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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0179

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APOGÉE ET SOURCE DE LA PROSPÉRITÉ MUNICIPALE.

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et les particuliers s'unissent pour supporter ensemble les dé-
penses d'une œuvre de ce genre. On lit sur un fragment trouvé
dans l'Hr Batria : parte ex pec(unia) pub[lica), parte ex obla-
tione... (1). En maintes circonstances, l'assemblée municipale
accordait l'emplacement; mais l'édifice était construit ou la
statue était érigée aux frais d'un citoyen ; c'est ce qu'indique la
formule : loco dato decreto decurionam, abrégée en L d. d. d.
Lorsqu'une statue était décernée par une ville à l'un de ses pa-
trons, de ses bienfaiteurs ou de ses anciens magistrats, il arri-
vait souvent que le personnage ainsi honoré prît à sa charge
tous les frais de la cérémonie ; de là les formules épigraphi-
ques : titulo contentus, ou remissa impensa, sua pecunia posuit.

Deux édiles de Neapolis, afin d'ajouter deux statues à toutes
celles qui ornaient le forum de leur cité, prirent sur leurs cas-
settes particulières pour doubler la somme qui provenait des
amendes levées par eux (2). Il est peu vraisemblable que l'on
soit ici en présence d'un épisode exceptionnel.

De tous les faits qui précèdent, il résulte clairement que les
cités africaines se sont construites et embellies elles-mêmes, à
leurs frais. Aucune subvention ne leur a été donnée ni par
Rome ni par la province; presque tous les monuments, dont
l'origine et l'histoire ont été révélées par des textes authenti-
ques, ont été construits, soit par les villes, soit par des parti-
culiers groupés en corporations, associés momentanément ou
isolés. C'est la population locale qui a tout ou presque tout créé
de ses propres deniers, que ces deniers eussent été d'abord ver-
sés au questeur municipal ou qu'ils fussent restés dans la caisse
de chacun.

L'œuvre matérielle, vraiment admirable, que je me suis
efforcé d'embrasser et de décrire clans ce premier livre a été
faite par tous ceux qui habitaient l'Afrique aux trois premiers
siècles de l'ère chrétienne. L'apparence en est presque exclusi-
vement romaine. Il me faut maintenant rechercher si les ou-
vriers en sont, eux aussi, romains. Je vais donc, après avoir
jusqu'ici tenté de reconstituer le cadre extérieur de la vie pu-
blique et privée, essayer de peindre, dans le second livre, la
population qui a vécu dans ce cadre qu'elle-même s'était donné.

(1) C. L L., VIII, Suppl., 11184. •

(2) Super quanlitatem ex mul(c)tis redactam altéra tanta de suo erogata
pecunia : C. L L., VIII, 973, 974.
 
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