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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0101

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LES ÉDIFICES PUBLICS , LES MAISONS PARTICULIÈRES. 87

temple de Saturne à Thugga, comme au pied des trois statues
qui ornaient sans doute les trois niches du temple de Mercure à
Thuburnica. Je me suis efforcé ailleurs d'expliquer pourquoi
la divinité [numen) du Saturne africain était représentée sur
un grand nombre de stèles votives, par les trois bustes de Sa-
turne-Cronos, du Soleïl-Hélios et de la Lxme-Sélènè (1); j'ai cru
pouvoir rattacher à cette conception tout orientale du grand
dieu populaire de l'Afrique romaine le plan, si original du tem-
ple de Thugga consacré à Saturne (2). C'est de la même concep-
tion que se sont peut-être inspirés dans une certaine mesure les
architectes du triple sanctuaire de Sufetula et du temple de
Mercure de Thuburnica. Si, pour exprimer exactement et com-
plètement la nature divine de Baal, il a paru nécessaire aux
Africains romanisés de grouper en une sorte de triade insépa-
rable trois types distincts empruntés à la mythologie des Grecs
et des Latins, faut-il s'étonner que le temenos primitif ait été,
lui aussi, parfois remplacé par un triple sanctuaire, quel que
fût d'ailleurs le nom nouveau donné à la divinité? Dans l'archi-
tecture religieuse comme sur les stèles, le polythéisme importé
par Rome s'est peu à peu substitué à l'indécise et complexe
unité du monothéisme oriental.

Si donc la plupart des temples élevés dans les villes africaines
furent construits sur le modèle des édifices religieux de la
Grèce et de Rome, néanmoins le souvenir des anciens sanc-
tuaires ne s'effaça pas ; les vieilles traditions ne furent pas
oubliées. Il ne faudrait pas croire d'ailleurs que cette fidélité
au passé ait été plus ou moins vive suivant les régions et
qu'elle se soit affirmée seulement dans les cités les plus éloi-
gnées de Garthage, dans les villes où la civilisation romaine a
le moins exercé son influence et son action. A Thignica, Mer-
cure était adoré dans un temple tétrastyle, et le culte de Sa-
turne se célébrait en plein air, dans un enclos sacré ; à Thugga,
tandis que les statues de Jupiter, de Junon et de Minerve se
dressaient au fond d'une cella décorée extérieurement de pilas-
tres corinthiens et précédée d'un portique soutenu par des co-
lonnes du même ordre, le temple de Saturne, qui dominait la
cité, rappelait, par l'originalité de son plan, les antiques sanc-
tuaires. C'est au-dessus du golfe de Carthage, sur une cime par-
faitement visible de tous les points de la capitale africaine, que

(1) J. Toutain, De Saturni dei in Africa romana cultu, p. 60-61.

(2) Id., ibid., p. 96-97.
 
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