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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0173

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APOGÉE ET SOURCE DE LA PROSPÉRITÉ MUNICIPALE. 159

merce chargés de denrées, naves oncrariae, s'alignaient le long
des quais en pierre ; les esclaves des armateurs étaient sans
cesse occupés à remplir ou à vider les entrepôts, à transporter
les marchandises à terre ou à bord. Garthage, Hadrumète, Ta-
cape, Leptis magna s'enrichissaient par le commerce comme les
villes de l'intérieur par l'agriculture ; leurs édifices se miraient
dans les flots bleus de la Méditerranée ; de superbes maisons de
campagne, pavées de mosaïques et décorées d'œuvres d'art,
couronnaient les hauteurs environnantes ou s'abritaient dans
les vallons d'alentour.

Cette éclatante prospérité commença dès le milieu du troi-
sième siècle à s'évanouir. La victoire remportée sur Gordien Ier
par le légat propréteur de Numidie-, Capeilien, resté fidèle à
l'empereur Maximin le Thrace, eut pour les cités africaines les
plus tristes conséquences. Les villes furent pillées, les temples
saccagés, les citoyens massacrés; tout fut livré en proie à une
soldatesque brutale et cupide (1). Il semble bien que le pays ait
été complètement ruiné par cette réaction violente. Entre l'an-
née 238 et l'avènement de Dioclétien, deux édifices seulement y
furent construits, l'arc de triomphe de Mustis élevé en l'honneur
de Gordien III (2), et le temple de Gapsa dédié en l'an 280 pour
le salut de l'empereur Probus (3). Pendant la même période, ci-
tés et particuliers érigèrent beaucoup moins de statues qu'aupa-
ravant dans les temples et sur les places (4). Evidemment la
richesse publique et privée avait sinon disparu, du moins subi
une crise très grave ; la décadence commençait pour l'Afrique
romaine. Saint Gyprien en a tracé un éloquent et curieux ta-
bleau : « Non hieme nutriendis seminibus tanta imbrium copia est,
non frugibus aestate torrendis solis tanta flagrantia est, nec sic ver-
nante temperie sata laeta sunt, nec adeo arboreis foetibus autumna
fecunda sunt. Minus de effossis et fatigatis montibus eruuntur mar-
morum crustae ; minus argenti et auri opes suggerunt exhaustajam
metella déficit in arvis agricola, in mari nauta ... (5). »

En Afrique, comme dans toutes les autres provinces, l'avène-

(1) Hérodien, VII, 9, g§ 10, il- — Capitolin, Maximinus, dans les Scrip-
tores Historiae Augustae, ed. Peter, XIX, 19.

(2) C. I. L„ VIII, 1577.

(3) Id., ibid., 100.

(4) Je ne parle ici, bien entendu, que des monuments et des œuvres d'art
dont l'âge peut être fixé avec certitude, grâce à des documents épigraphi-
ques.

(5) Ad Demetrianum, III (Migne, Patrologie latine, t. IV, p. 564).
 
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