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Tremaux, Pierre
Exploration archéologique en Asie mineure — Paris, [1858]

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https://doi.org/10.11588/diglit.4691#0006
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HIÉRAPOLIS

3

DESCRIPTION
Le voyageur qui pénètre vers le centre de l'Asie Mineure en remontant la vallée du Méandre,
rencontre sur sa droite la petite plaine du Lycus, aujourd'hui Tchorouk-soue. Au nord-ouest de
cette plaine, son regard est attiré par une énorme masse blanche qui couvre le flanc de la montagne;
le guide lui annonce qu'il a devant les yeux la ville des palais de colon Tambonk-Kalessi. Cette
masse couronnée par un plateau, s'élève presque à pic, jusqu'à quatre-vingts ou cent mètres
contre le flanc de la montagne Là repose la ville ou plutôt ses ruines ; deux principales voies y
conduisent ; l'une se dirige au nord-est du côté du Méandre ; l'autre du côté opposé en franchissant
des pentes plus rapides et sinueuses.

Des sources thermales fortement chargées de carbonate de chaux, surgirent primitivement sur
la déclivité de la montagne et formèrent peu à peu, par leurs dépôts de conglomérat calcaire, le
plateau qui anticipe aujourd'hui sur la plaine du Lycus. C'est cette pétrification blanche qui, de
loin, frappe les yeuxdu voyageur. Sur le plateau s'étalent les ruines des monuments dont plusieurs
sont aujourd'hui enveloppées jusqu'au tiers environ de leur hauteur, par les pétrifications qui se

sont produites sans entraves Hun,,' 1 -n , i, j

1 VL& Qepuis que la ville est abandonnée.

A l'époque deStrabon, rUne de ces sources, nommée Plutonium, était, paraît-il, enfermée dans
une sorte de puits entouré d'une balustrade. Le gaz acide carbonique dégagé par l'eau acquérait
ainsi une qualité asphyxiante, en s'accumulant dans cette cavité. De là des récils plus ou moins

merveilleux qui égayaient les ni^f j <

i o j m, ils nai rations du temps.

Hiérapolis montre encore lcs ruines de plusieurs établissements thermaux qui recevaient les

nombreux amateurs qu'attirait le prestige de ses eaux. On y voit les restes de deux théâtres

importants dont l'un est presque entièrement conservé, une enceinte fortifiée garnie de tours, un

camp retranché formé en grande partie par un escarpement du plateau sur la plaine. Cette cité

conserve encore trois basiliqueS) dont 1W de forme primitive, ressemble à celles qui servirent

jadis de cour de justice ; les autres appartenaient certainement au culte chrétien. Des croix grecques,

figurées sur plusieurs archivoltes, ainsi que la disposition de ces édifices, ne laissent guère de

douteà cet égard. On remarque également à l'entrée principale de cette cité, un agora ou avenue

bordée de portiques, il est précédé d'une porte triomphale percée de trois arceaux et flanquée

de deux tours. On lit sur celte porte un reste d'inscription en l'honneur de Septime Sévère et qui

fait remonter la construction ri, • tv ««f™ l'an 193 et 211 Hp

uon de ce monument ou au moins sa dédicace cntie i an vooei^u ae

notre ère \ Au milieu de la ville, on voit un riche exèdre et beaucoup d'autres restes de construc-
tion. Mais ce qui est surtout remarquable c'est la quantité prodigieuse de monuments funèbres
qui entourent cette cité. Sur plus de dix-sept cents mètres avant de pénétrer dans son enceinte, la
voie principale qui se dirige vers le Méandre, serpente à travers une multitude innombrable de
tombeaux, de mausolées et de sarcophages. Certes cet abord ne devait pas être engageant pour les
personnes que la réputation des eaux attirait dans ce lieu. Il montrait combien de leurs devanciers
étaient venus n'y trouver qu'une place pour leur sépulture. Ces monuments funèbres comparés à

. Souvent les inscriptions que nous avons recueillies sont plus ou moins mutilées et incomplètes; mais elles ont élé soumises au
savant examen de M. Léon Renier, qui veut bien à ce sujet nous prêter son concours.

