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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0386

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372

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

Les villes africaines, ruinées par Capellien, sans cesse boule-
versées par les querelles violentes des païens et des chrétiens,
dépeuplées et délaissées, tombèrent dès lors dans une décadence
profonde. L'esprit, assurément exclusif, mais très vif et très
fécond, qui les avait animées pendant plus de deux siècles, dis-
parut rapidement. Avec lui, la vie municipale s'éteignit; les
cités n'existèrent plus par elles-mêmes; toute activité se retira
d'elles. Le terrain était admirablement préparé pour l'œuvre
de centralisation administrative, qui s'accomplit à la fin du
troisième et au quatrième siècle.

Les tétrarques, Constantin et les empereurs qui leur succé-
dèrent s'efforcèrent d'arrêter cette décadence, de refouler jus-
qu'à sa source le courant qui emportait loin des villes provin-
ciales la plupart des membres de l'ancienne bourgeoisie urbaine ;
ils n'y réussirent pas, ils n'y pouvaient pas réussir.

Pour réveiller dans l'Afrique proconsulaire la vie et la pros^
périté d'autrefois, il aurait fallu avant toute chose y faire re-
naître les conditions nécessaires à cette vie et à cette prospé-
rité. Les édits les plus sévères, les rescrits les plus impératifs
sont fatalement impuissants contre des faits, contre des mœurs,
contre des idées qui traduisent une perturbation générale et
profonde dans la situation économique d'un pays. Une seule
méthode eût été bonne et pratique pour rendre aux cités afri-
caines une véritable activité : c'était de leur assurer de nouveau,
si pareille œuvre était alors possible, la sécurité, la paix et le
calme dont elles avaient joui pendant si longtemps ; c'était
d'apaiser chez elles toute crainte des Barbares et de l'avenir,
toute dissension religieuse ; c'était, en un mot, de ressusciter le
passé. Une semblable tâche était peut-être à cette époque au-
dessus des forces humaines; ce qui est certain, c'est qu'elle ne
fut pas accomplie.

Jadis, les habitants et le sol lui-même avaient étroitement
collaboré avec le gouvernement impérial; la richesse était sortie
de la terre que fécondait le travail des hommes, sûrs de récolter
la moisson future. L'œuvre tentée par Dioclétien, continuée
après lui, fut au contraire artificielle ; l'administration centrale
crut que tout pouvait émaner d'elle ; dans son orgueil monar-
chique, le fondateur du régime nouveau pensa que sa seule vo-
lonté suffisait à faire jaillir la vie de partout. En donnant à
l'Afrique romaine une administration nouvelle, en détruisant
l'autonomie municipale, en menaçant des peines les plus sévè-
res les décurions et les curiales qui tentaient de se soustraire
 
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