Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0324

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
310

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

très attribués (attributi) aux cités dont Rome voulait payer l'al-
liance et reconnaître les services ; c'est ainsi qu'Utique reçut
tout le territoire qui s'étendait depuis Garthage jusqu'à Hippo
Diarrhytus (1).

Dans la nouvelle province sept villes furent déclarées libres,
et sans doute aussi exemptes d'impôts : Utique, Hadrumète,
Thapsus, Leptis minor, Acholla, Theudalis et Uzalis (El Alia).
Rome ne leur reconnut pas ces privilèges dans un traité conclu
de puissance à puissance ; elle les leur accorda de son plein
gré. Les villes libres d'Afrique ne furent point des civitates
foederatae ; leur autonomie apparente resta à la merci du peu-
ple romain. Utique devint la capitale et la résidence du pro-
consul.

Victorieuse de sa rivale séculaire et maîtresse de l'ancien
empire carthaginois, Rome s'était exclusivement préoccupée de
ses intérêts politiques : de ses ennemis, elle avait cruellement
châtié ceux-ci, suivant les anciennes lois de la guerre, lourde-
ment assujetti ceux-là; elle les avait tous réduits à l'impuis-
sance. Elle ne s'était pas montrée ingrate envers ses alliés;
mais en se réservant le droit formel de disposer d'eux à l'avenir
suivant son bon plaisir, elle les tenait à sa discrétion et dans sa
dépendance. C'était là une politique égoïste et stérile : « Rome
se contentait de garder le cadavre, sans chercher à y éveiller
une vie nouvelle (2). »

A plus forte raison ne se soucia-t-elle pas alors d'introduire
et de faire pénétrer profondément dans l'intérieur du pays la
civilisation qu'elle représentait. Les limites tracées par Scipion
Emilien entre le territoire annexé et le royaume numide ne
laissaient à Rome qu'une bande de terrain fort étroite qui s'al-
longeait depuis Thabraca jusqu'à Thaenae : la province créée
en 146 n'était guère qu'une façade sur la Méditerranée; on avait
abandonné aux fils de Massinissa les grandes plaines si fertiles
du moyen Bagradas et presque toute la côte des Syrtes (3).

(1) Appien, loc. cit. : « xaî ôarat Pa)[xatoiç peêoYiôyjxsa-av, ywpav sSwvcav éxàaTV)
t9)ç ôopixTY]Tou, xaï 7Tpà)TOv fj.àXicrTa 'Jtuxouoiç tt)v [i.£XPl Kaçtyri^ovoç aiJTyjç xal cItt-
Titôvoç £Tut Ôàtspa. »

(2) Mommsen, Rom. Geschichte, t. V, p. 623; trad. française, t. XI, p. 255.

(3) Voir plus haut, liv. I, ch. i, p. 19-20. — Il est vrai qu'en 106, après la
défaite de Jugurtha, la Tripolitaine fut réunie à l'ancienne province; mais
il ne faut pas oublier que Leptis magna avait elle-même réclamé la protec-
tion de Rome (Salluste, Jugurth., 79 : Legati ex oppido Lepti ad Metellum
vénérant, orantes uti praesidium praefectumque eo mitteret... Leptitani
 
Annotationen