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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0246

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232 LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

d'ossements calcinés ont été retrouvées tout près de sarcophages
qui contenaient des squelettes intacts (1).

Mais de ce fait matériel, pris à part et en lui-même, on ne
saurait conclure immédiatement que, parmi les sujets ensevelis
dans ces nécropoles, les incinérés fussent certainement des
colons immigrés, venus d'Italie, tandis que les autres auraient
appartenu aux races phénicienne et libyque. En thèse générale,
il n'est pas inexact de dire que les Romains brûlaient leurs
morts et que les Phéniciens les inhumaient : l'incinération fut
en effet très pratiquée à Rome. De même partout où les Phéni-
ciens ont vécu, dans tous les pays où ils ont créé des colonies,
l'inhumation a été le mode le plus usuel de sépulture ; dans la
mère-patrie, comme autour de Carthage, comme en Sardaigne,
comme à Gadès, les nécropoles aujourd'hui connues contenaient
surtout des sarcophages et des squelettes.

Toutefois cette double règle souffre des exceptions, plus
nombreuses à Rome, plus rares chez les Phéniciens. Les Ro-
mains inhumaient primitivement leurs morts : lorsque l'usage
de la crémation s'introduisit chez eux, plusieurs familles, dont
la plus illustre est la gens Cornelia, restèrent longtemps fidèles
à l'ancien rite ; les mausolées construits le long des grandes
voies qui traversent la campagne romaine ne renferment pas
moins de cercueils en pierre que d'urnes cinéraires en terre
cuite. Quant aux Phéniciens, on croyait encore, il y a quelques
années, qu'ils n'avaient jamais connu l'usage de brûler les ca-
davres ; mais une découverte récente a prouvé que cette opinion
était inexacte, au moins en ce qui concerne les habitants des
colonies tyriennes et sidoniennes de l'Afrique septentrionale.
Dans une des nécropoles puniques d'Hadrumète ont été trou-
vées, depuis 1888, de nombreuses jarres en poterie, pleines de
cendres et d'ossements calcinés ; sur quelques-uns de ces vases,
l'épitaphe du défunt était tracée au pinceau en langue et en
lettres puniques. D'après M. Ph. Berger (2), l'écriture même de
ces textes funéraires est très instructive. Les caractères n'en

(1) Dans la nécropole romaine d'Hadrumète (Bulletin archéologique du
Comité, ann. 1889, p. 110 et suiv.; ann. 1893, p. 193 et suiv.); dans la nécro-
pole romaine de Sullectum (Jd., ann. 1890, p. 445 et suiv.); à Thaenae (Jd.,
ann. 1892, p. 140 et suiv.). A Bulla regia, l'incinération était générale; tou-
tefois, le Dr Carton a rencontré quelques squelettes intacts dans la partie
de la nécropole qui date certainement de l'époque romaine. (Ici., ann. 1890,
p. 149 et suiv.)

(2) Bulletin archéologique du Comité, ann. 1889, p. 102-103.
 
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