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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0325

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LA POLITIQUE MUNICIPALE DE ROME. 311

L'impopularité et l'avortement de la colonie conduite par C.
Gracchus lui-même sur l'emplacement de Carthage démontrent
bien d'ailleurs que ni le sénat ni le peuple romain ne se préoc-
cupaient de coloniser, au sens moderne du mot, les provinces
conquises par les légions ; on les occupait, pour les livrer à des
proconsuls avides, qui les pressuraient et qui en rapportaient
au bout d'un an de scandaleuses fortunes.

11 en fut ainsi jusqu'à César. Avec le dictateur et après lui,
la politique romaine s'inspira de sentiments que le sénat paraît
n'avoir jamais connus. En Afrique, pendant sa lutte contre les
chefs pompéiens et contre Juba Ier, César ne rencontra pas que
des partisans ; si les habitants d'Utique lui restèrent dévoués,
malgré la présence de Caton, Hadrumète, Leptis minor, Thapsus
et Thysdrus firent cause commune avec- ses ennemis et avec un
prince étranger. Vainqueur, il aurait pu les châtier, comme
autrefois avaient été châtiées les villes complices de Carthage,
et personne n'eût été étonné ni même indigné s'il avait traité
des alliés, presque des sujets de Rome, comme Marius et Sylla
avaient traité leurs rivaux politiques, comme Octave, Antoine
et Lépide devaient, quelques années plus tard, traiter leurs plus
glorieux adversaires. Son attitude fut bien différente : les cités,
qui lui avaient fermé leurs portes, furent condamnées à des
amendes en espèces ou en nature : Hadrumète dut payer trente
mille sesterces (7,500 francs environ); Thapsus, vingt mille
(5,000 fr.) ; Leptis minor dut fournir annuellement trois cent
mille mesures d'huile; Thysdrus, une certaine quantité de fro-
ment; mais villes, biens et personnes ne subirent aucun dom-
mage (1). Cette politique s'affirma davantage encore par la
reconstruction de Carthage. •

En voyant s'accomplir l'œuvre de mort dont l'exécution lui
avait été confiée, Scipion Emilien s'était souvenu d'un vers
d'Homère et avait songé que Rome, sa patrie, serait peut-être
un jour, elle aussi, la proie de flammes allumées par un vain-
queur impitoyable ; Marius, chassé d'Italie, poursuivi jusque
sur les ruines de Carthage, n'avait su que comparer sa destinée
à celle de la patrie d'Hannibal. César fut le premier Romain
dont la pensée, à l'aspect de ces lieux fameux, se dégagea de

jam inde a principio belli Jugurthini ad Bestiam consulem et postea Ro-
mam miserant amicitiam societatemque rogatum).

(1) De bello Africano , 97 : Civitates bonaque eorum ab omni injuria ra-
pinisque défendit.
 
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