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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 5) — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.1317#0009
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ou de s'en servir avec supériorité. La cliarrue, si utile qu'elle soi),
ne réveillerait pas dans son cœur lous ces sentiments complexes qui
au fond sont humains, puisqu'ils apprennent à l'homme à compter
avec son semblable, à devenir plus fort que son voisin, par un
effort de son intelligence et par son adresse.

Plus les peuples sont près de leur berceau, plus ils attachent
d'importance aux armes, car c'est l'arme qui fait à l'individu sa
place dans la société primitive. L'arme primitive est personnelle ;
son Imperfection ou sa perfection relative placent celui qui la porte
dans] un état d'infériorité ou de supériorité vis-à-vis de ses sembla-
bles. Si-quelque chose devait rendre la guerre odieuse, ce serait
l'uniformité ou la non-personnalité de l'arme. Aujourd'hui, un soldat
n'est qu'une force communiquée à un fusil; plus cette arme se
perfectionnera, plus l'homme sera réduit, aux yeux du vulgaire, à
l'état d'un déclic qui fait partir une détente. Mais il n'en va pas ainsi
heureusement ; l'intelligence, la prévision, le savoir, ne feront que
donner de plus en plus la supériorité à cet effroyable mécanisme
qu'on appelle une arme ; et de fait, il en a toujours été ainsi.

Pendant le cours du moyen âge et jusqu'à l'application sérieuse
de l'artillerie, bien que l'arme fût personnelle, qu'elle lut faite au
gré de celui qui la portait, elle n'en est pas moins, par cela même,
le produit de son intelligence. Ses perfectionnements assuraient,
comme de nos jours, la supériorité à ceux qui avaient su les adop-
ter les premiers. L'échelle était moins étendue, voilà tout.

Quand après des désastres comme ceux que nous venons d'éprou-
ver, on relit ces tristes récits des Joinvilie, des Froissart, des Villani,
et de tant d'autres chroniqueurs qui retracent les batailles de la
Massonre, de Crécy, de Poitiers; d'Azincourl, on retrouve les mêmes
causes d'infériorité relative, les mômes fautes, les mêmes impré-
vovanees, qui nous ont été si fatales pendant la dernière guerre;
chez l'ennemi, les qualités qui, alors connue aujourd'hui, lui ont
assuré la victoire. Après la prise de Dainielte, saint Louis divise son
armée en deux et s'enfonce dans le pays sans assurer convenable-
ment sa ligne de communication avec sa base d'opération; il est
attaqué en détail, ne peut se concentrer à temps, se voit coupé, et
est l'ait prisonnier avec la plus grande partie de ses gens. A Crécy,
à Poitiers, à Azincourl, l'armée française ne sait ni occuper une
bonne position, ni opérer un mouvement tournant, ni enlin se
conformer aux règles les plus élémentaires de la guerre; elle est
battue à outrance .par un ennemi moitié moins nombreux, mais
chez lequelia tactique et la discipline sont maintenues, qui agit avec
 
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