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Vicq-d'Azur, Félix
Traité d'anatomie et de physiologie (Band 1): Traité d'anatomie et de physiologie — Paris, 1786

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https://doi.org/10.11588/diglit.13811#0058
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46. DISCOURS

faut chercher des modèles de description anatomique : on la voit sous deux formes
dans leurs ouvrages. Dans l'Ostéologie de Bertin, ses détails sont très clairs, mais
longuement écrits et exposés à la manière des professeurs qui enseignent. Dans le
Traité de Winslow, à l'aide de divisions et de subdivisions régulières, sa marche est
courte et rapide. Cette dernière méthode est préférable sans doute, puisqu'elle dit les
mêmes choses avec moins de paroles, et que, dans tous les cas, c'est rendre une formule
très vicieuse que d'employer un grand nombre de signes pour exprimer un petit nombre
d'idées.

Mais la méthode de Winslow, que je préfère à toutes les autres, paraîtra elle-même
imparfaite, si on la compare avec celle des naturalistes. Ayant à décrire une longue suite
d'objets, ceux-ci ont vu que, s'ils n'étoient pas très rigoureux dans leurs définitions, très
précis et très significatifs dans leurs phrases, leurs traités deviendraient trop volumineux
et trop vagues. On a donc créé autant d'idiomes nouveaux qu'il y a de branches dans l'his-
toire naturelle. Les botanistes ont donné l'exemple. La langue grecque a été mise à con-
tribution : de nouveaux substantifs ont exprimé par un seul mot des idées très complexes
et qui exigeoient auparavant, pour être entendues, le secours des périphrases; d'autres
termes aussi nouveaux ont déterminé les diverses modifications des corps, et leur va-
leur a été fixée en tête de chacun de ces systèmes.

Au milieu de ces innovations, l'anatomie seule n'a fait presque aucun changement dans
son langage. Comment, avec une nomenclature qui ne s'est presque point enrichie depuis
Galien, pourrait-elle suffire à la description de tant d'organes nouveaux? Nous touchons
donc au moment où notre science doit subir la révolution générale, et'c'est une étude
très philosophique que celle des règles d'après lesquelles doivent être établies sa nomen-
clature et sa méthode. Les réflexions suivantes contiennent le résultat de mes re-
cherches sur cet objet important.

DE LA LANGUE DES SCIENCES EN GÉNÉRAL,

ET DE CELLE DE L'ANATOMIE EN PARTICULIER.

Une langue pauvre, a dit ingénieusement un écrivain moderne (1), n'a jamais été celle
d'un peuple riche. Les diverses sortes de langages se forment en effet et se développent
dans la même progression où le champ des idées s'étend; et soit que l'imagination s'élève,
ou que la raison s'éclaire, il faut bien exprimer d'une manière nouvelle des sensations
que l'on n'a pas encore éprouvées, ou des combinaisons qui n'ont pas encore été faites.
IJ n'y a point de nomenclature ni de méthode qui ne puisse être changée par cette
influence des progrès de l'esprit. A la vérité, lorsque les idées ou les inventions nouvel-
les sont peu nombreuses., on peut quelquefois, sans rien détruire, les placer à la suite
de l'enchaînement déjà formé. Mais il y a un terme au-delà duquel on ne peut s'empêcher
de refondre la méthode. Pour remettre l'ordre dans la faculté de penser, il faudrait, a
dit Bacon, refaire l'entendement humain. Nous disons : Pour remettre l'ordre dans l'en-
tendement humain appliqué à l'étude de quelques sciences, il fiiut refaire leurs lan-

( i ) De l'Universalité de la Langue Françoise ; discours qui a remporté le prix de l'académie de Berlin en 1784, in- 8%'
publié en î785, page 4i.' >
 
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