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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0212

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198

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

semblées publiques ou groupés en collèges privés, ils dressaient
des actes officiels, des statuts, des procès-verbaux. La supplique
envoyée à l'empereur Commode par des paysans qu'un puissant
locataire du domaine pressurait, de connivence avec un procu-
rateur impérial, n'est parvenue jusqu'à nous que sous sa forme
latine ; il est d'ailleurs probable, certain même, qu'elle n'aurait
pas été accueillie à Rome, si elle avait été écrite en idiome pu-
nique ou libyque. C'est également en latin qu'a été rédigé un
document analogue, dont plusieurs fragments, malheureuse-
ment incomplets, ont été découverts dans les environs de Béja,
à Kasr Mezuar (1). Si les habitants des campagnes furent obli-
gés de se servir de la langue latine, pour transmettre leurs do-
léances au gouvernement impérial, à plus forte raison les ci-
toyens des villes durent-ils, dans les mêmes circonstances,
renoncer à l'idiome qu'avaient parlé leurs aïeux.

Au tribunal du proconsul, comme devant les legali de ce ma-
gistrat, les procès se plaidaient en latin : le discours d'Apulée,
intitulé Apologia ou de magia, n'est qu'un plaidoyer déclamé par
le rhéteur de Madaura pour se défendre contre les parents de sa
femme Pudentilla. Lorsque les chrétiens, amenés devant les
magistrats, devaient répondre du crime de lèse-majesté, c'était
en latin qu'ils étaient interrogés, en latin qu'ils confessaient
leur foi, en latin que leurs persécuteurs les menaçaient des sup-
plices les plus cruels s'ils s'obstinaient à ne pas vouloir sacri-
fier aux dieux de l'empire; c'était en latin qu'était prononcée
contre eux la sentence qui les livrait aux bêtes du cirque.

De l'assemblée provinciale où se réunissaient annuellement
les délégués des cités africaines pour célébrer le culte de Rome
et d'Auguste, le souvenir seul s'est conservé dans quelques in-
scriptions, épitaphes ou dédicaces, qui mentionnent des flami-
nes provinciaux; mais la science moderne sait mieux et avec
plus de précision en quelle langue étaient rédigés les procès-
verbaux [acta] et les décrets des sénats municipaux. Dans les
cités importantes, comme dans les petites villes, les documents
de ce genre, qui pourtant ne traitaient que d'intérêts purement
locaux, étaient toujours écrits en latin (2).

Enfin, sur tous les édifices publics, temples, arcs de triomphe,
curies, basiliques, thermes, sur les bases des statues d'empe-

(1) C. I. L., VIII, 10570 = SuppL, 14664; Suppl, 14428.

(2) C. L L., VIII, Suppl., 15497, 15880. Bulletin archéologique du Comité,
ann. 1893, p. 231, ne 84.
 
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