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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0274

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260 LES CITES ROMAINES DE LA TUNISIE.

ments et de statues qu'ils signaient, dans les épitaphes qu'ils
préparaient pour leurs mausolées.

Ces riches provinciaux avaient encore une autre ambition :
ils voulaient à tout prix paraître romains. Ce furent les mem-
bres de la bourgeoisie municipale qui, parmi tous les habitants
du pays, adoptèrent avec le plus d'empressement la civilisation
des vainqueurs. Les traces de la nomenclature et de l'onomas-
tique punico-libyques sont rares dans les inscriptions qui les
nomment ; ils affectaient d'apprendre et de parler le latin ; ils
dédaignaient, comme Apulée, et laissaient aux petites gens
l'usage de l'idiome qu'avaient parlé leurs ancêtres ; les divi-
nités qu'ils invoquaient de préférence, c'étaient soit la Triade
Capitoline, protectrice de Rome et de l'empire, soit les dieux et
les déesses du panthéon gréco-romain ; tandis que sous les
tombes modestes étaient encore observés les usages et les rites
d'autrefois, leurs sépultures ornées d'autels, leurs mausolées
en forme de temples n'auraient pas été déplacés sur les bords
du Tibre.

Cette vanité et ces ambitions peuvent prêter à sourire ; elles
n'en ont pas moins exercé une très grande et très heureuse in-
fluence sur l'histoire et sur le développement des petites villes
africaines. Elles ont inspiré et engendré la plupart des œuvres
monumentales et artistiques dont ces villes ont été parées ; la
richesse, issue de la terre féconde, s'est dépensée sur cette
même terre, dont elle a transformé la physionomie et augmenté
la valeur. Si la colonisation romaine a été un bienfait pour les
provinces d'Afrique (et de cela il n'est guère possible de dou-
ter), ce bienfait, le pays l'a dû surtout à l'aristocratie munici-
pale, dont les défauts n'ont pas moins contribué que les qua-
lités à répandre partout une incomparable prospérité matérielle.

Au-dessous de cette bourgeoisie riche, ambitieuse et profon-
dément romanisée, vivait une population plus modeste, partant
plus obscure. Ce n'est point d'elle en général que nous parlent
les longues inscriptions ; les épitaphes des petites gens ne nous
apprennent que leurs noms et l'âge auquel ils sont morts. Cette
plèbe a dû pourtant être nombreuse et active. Dans toute agglo-
mération urbaine, il est nécessaire que certaines industries
travaillent, que certains métiers s'exercent. A la ville, les arti-
sans , les ouvriers, les petits marchands sont indispensables ;
mais ils n'ont pas d'histoire ; ils laissent rarement sur le sol où
ils ont vécu un souvenir ou une trace. A Carthage et à Macta-
 
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