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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0240

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226

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

comme à Carthage, que dans des circonstances exceptionnelles,
lorsqu'un très grave danger mettait en péril l'existence de la
cité, et lorsqu'il paraissait nécessaire de fléchir à tout prix le
courroux des dieux (1). L'antique religion n'étant plus, sous
la domination romaine, la religion officielle de l'Etat, cette cou-
tume perdit par là même toute raison d'être. Quelques prêtres
fanatiques continuèrent, il est vrai, à égorger des enfants sur
les autels de Baal, et sous Tibère, il fallut condamner au supplice
de la croix plusieurs de ces bourreaux obstinés (2). Mais ces
châtiments et l'abolition des sacrifices humains édictée par le
gouvernement impérial n'auraient certainement pas été mieux
accueillis en Afrique qu'en Gaule, si le rite homicide y avait
réellement joui de la faveur populaire. Ce qu'il faut dire, je
crois, c'est qu'on ne sacrifie pas des enfants autour du foyer ni
sur les autels de famille. Réduite au rôle de culte domestique
et privé, l'antique religion de la cité carthaginoise cessa forcé-
ment et naturellement d'être sanguinaire. Le changement qui
se produisit en elle, au début de l'ère chrétienne, contribua
beaucoup plus que les peines les plus cruelles et que les édits
impériaux, à la complète disparition des sacrifices humains.

De toutes les observations que je me suis efforcé de réunir et
d'exposer dans ce chapitre, il résulte, à mon avis, que, malgré
l'introduction en Afrique du culte officiel de l'empire et de plu-
sieurs superstitions orientales, la véritable religion des habitants
du pays, pendant les trois premiers siècles de l'ère chrétienne,
conserva, sous un aspect différent, le caractère et le sens fon-
damental de l'ancienne religion carthaginoise. L'idiome et les
noms latins se substituèrent presque partout à la langue et aux
noms puniques ; la forme extérieure des sanctuaires se modifia
peu à peu sous l'influence de la civilisation et de l'architecture
gréco-romaines; les symboles orientaux furent remplacés sur les
stèles par des figures humaines, par des types empruntés presque
tous à l'art hellénique ou hellénistique. Mais les divinités, en
l'honneur desquelles se célébraient les cérémonies du culte, res-
tèrent immuables ; l'essence même et le cœur de la religion ne
furent pas atteints.

(1) Diodore de Sicile, XX, g 14; Fragmenta Historié. Roman, (ed. Peter),
p. 375; Eusèbe de Césarée, Praepar. Evangel.^ IV, § 16. — J. Toutain, De
Saturni dei..., p. 114-117.

(2) Tertullien, Apolog., IX.
 
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