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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0269

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LA SOCIÉTÉ AFRICAINE.

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rang était occupé par une classe sinon partout très riche, du
moins fort aisée, véritable aristocratie municipale dont le rôle
a été longtemps considérable. Ce sont les membres de cette
aristocratie qui ont le plus contribué à l'embellissement maté-
riel de leurs patries: pendant tout le second siècle et pendant
les premières années du troisième, ils ont élevé à leurs frais
des arcs de triomphe, des portiques, des temples ; ils ont con-
struit des aqueducs, des fontaines, des basiliques, des thermes ;
ils ont orné de colonnades, de bas-reliefs, de groupes et de sta-
tues les places publiques, les théâtres et les sanctuaires des
dieux. Parmi ces œuvres, il en est qui ont coûté fort cher : les
sommes ainsi dépensées se chiffraient toujours par milliers
de sesterces, quelquefois par dizaines de milliers (1). Ici, un
seul habitant était assez riche pour distribuer à ses conci-
toyens dix mille boisseaux d'excellent blé (2) ; là, un simple
particulier pouvait prendre à sa charge pendant une année
entière le soin de l'annone publique (3); d'autres laissaient en
mourant à leur ville des legs considérables ou lui faisaient de
leur vivant d'importantes donations (4).

Quelle était donc la source à laquelle s'alimentaient les for-
tunes de ces provinciaux? D'après les documents aujourd'hui
connus, c'était l'agriculture, au sens le plus général du mot,
c'est-à-dire l'exploitation de toutes les richesses végétales du sol
africain. Dans cette province, la culture du blé, de la vigne et
de l'olivier paraît avoir donné, avec l'élève du bétail, les plus
beaux bénéfices aux propriétaires fonciers. Les mosaïques si
intéressantes de Thabraca et d'Uthina, où la vie et l'activité

(1) A Lares, un certain Aemilianus consacra 110,000 sesterces.(environ
27,500 francs) à la construction d'un seul édifice (C. I. L., VIII, Suppl.,
1G322); à Mustis, le temple de la Fortune, bâti aux frais de plusieurs mem-
bres d'une même famille, coûta 70,000 sesterces (17,500 francs); à Thugga,
50,000 sesterces (12,500 francs), à Seressis, 25,000 sesterces (6,250 francs)
furent dépensés par de simples particuliers ou par des magistrats munici-
paux pour embellir la cité (C. î. L., VIII, 1574, 1482, 937).

(2) A Thuburnica {Bulletin archéologique du Comité, ann. 1891, p. 182-
184, nos 29, 30).

(3) A Sicca Veneria (C. L L,, VIII, 1648); dans la petite ville dont les
restes se voient à IIr Oudeka (Jd., ibid., Suppl., 15497). Cf. Bulletin archéo-
logique du Comité, ann. 1892, p. 154-155, lig. 6.

(4) Voir en particulier le don de 100,000 sesterces fait à la ville de Thugga
par Asicia Victoria, les donations de 50,000 sesterces faites à la ville de
Mactaris par C. Sextius Martialis, et à Sufes par P. Magnius Amandus ;
voir surtout le legs alimentaire de P. Licinius Papirianus à Sicca Veneria
{C /. L., VIIÏ, 1495, 1641 ; Suppl., 11430, 11813.)
 
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