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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0217
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LA LANGUE.

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néo-punique, vient d'être récemment découverte dans l'extrême
sud tunisien, à Remada (i).

Quant à l'idiome berbère ou libyque, il est plus difficile d'in-
diquer sous quelle forme, dans quelle mesure et dans quelles
régions il se conserva surtout comme langue vulgaire. Il est
certain qu'il ne disparut pas, puisque plusieurs tribus saha-
riennes le parlent et l'écrivent encore aujourd'hui, à peine mo-
difié ; mais il fut peut-être refoulé par le latin et le néo-punique
dans les districts les plus montagneux et les moins accessibles, en
particulier dans le massif tourmenté qui sépare la Tunisie de l'Al-
gérie, depuis l'O. Mellègue jusqu'aux rivages de la Méditerranée.

M. Mommsen pense même que la langue libyque a été , dès
l'antiquité, le véritable dialecte indigène , et que le punique
était beaucoup moins populaire parmi les habitants de l'Afrique
romaine. Il fait remarquer, à l'appui de cette opinion, que l'an-
cien idiome carthaginois a de nos jours complètement disparu,
tandis que le berbère est encore parlé dans maintes régions de
l'Afrique du Nord (2). Mais la disparition du punique n'est
qu'apparente. Cette langue , importée en Afrique depuis de
longs siècles par les colons de Tyr et de Sidon, était d'origine
sémitique. Lorsque les Arabes conquirent le pays et en chassè-
rent les Byzantins , la langue qu'ils apportaient avec eux était
aussi d'origine sémitique ; elle avait même des rapports étroits
avec le punique, si l'on peut en juger par les ressemblances in-
déniables qu'il est facile de saisir entre l'idiome des Carthagi-
nois et celui que parlent aujourd'hui les indigènes tunisiens.
Par exemple, dans l'une et l'autre langue, la filiation s'exprime
par le mot ben ; le pronom, à la fois relatif et interrogatif, ana-
logue au qui, quae, quod latin, est ash; l'idée d'écouter avec
bienveillance, d'exaucer un vœu, est rendu par la racine sma
ou shma. Où l'analogie est le plus frappante, c'est dans les noms
de nombre :

(1) Comptes rendus de VAcadémie des Inscriptions et Belles-Lettres,
ann. 1894, p. 272-273.

(2) Mommsen, Rômische Geschichte, t. V, p. 643 ; trad. française, t. XI
p. 284.

Punique.

Arabe moderne.

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ahed
arba

asar

ouahed
arba

khamsa
sebaa

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