Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0259

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES COUTUMES FUNÉRAIRES.

245

les cadavres dans de grands vaisseaux en poterie. De la Sicile
grecque et de l'Italie hellénisée, d'autres rites passèrent en
Afrique : les tombes se creusèrent alors à fleur de sol ; les mo-
numents funéraires se construisirent en plein air autour des
villes ; les vivants s'accoutumèrent à entrer en relations avec
les morts, à faire des libations en leur honneur, à leur adresser
des prières, en un mot à célébrer le culte des Mânes.

Il ne faudrait pas croire que ces usages d'origine si différente
se soient succédé, ou qu'ils aient régné, les uns dans une partie
du pays, les autres dans une autre. En réalité, ils ont coexisté
dans le temps et dans l'espace. Les divers modes de sépulture
et les types de tombes les plus variés ont été reconnus et trouvés
pêle-mêle dans les nécropoles romaines d'Hadrumète et de
Bulla regia. Les anciennes traditions survécurent, tandis que
des coutumes nouvelles s'introduisaient. Ces traditions et ces
coutumes se pénétrèrent les unes les autres, comme sans doute
les deux courants d'idées qu'elles représentaient. De même que
les cadavres inhumés étaient soit enfermés dans des sépultures
hermétiquement closes, soit couchés dans un double lit de
chaux et de plâtre, de même des urnes cinéraires furent ici
noyées dans la maçonnerie des tombeaux, là profondément
enterrées sous une masse compacte de pierres et de mortiers. La
formule religieuse Dis manibus sacrum fut inscrite sur maintes
sépultures dont la disposition extérieure et le caractère ne
répondaient nullement à cette conception gréco-romaine de la
mort.

L'étude des coutumes et des rites funéraires observés dans
l'Afrique romaine aboutit donc, en somme, aux mêmes conclu-
sions que l'examen de la religion, des idiomes, de l'onomastique
et de la nomenclature. Deux éléments d'origine diverse, indé-
pendants l'un de l'autre, sont entrés en contact vers le temps de
l'ère chrétienne ; loin de se combattre ou de se détruire mutuel-
lement, ils se sont en quelque sorte associés et fondus. Les
mœurs antiques, héritées des colons Phéniciens, des Numides
et des Liby-phéniciens, se sont modifiées en apparence; les
usages nouveaux introduits par Rome ont été accueillis sans
résistance et souvent adoptés ; mais cette transformation a été
plus superficielle que profonde ; elle n'a pas atteint les morts
plus que les vivants ; elle est beaucoup plus sensible dans les
riches tombeaux et les mausolées orgueilleux que dans les
tombes modestes et anonymes.
 
Annotationen