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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0016
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2

INTRODUCTION.

pliquèrent pas à toutes les contrées la même méthode de coloni-
sation ; ils n'affectèrent point d'ignorer ou de méconnaître cet
ensemble de conditions naturelles qui se nomme la géographie ;
ils tinrent le plus grand compte de l'état social ou politique dans
lequel s'étaient trouvés jadis, avant la conquête, les habitants
des pays réduits en provinces.

Parmi les provinces romaines, les unes furent, on peut le
dire, créées de toutes pièces ; l'organisation municipale et pro-
vinciale y fut introduite tout entière par les conquérants. Dans
la Germanie romaine, par exemple, les premières cités qui
s'élevèrent sur la rive gauche du Rhin naquirent autour des
camps militaires construits par les légions (1). Telle fut l'origine .
de Golonia Agrippina (Cologne), d'Ulpia Noviomagus (Nimègue),
d'UlpiaTrajana (environs deXanten), de Mogontiacum (Mayence).
Gomme les Germains qui habitaient ces régions n'avaient ja-
mais possédé de centres communs, ces villes furent, dès leur
naissance, absolument romaines ; l'élément romain s'y développa
plus tôt et plus complètement qu'ailleurs. Il en fut de même
sur la frontière du Bas-Danube, dans la Moesie Inférieure ou
Scythie ; le type de ces villes, groupées d'abord autour des
camps légionnaires et dotées plus tard d'une administration
municipale indépendante, y fut Troesmis (Iglitza) (2).

Ailleurs, comme en Maurétanie, la vie urbaine et l'organisa-
tion municipale furent importées du dehors, grâce à l'établis-
sement de colonies. Dans ce pays barbare occupé par des tribus
nomades, les premiers habitants sédentaires furent des soldats
romains libérés du service ; les premières villes furent les colo-
nies envoyées surtout par Auguste et par Claude, entre autres
sur la côtelgilgili (Djidjelli), Saldae (Bougie), Gunugi (Gouraya),
Cartenna (Ténès), Lixus (sur la côte occidentale du Maroc), et
dans l'intérieur des terres Thubusuptu ou Tupusuctu (Tiklat,
près de l'Oued Sahel, au sud-ouest de Bougie), Zuccabar ou
Succabar (sur le Chélif, au sud-est de Milianah). Ces villes ro-
maines ne remplaçaient pas d'anciens centres indigènes ; le
droit municipal romain ne se substituait pas à une organisation
antérieure. Il n'y eut ni mélange ni conflit entre les institutions
nouvelles et d'antiques traditions.

(1) Mommsen, RÔmische Geschichte, V, p. 153; trad. franç., IX, p. 213-
214.

(2) Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
ann. 1865, p. 282 et suiv. ; Mélanges de l'Ecole française de Rome, t. XI
(année 1891), p. 252-253.
 
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