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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0376

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362

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

de statues retrouvées l'une à Gighthis (1), l'autre à Uccula (2).
Elle a laissé moins de souvenirs que la plus humble des cités de
la province.

Les villes si nombreuses et si prospères de l'Afrique procon-
sulaire ne se sont donc pas rapprochées les unes des autres ;
elles ne se sont pas groupées. Si l'unité municipale fut dans ce
pays, pendant un siècle et demi, une unité réelle, parce que
chaque commune vivait d'une vie propre très intense et très ac-
tive, l'unité provinciale ne fut jamais qu'une expression admi-
nistrative. La province Proconsulaire n'était que l'assemblage
factice d'un grand nombre de cités. Les habitants n'en étaient
ni des Romains, ni même des Africains ; ils étaient purement
et simplement de leur ville ; ils ne connaissaient pas d'autre pa-
trie ; s'ils étaient très désireux d'acquérir le droit de cité ro-
maine ou très fiers de l'avoir acquis ; s'ils étaient fidèles envers
l'empereur et s'ils acceptaient sans arrière-pensée la domina-/
tion de Rome, ils ne s'en croyaient pas pour cela membres d'un
véritable Etat, au sens moderne du mot. Ils ne connaissaient
que des cités : leur patrie d'abord, puis Rome, la cité victo-
rieuse et maîtresse, puis Carthage et quelques autres; mais ils
ne concevaient pas une forme politique plus vaste et plus com-
plexe qui embrassât plusieurs cités et leur donnât une unité
supérieure.

Et d'ailleurs, d'où auraient-ils reçu cette notion que l'anti-
quité classique paraît ne pas avoir connue ? Ils furent soumis
d'abord à Carthage, ensuite à Rome. Carthage et Rome ne fu-
rent jamais que des cités; elles ne surent que grouper autour
d'elles d'autres cités vaincues, ou bien, par une fiction juridi-
que, étendre à l'infini leur propre territoire municipal. Elles ne
créèrent pas de véritables Etats ; elles n'unirent pas en un or-
ganisme souple et harmonieux toutes les unités municipales
éparses autour d'elles et soumises à leurs lois.

(1) C. /. L., VIII, SuppL, 11017.

(2) Id., ibid., SuppL, 143C4.
 
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