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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0137

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ARCHITECTURE, SCULPTURE, PEINTURE, MOSAÏQUE. 123

de Pergame était de cette dernière école, si nous en croyons
Pline l'Ancien (1).

Il y a, parmi les mosaïques africaines, des œuvres de l'un et
l'autre style, sans que d'ailleurs rien les distingue des mo-
saïques d'Italie ou de Gaule. La mosaïque du Zodiaque (2) est
peut-être le plus brillant morceau de style décoratif que l'on
puisse étudier au musée Alaoui : ni le coloris, ni la technique
n'en sont d'une grande finesse; mais l'exécution en est, malgré
son imperfection apparente, d'une habileté consommée. Un
fragment, qui provient d'Hadrumète et qui représente un san-
glier poursuivi par un chien, a été conçu et traité dans le même
style; le dessin en est exact et ferme; le modelé en est sobre.
La plupart des mosaïques trouvées à Hadrumète sortent évidem-
ment d'une autre école; ici, ce n'est plus l'effet purement déco-
ratif que les artistes ont recherché ; ils ont voulu que leur œu-
vre fît l'impression de la peinture. De là l'emploi de matériaux
excessivement petits et fins ; de là même peut-être leur pen-
chant à représenter des félins, tigres et panthères, dont le pe-
lage, avec ses tons chatoyants et ses ocelles nuancées, plaisait
à leur goût par-dessus tout coloriste. Les plus remarquables
morceaux de style pittoresque sont, à mon avis, la panthère sur
fond blanc qui orne encore aujourd'hui, à Sousse, la salle
d'honneur du 4me régiment de tirailleurs, et quelques-uns des
médaillons qui composent la mosaïque de Neptune, entre autres
le Neptune lui-même sur son quadrige, et l' Amphitrite assise
sur un tigre marin (3).

Mais on chercherait vainement, dans toutes ces œuvres, la
trace d'un sentiment et d'un style artistiques, soit personnels
aux mosaïstes qui les ont exécutées, soit particuliers au pays qui
les a vu naître.

Il est temps de me résumer et de conclure. Je me suis efforcé
de prouver, en accumulant les exemples à l'appui de ma thèse,
que les artistes africains, aux premiers siècles de l'ère chré-
tienne, ont tout à fait manqué d'inspiration, d'invention, de
style. Il y a eu, dans l'Afrique romaine, un art provincial, si
l'on entend par là un art qui se contente de copier et d'imiter,

(1) Hist. nat., XXXVI, 60 : « Mirabilis ibi columba bibens, et aquam Tim-
bra capitis infuscans. » (Ce qu'il y a de plus merveilleux dans cette mo-
saïque, c'est une colombe qui boit; l'ombre de sa tête obscurcit l'eau.)

(2) Voir plus haut, p. 112.

(3) Collections du musée Alaoui, t, I, p. 19-20, 27 (De la Blanchère, Mo-
saïque d'Hadrumète).
 
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