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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0216

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202 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

était surtout éloquent en punique , quippe genitus apud Leptim
provinciae Africae. Donc, au milieu et à la fin du deuxième siè-
cle de l'ère chrétienne, on parlait encore couramment cette
langue en Afrique. Il suffit de rappeler ici, pour mémoire, les
passages dans lesquels l'évèque d'Hippo regius parle de ce
même idiome et de sa diffusion dans les campagnes de son dio-
cèse. Si le punique était, au quatrième siècle, le dialecte popu-
laire de la Numidie septentrionale, il semble par là même
prouvé que l'usage s'en était conservé dans l'ancien territoire
de Cartilage, son berceau et son foyer primitif. Apulée, d'ail-
leurs, s'exprime à ce sujet en termes très précis et très signifi-
catifs : « Quum a nobis regeretur (il s'agit de Pudens, le fils de sa
femme Pudentilla), ad magistros itabat; ab Us nunc magna fu-
gela in ganeum fugit : amicos serios adspernatur, cum adolescentu-
lis postremissimis inter scorta et pocula puer hoc aevi convivium
agitai... Loquitur nunquam nisi punice, et si quid adhuc a maire
graecissat, latine enim neque vult neque potest (1). » Pudens est un
enfant de bonne famille ; sa mère Pudentilla lui a enseigné le
grec, puis fa envoyé « ad magistros; » mais bientôt le jeune
homme, soustrait à l'influence maternelle, entraîné par d'infâ-
mes compagnons et jeté par eux dans une vie de débauche, a
déserté les écoles ; il sait encore quelques mots de grec ; mais
il ne veut ni ne peut parler le latin ; la langue dont il se sert
habituellement, c'est le punique. Il semble bien ressortir de ce
passage d'Apulée que dans l'Afrique romaine les jeunes gens
apprenaient le latin sur les bancs de l'école ; c'était la langue
noble, distinguée, celle que parlait la bonne société. Le peu-
ple, au contraire, les ignorants, les gens sans instruction et
sans éducation s'exprimaient dans l'ancien idiome du pays, que
dédaignaient les lettrés comme Apulée. Pour savoir le punique,
il suffisait d'avoir fréquenté soit les rues et les places publi-
ques , soit, comme Pudens, les mauvais lieux et ceux qui les
habitent. Le punique, remplacé par le latin dans tous les actes
de la vie officielle, délaissé; au profit des langues étrangères,
par tous ceux qui avaient le culte des lettres, devint et resta
sous l'empire, dans beaucoup de villes africaines, le dialecte
vraiment populaire. Il se répandit même hors des limites de
l'ancien territoire de Carthage : la plupart des inscriptions néo-
puniques retrouvées en Tunisie proviennent des environs de
Mactaris et de Sicca Veneria; une épitaphe bilingue, latine et

(1) Apologie.
 
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