Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0391
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
CONCLUSION.

377

parce qu'on n'en avait pas fait un instrument de combat ; ils
purent en apprécier, d'un esprit et d'un cœur tout à fait libres,
les avantages et la supériorité. Les deux éléments, que la con-
quête avait mis face à face, entrèrent pacifiquement en contact
et se pénétrèrent l'un l'autre. La fusion se fit lentement, pro-
gressivement ; elle n'en fut que plus réelle et plus profonde.

La violence et les persécutions n'apparaissent, dans l'histoire
de l'Afrique romaine, qu'au moment où le christianisme se ré-
pandit en Afrique. Les chrétiens, en refusant de sacrifier sur
les autels de Rome, d'Auguste et des divinités protectrices de
l'empire, provoquèrent les fureurs du gouvernement impérial;
leur résistance, uniquement inspirée par des motifs religieux,
passa pour une révolte politique; on les aurait laissés libres
d'adorer le Christ, s'ils avaient consenti à ne pas l'adorer exclu-
sivement. La persécution fut bien moins une guerre de religion,
au vrai sens du mot, que la répression sanglante de ce que les
meilleurs empereurs eux-mêmes appelèrent un crime de lèse-
majesté. On ne voulait pas empêcher les chrétiens d'embrasser
une religion nouvelle; on exigeait d'eux seulement que ni la
forme, ni l'expression de leur loyalisme n'en fussent modifiées.

L'organisation politique fut transformée ou plutôt se trans-
forma, comme la population, sous finfluence de Rome, mais
non par l'effet de la seule volonté du vainqueur ou d'une loi gé-
nérale une fois promulguée. De nombreuses cités puniques,
quelques places fortes et beaucoup de tribus numides, voilà ce
que Rome trouva en Afrique au début de l'ère chrétienne. Loin
de donner à ces éléments si divers une organisation uniforme,
loin d'en faire sans distinction aucune des cités de constitution
romaine, loin de vouloir importer en bloc et partout son droit
public, la cité souveraine s'appliqua à maintenir dans le pays la
plus grande diversité. Entre la tribu berbère [natio dans Pline
l'Ancien, gens dans les documents épigraphiques) et la colonie
romaine de droit italique s'intercalent plusieurs types d'unités
administratives, la cité pérégrine, le municipe, la colonie, et
chacun de ces types peut embrasser lui-même deux ou trois va-
riétés de communes. L'évolution de chaque cité se poursuit à
part, sans être déterminée par l'évolution des cités voisines,
sans la déterminer non plus. Auguste créa des colonies au mi-
lieu de cités pérégrines ; au troisième siècle, des cités pérégri-
nes subsistaient encore au milieu de municipes et de colonies.
Le gouvernement impérial traita la Proconsulaire, non comme
 
Annotationen