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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0263
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ETHNOGRAPHIE DES HABITANTS DE L'AFRIQUE PROCONSULAIRE. 249

Les deux races phénicienne et libyque n'étaient donc pas res-
tées, sous l'empire de Carthage, étrangères l'une à l'autre;
mais la fusion de ces deux éléments ethnographiques fut sur-
tout favorisée par l'établissement de la domination romaine. A
mesure que la province se colonisa, l'idiome néo-punique se
répandit et le culte de Saturne devint populaire jusqu'au fond
des campagnes. Il serait donc très malaisé, pour ne pas dire
impossible, de distinguer, parmi les Africains de l'époque impé-
riale, les héritiers des anciens colons phéniciens et les descen-
dants des cavaliers numides. Il est seulement permis de croire
que l'élément punique était demeuré plus pur et plus puissant
près des rivages de la Méditerranée, autour des anciennes co-
lonies tyriennes et sidoniennes, tandis que, dans les régions
montagneuses et peu accessibles, les Berbères avaient beaucoup
moins subi qu'ailleurs l'influence des Orientaux.

Cette population, issue du mélange de deux races très diver-
ses , accueillit de bon gré la civilisation gréco-romaine ; les
noms latins, la langue et l'écriture latines, la nomenclature
mythologique et certaines coutumes funéraires des Grecs et
des Romains se répandirent dans la province. Ces usages nou-
veaux s'introduisirent peu à peu; la présence au milieu des
indigènes d'éléments étrangers, plus ou moins nombreux et
plus ou moins stables, aida beaucoup sans doute à leur diffu-
sion.

Les fonctionnaires provinciaux n'étaient pour ainsi dire ja-
mais originaires des pays dans lesquels ils exerçaient leurs
charges. Les gouverneurs d'Afrique étaient, avec ceux d'Asie,
les seuls gouverneurs de rang consulaire ; aussi, pendant le pre-
mier siècle de l'empire, sortaient-ils en général des plus illus-
tres familles romaines, par exemple des génies Domitia (L. Do-
mitius Ahenobarbus en 12 av. J.-C), Fabia (Q. Fabius Maximus
Africanus en 5 av. J.-C), Calpurnia (L. Calpurnius Piso, 1 avant
ou après J.-C), Cornelia (L. Cornélius Lentulus, 4-5 ap. J.-C;
Cn. Cornélius Lentulus Cossus, en 6 ap. J.-C). Plus tard, lors-
que les provinciaux s'élevèrent ~aux plus hautes dignités de
l'empire, les empereurs comprirent combien il pouvait être
dangereux de confier à un proconsul ou à un propréteur le gou-
vernement de la province dans laquelle il était né. Le péril
était particulièrement grave en ce qui concernait YAfrica, pays
riche et fertile, qui jouait un rôle important dans l'alimentation
de Rome et de l'Italie tout entière. Ce qui probablement n'avait
été d'abord qu'une règle de conduite politique, devint, sous
 
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