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Vicq-d'Azur, Félix
Traité d'anatomie et de physiologie (Band 1): Traité d'anatomie et de physiologie — Paris, 1786

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https://doi.org/10.11588/diglit.13811#0059
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SUR L'ANAT O M I E. 47
gues. Qu'est-ce en effet qu'étudier une science? C'est acquérir des idées de toutes les
parties qui la composent; c'est associer ces idées de sorte que leurs impressions se repro-
duisent d'elles-mêmes, et se succèdent sans effort et sans travail; c'est les ordonner de
manière que les unes, d'individuelles qu'elles étoient, devenues générales, se sous-divi-
sent en classes, genres et espèces, tandis que les autres, isolées, attendent des filiations
nouvelles; c'est, en allant du connu k l'inconnu, veiller sur l'exactitude des faits dans
l'observation, comme sur la chaîne des jugements intermédiaires dans le raisonnement;
enfin c'est apprendre à mettre en œuvre toute l'activité de l'esprit, en fixant, par des
paroles et des signes, la nature et les rapports de la pensée.

Condillac, qu'on ne loue point assez, Condillac, aussi grand que LocKe, au moins dans
quelques parties de ses ouvrages, après avoir prouvé que la faculté de sentir est le foyer
de toutes les autres, a dit le premier que les langues ne sont que des méthodes analyti-
ques. Il suit de ses réflexions que l'art de raisonner n'a commencé qu'avec elles; que cet
art ne peut s'exercer sans les formules dont est composé le langage; et que plus on
abrège le discours, plus, en rapprochant les idées, on rend l'exposition claire, les com-
paraisons faciles, et les résultats certains.

Puisque tout langage est une analyse, combien n'importe-1-il pas dans l'étude des
sciences de perfectionner des méthodes à l'aide desquelles les diverses parties d'un
tout sont séparées, examinées, connues, nommées, comparées et réunies! Long-temps
les seuls géomètres surent employer ces procédés utiles : les physiciens et les naturalis-
tes ont enfin appris à s'en servir. On demande pourquoi Linné a donné le nom de Phi-
losophie Botanique (1) au traité dans lequel sont consignés les principes de sa nomen-
clature. C'est que ce grand homme a compris que la base de tout édifice de l'esprit est la
science élémentaire des mots, sans laquelle nul genre de.connoissances ne peut ni s'é-
lever, ni s'affermir.

Les auteurs des premiers noms assignés aux substances des trois règnes se sont servis
d'expressions qui n'avoient aucune liaison entre elles; l'analogie et le hasard en ont
fourni le plus grand nombre. Diverses considérations religieuses, divers sentiments de
reconnoissance et d'amitié, les inspirations mêmes de l'orgueil ou les prévenances de l'a-
dulation ont fait le reste, et l'on a vu la liste des productions de la nature surchargée de
noms bien étrangers à son culte. Linné, témoin de ce désordre, résolut d'y remédier :
bientôt disparurent du catalogue toutes les dénominations relatives, soit à ces person-
nages auxquels sont assignées d'autres places dans l'histoire, soit aux grands, que la
flatterie place par-tout, soit même aux savants des autres classes. C'est dans le ciel que
doivent être écrits les noms des Cassini; c'est aux plantes qu'il convient de donner ceux
de Tournefort et de Linné ; comme c'est sur les replis du corps humain que Fallope et
Sylvius ont imprimé le sceau de leur gloire.

Linné rejette avec raison les dénominations trop longues ou embarrassées, d'une pro-
nonciation trop dure, du qui, composées de deux racines, l'une grecque et l'autre latine,
offrent un assemblage monstrueux et bizarre. Mais doit-on également adopter son avis
lorsqu'il refuse d'admettre les noms que certaines finales (2) communes terminent, ou

( 1 ) Philosophia Botanica., (2) En oidcs, ella, strum, ster, aria,

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