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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0379

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DÉCADENCE DE LA VIE MUNICIPALE DANS L'AFRIQUE ROMAINE. 365

répétition des mesures prises par le gouvernement central prou-
vent que ces efforts furent dépensés en pure perte.

C'est alors, comme on l'a vu dans le précédent chapitre, que
les curatores reipublicac se multiplient dans les cités africaines.
Aux anciens magistrats vraiment municipaux, organes de la
commune dans une certaine mesure autonome, succèdent des;
fonctionnaires élus sans doute par les décurions, mais qui n'en
représentent pas moins les intérêts du pouvoir central et dont
toute l'autorité émane de l'empereur (1).

Il y a donc un contraste frappant et pour ainsi dire absolu
entre l'époque des Sévères et le quatrième siècle. Dès l'époque
des tétrarques, la vie municipale était en pleine décadence ; les
villes ruinées se dépeuplaient ; le gouvernement impérial es-
sayait, mais en vain, par des constitutions, par des rescrits,
par son intervention presque directe, d'y réveiller l'antique
prospérité.

Que s'était-il donc passé? Quelle catastrophe ou quelle série
d'épisodes avaient pu transformer aussi complètement la phy-
sionomie du pays? Pendant plus de deux siècles, grâce à la sé-
curité parfaite que leur assurait la puissance romaine, à la fa-
veur de la paix qui régnait entre les vaincus et les vainqueurs,
les cités africaines avaient grandi, s'étaient épanouies et enri-
chies. Quels furent les événements qui mirent fin à cette heu-
reuse période? L'orage, qui balaya toutes ces richesses, fut-il
subit ou gronda-t-il longtemps avant d'éclater?

En l'année 238 de l'ère chrétienne, l'ancien berger thrace G.
Julius Verus Maximinus était empereur ; depuis huit ans,
l'Afrique proconsulaire était gouvernée par M. Antonius Gor-
dianus, vieillard de haute naissance, de bonnes mœurs, instruit
et éloquent, qui, par son affabilité, sa bienveillance et sa dou-
ceur, avait su se faire aimer de tous ses administrés (2). Si l'at-
titude et les qualités de Gordien contribuaient à maintenir le
calme et la tranquillité dans le pays, les exactions et les vio-
lences arbitraires d'un procurateur impérial ne tardèrent pas à
y allumer une révolte, d'abord purement locale et presque insi-

(1) Bouché-Leclercq, Manuel des Institutions romaines, p. 186. — Dans
la Proconsulaire, lorsque le curator reipuhlicae agit au nom de la ville qu'il
administre, aucun autre magistrat n'est cité en même temps que lui; il
semble que ce fonctionnaire ait concentré dans sa main tout le gouverne-
ment de la commune (voir en particulier, C. I. L., VIII, 768, 779, 780, 1636;
SuppL, U8QM1808, 12360).

(2) Capitolin, Gord., 5-6.
 
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