionale du
territoire d’Amasie, a cinq cents stades
environ de longueur ou quatre-vingt-
douze kilomètres, sa largeur du nord au
sud s’étend vers la province de Zéla et
la grande Cappadoce jusqu’aux Troc-
miens, c’est-à-dire jusqu’au territoire de
l’ancienne Ptérie, que nous avons déjà
abordé en décrivant la Galatie.
CHAPITRE XVIII.
VILLES DU PONT GALATIQUE. —
PTÉRIUM. — BOGHAZ KEUI. — EUYUK.
Cyaxare,roi des Mèdes, après avoir
expulsé les Saces de l’Asie, étendit ses
possessions jusqu’au fleuve Halys; il de-
vint maître de la régipn de Ptérie, dont
le territoire, qui s’étendait jusqu'à Si-
nope , était habité par la nation des
Leucosyriens. Ils possédaient plusieurs
villes ; et Ptérium , la capitale, située
dans les montagnes à l’est de l’Halys,
était fortifiée par la nature autant que
par l’art. Crésus, roi de Lydie, s’en ren-
dît maître, la détruisit, réduisit les habi-
tants en esclavage, et les transporta dans
d’autres contrées.
Hérodote est le seul historien qui
nous ait conservé le souvenir de ces faits
dans sa relation de la campagne de
Crésus contre Cyrus; il est le seul qui
mentionne le nom delà Ptérie et de la
capitale des Ptériens. Les autres histo-
riens, Strabon même, qui s’étend si
longuement sur l’histoire de la Cap-
padoce pontique, ne prononcent pas une
seule fois le nom de la Ptérie ( 1 ). Etienne
de Byzance comble cette lacune sans
dire à quelle source il a puisé ses docu-
ments : « Ptérium ville des Mèdes, quel-
ques-uns disent au neutre Ptera, l’acro-
pole de Babylone; il y a aussi Pteria
ville de la province de Sinope; l’ethnique
mède est Pterienus, celui de Sinope est
Pterius(2). »
(1) Voy. plus haut pages 241, 243, 5o2.
(2) Et.Byz., Ptérium,
La situation de Ptérium est déter-
minée par Hérodote dans les monta-
gnes voisines de lTIalys. « Crésus après
avoir franchi l’Halys arriva dans cette
partie de la Cappadoce que l’on nomme
la Ptérie ; c’est une contrée d’un très-
difficile accès, qui s’étend jusqu’à Si-
nope. Crésus s’y établit, ravagea les
possessions des Syriens ( Cappadociens
Politiques) et s’empara de la capitale des
Ptériens, dont il fit les habitants escla-
ves. Il prit de même toutes les villes de
l’intérieur et de la frontière, et finit par
transporter en entier la nation syrienne
quoi qu’il n’en eut reçu aucune of-
fense. »
C’est là tout ce que l’histoire nous
dit de Ptérium, il n’est pas étonnant
que les écrivains d’une époque plus
récente se taisent sur le nom d’un pays
qui n’existait plus. Ptérium est entière-
ment ruinée par Crésus, et n’est pas
rebâtie; il est clair que dans les ruines
de cette ville on ne doit trouver au-
cune trace de monuments grecs ou ro-
mains, tout doit être archaïque, et de
style ou de construction mède. C’est
dans ces conditions que nous avons
retrouvé dans le village de Boghaz keui
le 28 juillet 1834, des ruines imposan-
tes qui satisfont complètement à la
question. Depuis ce temps l’obscur vil-
lage turc est devenu célèbre parmi les
érudits; ses ruines ont été visitées par
un grand nombre de voyageurs, de
nombreuses dissertations ont été écrites
sur les sujets représentés dans les bas-
reliefs merveilleusement conservés après
tant de siècles ; nous avons accompli
notre tâche, nous avons remis en lumière
une ville oubliée depuis vingt-cinq
siècles. Le nom de Ptérium a d’abord
été contesté; 011 voulait voir dans ces
ruines l’ancienne Tavium des Troc-
miens ; aujourd’hui cette question nous
paraît hors de discussion et le nom de
la ville mède est généralement ac-
cepté. (1)
Nous exposerons simplement l’état
des ruines de cette ville telles que nous
les avons observées, sans discuter les
opinions qui ne sont pas conformes
(1) Voyez Car. Ritter, Erdkunde, tom.IX,
877-395-1019. — Barth Reise, p. 441 Ha-
milton, Researches, tom. I, 394, etc.
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une solide maçonnerie; les murs du bas-
sin sont de la même construction.
