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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0249

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LES COUTUMES FUNÉRAIRES.

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phage ainsi constitué était clos par une tuile posée de champ (1).

Sous ses diverses formes, ce type de sépulture est d'origine
punique. Le P. Delattre l'a, en effet, trouvé dans une des plus
anciennes nécropoles de Carthage. Au cours de fouilles entre-
prises sur la colline même de Byrsa, il atteignit, à une profon-
deur de 2m,50 environ, une couche de tombes d'une nature toute
particulière. C'étaient de grands vases couchés horizontalement
par lignes sensiblement parallèles ; ces vaisseaux, amphores en
terre rouge ou grise revêtues extérieurement d'une couverte
jaunâtre, contenaient des ossements humains, le plus souvent
calcinés. Gomme les menus objets trouvés dans ces tombeaux
sont presque tous de style égyptisant, cette nécropole date de
l'époque lointaine où Carthage n'avait pas encore subi l'in-
fluence industrielle et artistique des colonies grecques de Sicile.
C'est donc bien d'Orient qu'est venue dans l'Afrique du nord la
coutume d'ensevelir les cadavres, inhumés ou incinérés, dans
de grandes jarres en poterie. Cette coutume, qui paraît s'être
répandue hors des limites du territoire carthaginois, puisque
Bulla regia était une cité numide, a survécu à la chute de la
domination punique. Les habitants de l'Afrique romaine l'ont
observée ; même après leur conversion au christianisme, ils lui
sont restés fidèles (2).

Ce n'est pas seulement dans la forme et la nature des tombes
que l'on reconnaît, à l'époque romaine, la trace d'anciens usages
et la marque d'une civilisation orientale ; la disposition des
sépultures et la physionomie générale des cimetières ne sont pas
moins caractéristiques.

Il est vraisemblable que les Africains ont reçu de la Grèce et
de Rome l'habitude de construire des chambres funéraires
au-dessus du sol, d'élever des mausolées, des stèles et des
cippes, c'est-à-dire des monuments [monumenta, de monere) des-
tinés à indiquer l'emplacement exact du tombeau; enfin, de
grouper les tombes le long des principales voies par lesquelles
les vivants entraient dans les villes ou en sortaient ; mais les
hypogées profondément creusés et les sépultures dissimulées
avec soin sont évidemment d'origine phénicienne.

(1) Ce genre de sépulture a été surtout étudié à Bulla regia par le docteur
Carton [Revue archéologique, loc. cit., p. 24-25; Bulletin archéologique du
Comité, ann. 1890, p. 178-179). Je l'ai retrouvé en 1892 dans une des nécro-
poles de Simitthu.

(2) La nécropole chrétienne de Taparura renferme beaucoup de sépultu-
res en jarres (Vercoutre, Revue archéologique, etc., loc. jam cit.).
 
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