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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0363
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LE REGIME MUNICIPAL DANS L AFRIQUE ROMAINE. 349

lée de l'O. Mahrouf, les habitants du Municipium Fumitanum
paraissent s'être appelés les Limisenses (1).

Puisque cette dualité interne n'apparaît que dans les cités
pérégrines, il n'est point douteux qu'elle y fût un legs du passé.
Aucun document ne permet d'en indiquer l'origine avec une
certitude scientifique ; mais on voudra peut-être accorder quel-
que vraisemblance à l'hypothèse suivante. Les villes africaines,
qui portaient encore au début du deuxième siècle le titre de ci-
vitas, n'étaient point de création romaine ; elles avaient été fon-
dées avant que Rome eût pris possession du territoire de Car-
thage et du royaume numide : l'inscription punico-libyque de
Thugga, les textes de Bisica et de Furnis qui mentionnent des
suffètes en font foi et démontrent en même temps que la plupart
de ces villes avaient été des centres puniques avant de devenir
des cités romaines. Aristote, on l'a vu plus haut, a défini en
quelques mots le véritable caractère des colonies carthaginoises,
groupes de citoyens pauvres que la métropole africaine instal-
lait en pays étranger (2). La constitution municipale de ces
villes était modelée sur celle de Garthage elle-même ; mais le
territoire qui les environnait était occupé par des Libyens moins
sédentaires, inaccoutumés à la vie urbaine, considérés et traités
plutôt comme des sujets que comme des alliés ; de là naquit peut-
être, dans les régions où pénétra la domination carthaginoise,
une séparation politique, je dirais presque une opposition entre
la ville proprement dite, habitée par les colons puniques , et la
campagne, où vivaient surtout des indigènes, entre la civitas et
le pagus. Ces deux éléments, juxtaposés mais non fondus, ne
furent pas toujours désignés par un seul et même nom. En exa-
minant de près les textes trouvés dans les ruines de Bisica, on
y lit, d'une part, que la Civitas Rir. Aq. Sacar. était administrée
par des suffètes, et, d'autre part, qu'il existait chez les Bisicenses
des undecimprimi. Or, si la fonction qu'exerçaient les suffètes
était une magistrature municipale d'origine punique, les unde-
cimprimi sortaient, au contraire, des tribus numides (3). Il sem-

une époque où Bisica n'était pas encore une commune de constitution ro-
maine : C. I. L., VIII, Suppl., 12302.

(1) C. L L., VIII, Suppl., 12036, 12039.

(2) Voir liv. I, chap. m, p. 51.

(3) Deux textes le prouvent; C. I. L., VIII, Suppl, 12331 : Gens Bac-
chuiana templum sua pecunia fecerunt id(emque) dedic(averunt) ; Candi-
dus Balsarnonis f{ilius) ex XI primis amplius spatium in quo templum
 
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