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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0213
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LA LANGUE. 199

reurs ou de magistrats, les dédicaces étaient toujours lati-
nes. A peine pourrait-on citer une exception à cette règle
générale (1).

Il me parait donc absolument démontré que le latin a été la
seule langue officielle, dont Rome ait autorisé l'usage dans les
provinces africaines. Tout acte, tout document d'administration
provinciale et municipale devait être rédigé en latin ; dans les cé-
rémonies publiques, comme devant les tribunaux, c'était, sauf de
très rares exceptions, le seul idiome dont il fût permis de se servir.

La langue des vainqueurs ne garda pas ce caractère; de très
bonne heure elle cessa d'être exclusivement légale, et, dans cer-
tains cas, obligatoire. Elle fut employée dans les inscriptions
les plus modestes, épitaphes et stèles votives, comme dans les
dédicaces de monuments. Le règlement intérieur de la Curia
Jovis, découvert à Hr Dekkir, non loin des ruines de Simit-
thu, était rédigé en latin , de même que les décrets et les pro-
cès-verbaux des sénats municipaux (2). La prose fut même rem-
placée par des vers sur les murs de plusieurs mausolées, à
Gillium par exemple (3) ; quelques pierres tombales se couvri-
rent de petits poèmes, souvent prétentieux et incorrects, parfois
cependant d'une naïveté charmante et d'une émotion sincère :
telle l'épitaphe bien connue du citoyen de Mactaris (4); telle
encore l'épitaphe d'Urbanilla (5). Dans la vie privée, l'usage du
latin ne fut pas inconnu ; la langue officielle fut en même temps
une langue courante. Les auteurs chrétiens, dont les ouvrages
s'adressaient aux ignorants , autant sinon plus qu'aux gens in-
struits, écrivirent en latin; c'est en latin que saint Cyprien
correspondait avec les évêques, les prêtres et les diacres de
toute la province ; c'est en latin que l'on s'exprima dans les di-
vers conciles tenus à Carthage. Il n'est donc pas excessif ni té-
méraire d'affirmer que le latin était écrit, compris et parlé par
la grande majorité des habitants du pays.

Est-ce à dire toutefois qu'aucune autre langue ne fût connue
et employée dans le pays ? Nullement.

Dans certaines villes de la côte, à Carthage, en particulier,
ainsi qu'à Leptis magna et à Oea, l'usage du grec paraît avoir

(1) A Mactaris : Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Bel-
les-Lettres, ann. 1893, p. 6-7. (Communication de M. Ph. Berger.)

(2) C. J. L., VIII, Suppl., 14683.

(3) Ici., ibid., 212, 218.

(4) Id., ibid., Suppl, 11824.

(5) Id., ibid., 152.
 
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