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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0392

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378

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

une province, mais comme une agglomération de communes
sans unité politique. L'histoire administrative de ce pays est
essentiellement municipale.

On a dit souvent que Rome avait surtout appliqué cette mé-
thode par égoïsme, pour rompre les anciennes ligues et pour
empêcher la naissance de nouvelles coalitions ; qu'en un mot sa
devise politique avait toujours été : diviser pour régner. Sous la
République et en Italie, il fut assurément nécessaire, pour
affermir la domination romaine au lendemain des victoires pé-
niblement remportées sur les Latins, les Etrusques, les Sam-
nites, d'exciter, par l'inégale distribution des châtiments et des
privilèges, la jalousie entre les cités vaincues. Mais après l'ère
chrétienne et rétablissement de l'empire, les mêmes raisons
n'existaient plus, et je ne crois pas qu'une fédération des villes
africaines eût jamais pu mettre en péril l'existence ou la pré-
pondérance de l'Etat romain. Ce fut, à mon avis, d'une idée
beaucoup moins étroite que le gouvernement impérial s'inspira.
Il traita chacun des éléments divers qu'il trouva en Afrique se-
lon le caractère et l'état de cet élément lui-même; il s'efforça
de lui donner une forme politique qui fût en harmonie avec la
réalité. Il ne crut pas possible d'instituer d'emblée des commu-
nes là où ne vivaient que des tribus nomades ; il ne crut pas
indispensable d'imposer immédiatement la constitution romaine
à des villes douées depuis longtemps d'une organisation muni-
cipale qui semblait leur convenir parfaitement. Au lieu de ten-
ter l'œuvre chimérique et toujours vaine, qui consiste à créer
au préalable des cadres vides dans l'espoir qu'ils se rempliront,
les empereurs attendirent que des centres urbains fussent fon-
dés, pour leur donner le titre de ville; que les cités pérégrines
se fussent rendues dignes de devenir des municipes, les muni-
cipes d'être érigés en colonies. Loin d'être promulguée au début
de l'évolution et comme pour la provoquer ou la diriger, chacune
des chartes "municipales distribuées aux communes africaines
consacra le développement de cette évolution et en marqua le
terme.

L'œuvre accomplie par Rome fut donc une œuvre surtout
économique, administrative et politique. La cité victorieuse ne
se donna pas pour tâche d'assurer le progrès moral et social des
peuples soumis à ses lois. A coup sûr, les Romains s'estimaient
d'une race bien supérieure aux Carthaginois et aux Numides;
l'on sait avec quel dédain et par quelles risées furent accueillis
au pied du Capitole les provinciaux que César fit entrer dans
 
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