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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0225

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LA RELIGION.

21 i

ses prêtres et ses fidèles dans la haute bourgeoisie municipale,
parmi les magistrats et les plus riches habitants des cités afri-
caines. Les dédicaces des nombreux monuments élevés en
l'honneur des divinités de l'empire étaient presque toujours si-
gnées soit par les villes elles-mêmes, soit par des duumvirs, des
édiles, des questeurs. La dignité de flamine perpétuel fut sou-
vent l'apogée et le terme du cursus honorum municipal. Il n'était
pas rare que les prêtres de Rome et d'Auguste eussent d'abord
exercé toutes les charges et rempli toutes les fonctions publiques
dans leur cité; ce sacerdoce, qu'ils avaient vivement désiré,
dont ils étaient très fiers, et dont souvent leur famille se vantait,
terminait et couronnait leur carrière administrative (1).

La religion d'empire et les cultes qui s'y rattachent avaient
donc en Afrique un caractère essentiellement politique. Sans
doute le peuple tout entier prenait part aux cérémonies qui se
célébraient en l'honneur des maîtres du monde (car il serait
tout à fait invraisemblable qu'une partie de la population eût
osé et pu paraître se désintéresser d'un culte qui signifiait pour
tout le monde, pour les souverains et pour les sujets, dévoue-
ment à l'empereur, fidélité à Rome, en un mot loyalisme) ; mais
il n'en est pas moins certain que cette religion n'était pas la
religion populaire, la religion du foyer ; ce n'était pas à ces divi-
nités politiques que s'adressaient les prières intimes, les invo-
cations émues qui partent du cœur. L'âme même du peuple
ne vibrait pas dans les solennités officielles : on ne saurait
par conséquent la saisir ni la retrouver dans les traces que
l'épigraphie nous a conservées de la religion d'empire.

Il ne me paraît pas moins imprudent de chercher cette âme
soit dans les superstitions purement locales soit dans les cultes
dont l'origine étrangère est incontestable.

Dans la vallée de l'O. Khalled ont été trouvées deux dédica-
ces à un Dragon ou serpent sacré (2), dont le culte rappelait
sans doute quelque légende particulière à la contrée voisine de
Thugga et de Thubursicum Bure. De même, les dieux Haos et
Iocolon semblent n'avoir été invoqués qu'aux environs de Nara-
garra ; de même encore le dieu ou la déesse Mathamos de Mas-
culula, la déesse Monna de Thignica paraissent avoir été com-
plètement inconnusTFibrs des murs ou du territoire respectifs de

(1) C. I. L., VIII, 1224; Suppl., 11340, 12018, 14692, 15726, 15827; Bulletin
archéologique du Comité, année 1891, p. 184-185, nos 31 et 32.

(2) C. /. L., VIII, Suppl., 15247, 15378.
 
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