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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0380

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366

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

gnifiante, mais dont les conséquences furent terribles pour le
pays tout entier. A Thysdrus, cet agent du fisc voulut dépouiller
de leur patrimoine quelques jeunes gens de bonne famille; il
fut tué par eux avec les soldats qui lui servaient d'escorte. Ef-
frayés de leur propre victoire, les rebelles pensèrent qu'ils ne
pouvaient éviter le châtiment dont ils étaient menacés, qu'en
proclamant empereur le gouverneur de la province, en le forçant
d'être leur complice et de se mettre à leur tête. Gordien eut la
faiblesse d'accepter la couronne qui lui était ainsi offerte ; il
associa son fils à l'empire. Le sénat de Rome, qui haïssait Maxi-
min, s'empressa de ratifier le choix des Africains et de déclarer
officiellement Augustes Gordien I et Gordien II. L'Egypte, la
Syrie, les légions des Gaules se prononcèrent sans tarder contre
Maximin.

Tandis que celui-ci, surpris et inquiet, revenait en toute hâte
des bords du Danube vers l'Italie, le légat de Numidie, Capel-
lien, ennemi personnel du proconsul d'Afrique et destitué par
lui dès son avènement, réunit quelques troupes et marcha sur
Carthage. A l'approche de cette armée, composée sans doute à
la fois de légionnaires venus du camp de Lambaesis et de
bandes recrutées en Maurétanie, les Carthaginois épouvantés
abandonnèrent Gordien. Gapellien remporta une victoire com-
plète. Gordien II fut tué dans le combat ; Gordien I se pendit
en apprenant sa défaite et la mort de son fils ; ils n'avaient pas
régné plus de vingt-deux jours (1).

La vengeance de Gapellien fut terrible. Il entra dans Car-
thage , y fit massacrer les plus illustres partisans de Gordien ;
puis il alla prendre possession de toutes les villes qui avaient
trahi la cause de l'empereur Maximin et qui avaient renversé
ses images ; il les livra à la fureur des bandes armées qui l'ac-
compagnaient ; les riches propriétaires, les bourgeois, quelques
plébéiens même furent exterminés ; les temples furent profanés
et pillés ; les bourgs et les campagnes incendiés ; les deniers
publics et les fortunes des particuliers furent distribués à la
soldatesque avide. La richesse acquise fut enlevée de vive
force et dispersée; la prospérité économique, accumulée et sans
cesse augmentée par le labeur pacifique de maintes généra-
tions, fut détruite. Le sol, les villes, les habitants furent traités

(î) Hérodien, VII, 9, § 4; Capitolin, Gord., 15-16; Goyau, Chronologie de
l'empire romain, ann. 238, p. 283-284.
 
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