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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0287

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LES AFRICAINS CHEZ EUX ET HORS DE CHEZ EUX. 273

comme Julius Ingenuus de Ghusira, centurion d'une des légions
de Germanie (1); comme la pauvre Urbanilla (2). Fait plus cu-
rieux encore et plus significatif : un cénotaphe fut élevé, près de
Sicca Veneria, à un enfant du pays, qui était mort à Rome et
qui avait été enseveli dans un mausolée près du Vatican (3).
D'autres enfin témoignaient de leur patriotisme en comblant de
bienfaits la ville où ils étaient nés, comme P. Licinius Papiria-
nus de Sicca Veneria (4), comme G. Julius Galba de Mustis (5).

Par leur vie quotidienne et par leurs sentiments, non moins
que par leur origine, les habitants de l'Afrique romaine étaient
bien des Africains. De près ou de loin, ils tenaient étroitement
au sol sur lequel ils étaient nés, aux sillons creusés par leurs
aïeux, aux bois d'oliviers sous lesquels ils s'étaient promenés
enfants, aux palmiers de leur oasis. La pensée de la grande pa-
trie romaine ne chassait point de leur âme l'amour ou le souve-
nir de leur petite ville. Pour être vif, ce patriotisme n'était pas
exclusif ni ombrageux ; ces provinciaux n'étaient pas irrités
contre Rome qui les avait vaincus et conquis, contre les empe-
reurs qui gouvernaient l'Afrique au nom du peuple romain ; si
parfois ils se soulevèrent contre des proconsuls, s'ils se plai-
gnirent de quelques procurateurs, ce fut, non point parce que
ces proconsuls et ces procurateurs représentaient, à leurs yeux,
une cité victorieuse dont ils détestaient la domination, mais
parce que, personnellement, ces fonctionnaires avaient abusé de
leur puissance et de leur autorité. Mille monuments, mille in-
dices démontrent que la suprématie romaine fut acceptée dans
ce pays sans arrière-pensée : les gentilices impériaux y furent
choisis avec empressement ; le culte de Rome et d'Auguste n'y
rencontra aucune opposition ; le grand dieu populaire, Saturne,
y fut invoqué pour le salut de l'empereur ; la langue latine s'y
répandit d'un bout à l'autre ; elle y fut d'abord introduite

(1) C. 1. L., VIII, Suppl., 12128 : Julius Ingenuus obit in Gallia morte; —
conjux patriae gremio mandat Virula corpus; — Germaniae meruit spe-
culator et cornicularius legionis; initium vitis vitae fuit finis.

(2) Id., ibid., 152 : Urbanilla mihi conjux verecundia plena hic sita est;
Romae cornes negotiorum socia parsimonio fulta. — Bene gestis omnibus
cum in patria mecum rediret, — Au! miseram Carthago mihi eripuit
sociam.

(3) Id., ibid., Suppl., 15930.

(4) Ici., ibid., 1641.

(5) Id., ibid., Suppl, 15576.

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