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Tournefort, Joseph Pitton de
Relation d'un voyage du Levant, fait par ordre du Roy: contenant l'histoire ancienne & moderne de plusieurs isles de l'Archipel, de Constantinople, de côtes de la Mer Noire, de l'Arménie, de la Géorgie, des frontières de Perse & de l'Asie Mineure ... ; enrichie de descriptions ... d'un grand nombre des plantes rares, de divers animaux et de plusieurs observations touchant l'histoire naturelle (Band 2) — Lyon, 1717

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https://doi.org/10.11588/diglit.12687#0090
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$6 Voyage
troupes se sauvoient en desordre , &c Yen dit en-
core aujourd'hui dans Tille que les soldats pre-
noient les mouches pour des turbans.
Les Turcs y rentrèrent comme dans un pays
de conquête : mais les Grecs eurent Tadreiïe de
rejetter sur les Latins la faute de tout ce qui
s'étoit passé , quoique ceux-ci n'eusTent eu au-
cune part à l'irruption des Vénitiens: on fît pen-
dre quatre personnes des plus qualifiées du rire
latin & qui avoient passé avec honneur par les
principales charges , Pierre Justiniani, Francesco
Drago Burghesi , Dominico Stella Burghesi,
Giouanni Castelli Burghesi : on deffendit aux
Latins de porter des chapeaux ; on les obligea
«de se faire razer , de quitter Thabit Génois , de
deseendre de cheval à la porte de la ville , 8c de
saluer avec respedr. le moindre des musulmans : les
Eglises furent abatues ou converties en Mosquées :
l'Evêque Latin Leonardo Baharini , 8c plus de
60. familles des plus apparentes suivirent les Vé-
nitiens à la Morée j cet Evêque y mourut quelque
temps après qu'on Teut pourveû d'un nouvel Evê-
ché : le soupçou que les Turcs avoint conçeu
contre lui & les Latins, d'avoir favorisé Texpe-
dition des Vénitiens , fut augmenté par les mar-
ques d'estime que ceux-ci donnèrent a ce Prelato
Ces pauvres Latins que l'on fatigue tous les jours
par de nouvelles chicanes 3 à Hnsligation des
Grecs , prennent leur mal en patience , &c assilient
avec beaucoup d'édification aux Osfices divins
chez le vice-consul de France dont la chapelle est
grande & bien déservie.
L'exercice public de la Religion Catholique
étoit le plus beau privilège que les Roys de
France eusTent fait coiiserver aux Sciâtes : ils
 
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