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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0384
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LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

de dire sur lequel des deux partis en présence doit retomber le
plus justement la responsabilité des troubles profonds et des
déchirements qui se produisirent alors dans maintes cités ro-
maines de la province; je ne veux que constater le fait histo-
rique, sans en commenter ni en apprécier l'origine et les causes.

Ce qui est certain, ce qui ressort avec une évidence indéniable
de tous les documents, c'est que la situation générale du pays
avait été totalement modifiée vers le milieu du troisième siècle
de l'ère chrétienne. Au moment même où se faisait le plus vive-
ment sentir le besoin de la sécurité, de la paix et de l'union,
cette sécurité, cette paix, cette union avaient disparu. Les Afri-
cains avaient le droit d'être sans cesse inquiets : des montagnes
boisées qui fermaient, à l'ouest et au nord-ouest, la vallée
moyenne du Bagradas, des bandes de pillards pouvaient fondre
soudain sur Thuburnica, Simitthu, Bulla regia; par les routes
de Thagaste à Sicca Veneria, de Theveste à Ammaedara, de
Theveste à Gapsa, pouvaient s'avancer un jour des tribus ber-
bères, soulevées contre la domination romaine, et qui, plus heu-
reuses ou mieux servies par les circonstances que les Babari et
les Quinquegentanei, auraient vaincu les troupes impériales
cantonnées en Numidie. La richesse privée n'était guère moins
menacée que la fortune publique, en ces temps de troubles per-
pétuels, où les empereurs mouraient presque tous assassinés,
victimes de complots domestiques ou de conspirations ourdies
par d'impatients rivaux. La concorde n'existait pas plus que la
sécurité ou la confiance dans l'avenir ; la guerre s'était déclarée
au cœur même du pays ; toute l'activité , qui se dépensait jadis
pour l'exploitation pacifique et féconde de la nature, était main-
tenant tournée vers les luttes religieuses. 11 ne suffisait pas à
ces provinciaux d'être menacés par des périls extérieurs; ils se
déchiraient encore entre eux.

Dans ces conditions, faut-il s'étonner que les ruines accu-
mulées par Càpellien n'aient pas été relevées ni réparées, que
la terre elle-même ait paru souffrir de tous ces bouleversements ?
« En hiver, » s'écrie saint Gyprien (1), vers l'année 253, « il ne
tombe plus assez d'eau pour nourrir les semences déposées au
fond des sillons; en été, les rayons du soleil ne sont plus assez
chauds pour faire mûrir les moissons ; au printemps, la cam-
pagne n'est plus riante, et, pendant l'automne, les arbres ne
sont plus chargés de fruits comme jadis. Les carrières, fatiguées

(1) Cyprien, Ad Demetrianum, g 3 (Ed. Migne).
 
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