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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0261

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ETHNOGRAPHIE DES HABITANTS DE L'AFRIQUE PROCONSULAIRE. 247

ployer à l'exclusion de tout autre, les gens du peuple parlaient
encore, dans toute l'étendue de la région , ici le punique, là le
libyque ; que les noms multiples et variés des divinités grecques
et romaines dissimulaient à peine les dieux et les déesses
qu'avaient adorés les colons phéniciens, et, après eux, les tribus
numides soumises à l'influence carthaginoise ; que le paganisme
africain, sous l'empire, était profondément dissemblable du
polythéisme anthropomorphique des Grecs et des Ptomains hel-
lénisés ; enfin, que les usages et les rites funéraires, révélés par
des fouilles nombreuses, et par l'exploration méthodique de
niaintes nécropoles romaines, ne dérivaient pas moins des tra-
ditions puniques que des coutumes observées à Pvome au temps
de César et d'Auguste. Le passé survivait donc dans ce pays ;
sous la toge romaine dont il était revêtu, il avait gardé ses traits
les plus caractéristiques.

Il est incontestable qu'il ne serait resté presque aucune trace
de ce passé, si les habitants n'avaient pas été, en très grande
majorité, les descendants des Carthaginois et des Libyens (1).

(1) C'est d'ailleurs ce que semblent confirmer les trop rares documents
anthropologiques et iconographiques, trouvés jusqu'à présent dans l'Afrique
du Nord. — Quelques crânes, assez bien conservés, ont été examinés par
MM. les docteurs Collignon et Bertholon (L'Anthropologie, ann. 1892, p. 163
et suiv. ; Documents anthropologiques sur les Phéniciens , communication
faite le 2 juillet 1892 à la Société d'anthropologie de Lyon); ils ont été re-
cueillis les uns par le P. Delattre dans les tombeaux puniques de Byrsa; un
autre, par le D1' Carton, sous un mausolée de Bulla regia, construit certai-
nement à l'époque romaine ; d'autres, par le lieutenant Hannezo, dans une
nécropole voisine de Mahedia, nécropole d'origine incontestablement puni-
que, mais où l'on ensevelissait encore sous l'empire; d'autres enfin dans le
cimetière chrétien de Thabraca. On ne saurait mettre en doute l'origine
phénicienne des individus exhumés sur l'emplacement même de Carthage.
Or les crânes qui proviennent des fouilles exécutées prés de Mahedia, ainsi
que dans les ruines de Bulla regia et de Thabraca, sont absolument iden-
tiques à ces crânes phéniciens. Comme la race phénicienne se distingue très
nettement, par ses indices anthropologiques, et de la race dite indigène, et
de la race européenne, il me paraît certain que les descendants des anciens
colons tyriens et sidoniens étaient restés en Afrique sous la domination ro-
maine ; ils semblent môme ne pas s'être fondus dans les autres races qui
vivaient en même temps qu'eux sur le sol africain, puisque les crânes de
deux chrétiens de Thabraca, morts sans doute au quatrième ou au cin-
quième siècle, sont exactement semblables aux crânes de deux Carthaginois
ensevelis, dix siècles au moins plus tôt, sous les dalles grossièrement
équarries des sépultures puniques. Quant aux documents iconographiques,
trois têtes seulement peuvent, je crois, être citées ici à titre de documents :
elles proviennent toutes les trois de Sicca Veneria. La première est une
tête de femme, en marbre blanc, encore inédite, bien qu'elle soit exposée
 
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