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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0164

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150 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

lui-même, ce n'était jamais un simple mouillage, mais un véri-
table port, fermé et bien abrité soit naturellement soit par des
ouvrages artificiels. A Thabraca, à Utique, à Thapsus, le port
ou l'un des ports s'étendait entre une île et le continent (1) ; à
Sullectum et à Gighthis, la rade était protégée par une pointe
qui s'avançait en pleine mer (2) ; à Hippo Diarrhytus, les navi-
res mouillaient dans le canal de Bizerte (lacus Hipponiensis),
qui communiquait hier encore avec la mer; à Tacape, ils en-
traient dans l'O. Gabès (3). La flotte marchande de Carthage se
réfugiait peut-être, pendant l'hiver ou par les gros temps, dans
le lac de Tunis (4). Dans les cas précités, les Phéniciens se con-
tentèrent d'aider la nature : une digue, par exemple, fut construite
à Thabraca pour fermer vers l'est la passe qui sépare l'île de la
terre ferme ; à Sullectum un môle reliait le cap voisin du port à
un îlot qui émerge à 100 mètres au sud ; à Carthage, l'estuaire
du lac de Tunis fut encadré de deux quais puissants.

Ailleurs, le port fut creusé tout entier de main d'homme : tels
étaient les cothons de Carthage, d'Hadrumète, de Thapsus (5).
Une jetée plus ou moins puissante en protégeait l'entrée ; celles
d'Hadrumète et de Thapsus sont encore très visibles.

Les Romains semblent bien s'être bornés partout à restaurer
et à continuer l'œuvre de leurs prédécesseurs en Afrique. Les
ports romains de Carthage furent construits sur l'emplacement
des anciens ports puniques; aucune ville nouvelle ne paraît
avoir été fondée sur le littoral. Une galère carthaginoise avait
été le modèle des premiers vaisseaux de guerre que Rome eût
possédés ; vainqueurs de Carthage et maîtres de son. empire, les
Romains, fidèles à leur politique traditionnelle, surent prendre
dans l'héritage de leur rivale disparue tout ce qui pouvait servir
et accroître leur propre puissance. Ils ruinèrent de fond en

(1) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1892, p. 189-190, pl. XIX. —
Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique, II,
p. 76-77, et atlas, pl. II (d'après Daux, Les emporia phéniciens). —
Id., ibid., p. 174, et atlas, pl. XI.

(2) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1890, p. 445 (Hannezo, Note sur
Sullectum et sa nécropole). — Ch.,Tissot, op. cit., II, p. 202.

(3) Strabon, XVII, 3, g 17.

(4) Ch. Tissot, Géographie comparée de la province romaine d'Afrique >
I, p. 568.

(5) Le mot cothon, employé par Appien (VIII, 127) paraît être d'origine
phénicienne. Les commentateurs Festus et Servius l'expliquent ainsi : Co-
thones appellantur portus in mari arte et manu facti. Cf. Ch. Tissot, op.
cit.y I, p. 603, note 1.
 
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