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Viollet-le-Duc, Eugène-Emmanuel
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne a la renaissance (Band 5) — Paris, 1874

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https://doi.org/10.11588/diglit.1317#0416
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[ ÉPÉE ] — 398 —

et arbalétriers furent remplacés par les pistoliers et arquebusiers.
L'infanterie, vers la fin du règne de Charles VII, était distribuée par
petits bataillons carrés pleins, habituellement disposés en échi-
quier ou en échelons, pour mieux résister aux charges de cavalerie.
Sur les côtés des carrés, on plaçait quatre fronts de porteurs <le
fanchards, de vouges ou de guisarmes, et au centre les arbalétriers
on archers. Ces derniers sortaient des carrés pour opérer en tirail-
leurs et se réfugiaient dans tes carrés s'ils étaient chargés. Alors
les bataillons pouvaient se défendre sur les quatre faces. Mais cette
organisation de l'infanterie se prétait peu aux mouvements rapides
et. était plutôt défensive qu'offensive. Les actions commençaient Ion-
jours par les combats de cavalerie, et l'infanterie ne prenait un rôle
agressif que quand un des deux partis était entamé ou mis en
désordre par une charge heureuse. Il fallait de la cavalerie pour
soutenir l'infanterie, car ces bataillons ne pouvaient qu'opposer un
obstacle aux gens d'armes; si on les laissait livrés à eux-mêmes, ils
étaient forcément entourés et dispersés par une série de charges.

Il semblerait que les populations qui ont voulu donner à l'infan-
terie un rôle plus actif sont celles qui ne pouvaient mettre en ligne
une nombreuse cavalerie. Les Suisses étaient dans ce cas. Indé-
pendamment des armes de Irait et de main que possédaient les
peuples voisins, ils avaient dans leur infanterie un ccrlain nombre
d'hommes porteurs d'énormes épées à deux mains qu'ils manœu-
vraient habilement, et avec lesquelles ils fauchaient dans les esca-
drons de cavalerie comme dans un champ. Nous ne saurions affir-
mer que les Suisses soient les premiers qui aient adopté cette arme
terrible, mais il est cerlain qu'ils savaient s'en servir pendant ta
moitié du xv° siècle : les batailles de Granson et. de Moral en four-
nissent la preuve. Robustes, agiles, bons marcheurs, leur infante-
rie, en bataille, savait prendre l'initiative, s'avançait hardiment au
devant tics escadrons, recevait les charges avec ses épieux et fau-
chante, pendant que les porteurs d'épées à deux mains se jetaient
sur les flancs des assaillants, brisaient les armures, estropiaient les
chevaux et faisaient des trouées en mettant le désordre dans la
gendarmerie compacte. Alors les porteurs de piques et de fauchards,
poussant en avant, achevaient la déroute. .

Il ne paraît pas que cette lactique ait été habituelle à l'infanterie
française à la fin du xvc siècle. Celle-ci conserva longtemps chez
nous son rôle de protectrice de la gendarmerie ; on se ralliait der-
rière elle, comme derrière un obstacle, pour recommencer de nou-
velles charges, surtout lorsqu'à cette infanterie on adjoignit des
 
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