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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0017

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INTRODUCTION.

3

Dans beaucoup d'autres provinces, le caractère de l'œuvre
accomplie par Rome fut tout différent. Au lieu de créer, il fallut
transformer. Le champ d'action n'était plus une terre absolu-
ment rase sur laquelle des monuments pouvaient être construits
en toute liberté. Le peuples de l'Orient hellénique, les habitants
de l'ancien territoire de Carthage n'étaient point des Barbares.
Dans ces pays, où de bonne heure la civilisation s'était ré-
pandue, des cités avaient été puissantes, riches ou glorieuses à
l'époque où Rome n'était encore qu'une petite ville latine, alors
que les légions n'avaient pas franchi vers le nord la frontière
du Tibre, ne s'étaient pas avancées vers le sud plus loin que les
Monts Albains. Lorsque, pendant les deux derniers siècles de
la République, les Romains conquirent ces régions, ils y trou-
vèrent, sinon partout des Etats constitués, du moins une orga-
nisation sociale et politique profondément enracinée ; ils y
trouvèrent aussi des religions et des coutumes fort anciennes
qui ne ressemblaient ni à la religion ni aux mœurs romaines.
Ce n'était donc pas seulement d'un territoire, c'est-à-dire d'une
certaine étendue matérielle qu'ils étaient devenus les maîtres ;
c'était aussi et surtout de populations, c'est-à-dire d'êtres mo-
raux, dont chacun avait, et depuis longtemps, sa physionomie
et son caractère, en un mot sa personnalité. Comment Rome
a-t-elle traité ces éléments qui lui étaient étrangers? Quelle
a été sa politique à l'égard de ce qui, dans chaque province
ou dans chaque groupe homogène de provinces voisines, re-
présentait le passé ? Gomment, derrière ce que l'on a appelé
« la façade majestueuse et uniforme de l'empire (1), » s'est ac-
compli le travail d'assimilation, sinon de fusion complète, entre
les traditions et les coutumes locales d'une part, et d'autre part
les idées et les mœurs apportées par les vainqueurs ? Qu'est-il
resté des unes ? Quel a été le rôle, quelle a été l'influence des
autres ? Gomment, dans quel sens et dans quelle mesure au
conflit militaire, qui avait précédé la conquête, a succédé le
contact pacifique de la cité victorieuse et des populations sou-
mises ?

Tel est le sujet que je me propose de traiter dans ce livre.
J'ai choisi comme terrain de recherches une partie de l'Afrique
romaine; j'ai tenté de montrer quelle avait été l'histoire géné-
rale de ce pays aux trois premiers siècles de l'empire. J'expli-

(1) De la Blanchère, dans la Revue Archéologique, ann. 1889, 2e sem.,
p. 259.
 
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