En sortant d’Amasie, la vallée de l'i-
ris s’élargit et forme la plaine de Chi-
liocomon; les cantons de la Diacopène
et de la Pimolisène s’étendent jusqu’à
l’Halys. La partie septentrionale du
territoire d’Amasie, a cinq cents stades
environ de longueur ou quatre-vingt-
douze kilomètres, sa largeur du nord au
sud s’étend vers la province de Zéla et
la grande Cappadoce jusqu’aux Troc-
miens, c’est-à-dire jusqu’au territoire de
l’ancienne Ptérie, que nous avons déjà
abordé en décrivant la Galatie.
CHAPITRE XVIII.
VILLES DU PONT GALATIQUE. —
PTÉRIUM. — BOGHAZ KEUI. — EUYUK.
Cyaxare,roi des Mèdes, après avoir
expulsé les Saces de l’Asie, étendit ses
possessions jusqu’au fleuve Halys; il de-
vint maître de la régipn de Ptérie, dont
le territoire, qui s’étendait jusqu'à Si-
nope , était habité par la nation des
Leucosyriens. Ils possédaient plusieurs
villes ; et Ptérium , la capitale, située
dans les montagnes à l’est de l’Halys,
était fortifiée par la nature autant que
par l’art. Crésus, roi de Lydie, s’en ren-
dît maître, la détruisit, réduisit les habi-
tants en esclavage, et les transporta dans
d’autres contrées.
Hérodote est le seul historien qui
nous ait conservé le souvenir de ces faits
dans sa relation de la campagne de
Crésus contre Cyrus; il est le seul qui
mentionne le nom delà Ptérie et de la
capitale des Ptériens. Les autres histo-
riens, Strabon même, qui s’étend si
longuement sur l’histoire de la Cap-
padoce pontique, ne prononcent pas une
seule fois le nom de la Ptérie ( 1 ). Etienne
de Byzance comble cette lacune sans
dire à quelle source il a puisé ses docu-
ments : « Ptérium ville des Mèdes, quel-
ques-uns disent au neutre Ptera, l’acro-
pole de Babylone; il y a aussi Pteria
ville de la province de Sinope; l’ethnique
mède est Pterienus, celui de Sinope est
Pterius(2). »
(1) Voy. plus haut pages 241, 243, 5o2.
(2) Et.Byz., Ptérium,
La situation de Ptérium est déter-
minée par Hérodote dans les monta-
gnes voisines de lTIalys. « Crésus après
avoir franchi l’Halys arriva dans cette
partie de la Cappadoce que l’on nomme
la Ptérie ; c’est une contrée d’un très-
difficile accès, qui s’étend jusqu’à Si-
nope. Crésus s’y établit, ravagea les
possessions des Syriens ( Cappadociens
Politiques) et s’empara de la capitale des
Ptériens, dont il fit les habitants escla-
ves. Il prit de même toutes les villes de
l’intérieur et de la frontière, et finit par
transporter en entier la nation syrienne
quoi qu’il n’en eut reçu aucune of-
fense. »
C’est là tout ce que l’histoire nous
dit de Ptérium, il n’est pas étonnant
que les écrivains d’une époque plus
récente se taisent sur le nom d’un pays
qui n’existait plus. Ptérium est entière-
ment ruinée par Crésus, et n’est pas
rebâtie; il est clair que dans les ruines
de cette ville on ne doit trouver au-
cune trace de monuments grecs ou ro-
mains, tout doit être archaïque, et de
style ou de construction mède. C’est
dans ces conditions que nous avons
retrouvé dans le village de Boghaz keui
le 28 juillet 1834, des ruines imposan-
tes qui satisfont complètement à la
question. Depuis ce temps l’obscur vil-
lage turc est devenu célèbre parmi les
érudits; ses ruines ont été visitées par
un grand nombre de voyageurs, de
nombreuses dissertations ont été écrites
sur les sujets représentés dans les bas-
reliefs merveilleusement conservés après
tant de siècles ; nous avons accompli
notre tâche, nous avons remis en lumière
une ville oubliée depuis vingt-cinq
siècles. Le nom de Ptérium a d’abord
été contesté; 011 voulait voir dans ces
ruines l’ancienne Tavium des Troc-
miens ; aujourd’hui cette question nous
paraît hors de discussion et le nom de
la ville mède est généralement ac-
cepté. (1)
Nous exposerons simplement l’état
des ruines de cette ville telles que nous
les avons observées, sans discuter les
opinions qui ne sont pas conformes
(1) Voyez Car. Ritter, Erdkunde, tom.IX,
877-395-1019. — Barth Reise, p. 441 Ha-
milton, Researches, tom. I, 394, etc.