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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0138
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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

sans mettre dans ce qu'il copie et dans ce qu'il imite le moindre
grain d'originalité; mais si l'on veut dire que cet art a une
physionomie et un caractère distincts, je ne saurais souscrire à
cette opinion. Les oeuvres d'architecture, de sculpture, de pein-
ture et de mosaïque qui décoraient les antiques cités de cette
province étaient des œuvres gréco-romaines, exclusivement
gréco-romaines.

Il ne faut pas, d'ailleurs, s'en étonner outre mesure. La race
phénicienne, qui a précédé les Romains sur la terre d'Afrique,
n'était rien moins qu'artiste. Il n'y a jamais eu d'art punique
original. Les plus récentes découvertes du P. Delattre dans les
nécropoles primitives de Byrsa ont démontré qu'à ce point de
vue la grande colonie tyrienne avait été, pendant longtemps,
tributaire de l'Egypte. Plus tard, lorsque Carthage entra en
contact et en lutte avec les riches et brillantes cités grecques
de la Sicile, l'art hellénique exerça sur elle son irrésistible
attrait : les monnaies carthaginoises et tout ce qui reste de l'ar-
chitecture punique attestent combien cette influence fut pro-
fonde. Est-il d'autre part monument plus purement grec que la
célèbre stèle votive du suffète Melekiaton, fils du suffète Mahar-
baal, conservée au musée de Turin (1) ?

Ces deux influences se mélangèrent d'abord sans s'exclure :
plusieurs chapiteaux, certainement antérieurs à la conquête ro-
maine, sont décorés à la fois de volutes ioniques et de palmet-
tes ou de fleurs de lotus égyptiennes (2). Puis, lorsque de nom-
breuses statues eurent été transportées, par droit de conquête,
des villes siciliennes à Carthage, les artistes puniques s'inspi-
rèrent presque uniquement des œuvres grecques qu'ils avaient
sous les yeux. Carthage n'avait donc pas eu d'art national. In-
dépendante, riche et puissante, elle avait subi complètement
l'action de l'Egypte et de la Grèce; il était naturel que vaincue,
soumise et colonisée, elle reçut de ses vainqueurs ce qu'elle
n'avait jamais su se donner elle-même.

(1) Corpus inscriptionum semiticarum, pars prima, t. I, n* 176, pl. xli.

(2) Nouvelles Archives des missions, t. II, p. 464 et suiv. (Saladin, 2° rap-
port).
 
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