GÉNÉRALE

ceux des autres cités, attestent quelle a dû être la réputation de ces eaux pour attirer un aussi grand
nombre de personnages en position d'y élever celle multitude de monuments.

L'Algérie, à Ammam-Meskoutine, entre Constantine et Guelma, possède aussi des sources
thermales déplus de quatre-vingt-dix degrés de chaleur et ayant du rapport avec celles d'IIiérapolis,
dont la température est d'environ quatre-vingts degrés pour la source la plus chaude ; en Algérie,
les Romains élevèrent également des thermes. Ces eaux, déposent aussi des conglomérats calcaires ;
mais les effets en sont très-différents. Dans notre colonie, l'acide carbonique que contient l'eau
se dégage en arrivant à l'air et les sels se précipitent de suite. Chaque source, par ses dépôts, forme
ainsi un cône au sommet duquel elle surgit en bouillonnant et quand la colonne d'eau atteint une
certaine hauteur, la pression qu'elle exerce dans les couches inférieures, lui fait trouver de nou-
veaux débouchés et là, comme précédemment, elle recommence à élever de nouveaux cônes.
A Hiérapolis, une seule des sources, la plus au nord et la plus chaude, a quelque tendance à former
des cônes. Pour les autres, les dépôts ne se forment qu'à mesure du refroidissement de l'eau, alors,
peut-être, qu'elle laisse échapper son excès d'acide carbonique par le contact plus complet de l'air
et que les sels qu'il tient en dissolution se précipitent. Il en résulte d'abord que, sur les sources,
l'eau forme des bassins caverneux, plus étroits à la surface que dans le fond; puis les dépôts
s'opèrent sur les deux rives des ruisseaux, par où elle s'écoule et les élève progressivement; de
sorte que si un point des bords du ruisseau offre une dépression el laisse échapper l'eau plus abon-
damment, les précipités se déposent plus vite et rétablissent un niveau d'une régularité parfaite.

L'eau forme ainsi des murs pétrifiés d'une seule pièce dont la partie supérieure conduit le ruisseau
dans une concavité jusqu'à ce que ce mur ail atteint le niveau de la source; alors le courant se
rejette ailleurs et recommence un autre mur. Lorsque la déclivité devient trop forte, l'eau se pré-
cipite de l'une à l'autre des vasques qu'elle forme autour de chaque concavité où elle se trouve
retenue. Elle en régularise les bords par les mêmes causes que nous venons de décrire; de sorte
que la déclivité du plateau ressemble en plan à une surface recouverte d'écaillés de poisson irrégu-
lières, représentées par les vasques disposées graduellement les unes au-dessous des autres. L'eau
forme ainsi une succession de vasques naturelles bien propres à servir de modèle à celles que l'on
groupe autour de nos fontaines et de nos cascades artificielles. Ces vasques sont pittoresquemenl
groupées en descendant et forment les contours les plus gracieux.

L'épithète de coton est donnée par les Turcs à ces pétrifications à cause de la blancheur des masses
de dépôts calcaires que forment les sources et qui en effet donnent à ce plateau l'aspect de colon sous
les rayons élincelanls du soleil. Ce calcaire en raison de sa légèreté el de la facilité qu'il présente
au travail fut employé à la construction des innombrables tombeaux d'Hiérapolis et à la plupart de
ses constructions et de ses monuments. Mais avec le temps, les arêtes de celle pierre tendre s'ar-
rondissent et ses faces se détériorent plus ou moins. Celte circonstance fait que la presque totalité
des inscriptions de celte cité a disparu par l'action du temps. Ce n'est que sur quelques-uns de ses
monuments, et particulièrement sur l'un des théâtres, qui fut construit en pierre dure de la mon-
tagne, que nous avons pu en recueillir.
 
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