Visconti, Ennio Quirino: Iconographie ancienne ou Recueil des portraits authentiques des empereurs, rois, et hommes illustres de l'antiquité (Band 2,1): Rois (Mailand, ca. 1808) [Cicognara, 3917-2]

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ICONOGRAPHIE GRECQUE.

CHAPITRE IX.

ROIS DE PERGAME.

s.'i. PHILÉTERE.

PI. XXIII. V/N n'auroit jamais pu imaginer qu'un eunuque paphlagonien, attaché
au service d'un simple gouverneur de province, pût devenir le chef d'une
dynastie qui a laissé dans l'histoire politique, ainsi que dans celle des lettres
et des arts, une réputation brillante et durable1 : cependant tel fut le sort
de Philétere. Son maître, Docimus, qui gouvernoit au nom de Lysimaque
la Phrygie et les pays adjacents, l'ayant employé dans l'administration, il
s'y distingua par sa fidélité et par ses talents'. L'usage de confier des affaires
importantes à des hommes tels que Philétere étoit passé des cours de l'O-
rient dans celles des princes macédoniens. Dans ces temps de bouleverse-
ment, où l'ambition des hommes en place ne connoissoit plus de bornes,
on étoit porté à croire que des eunuques seroient moins entreprenants, et
par conséquent plus fidèles. A la mort de Docimus, Philétere sut tellement
gagner la confiance de Lysimaque, que celui-ci remit entre les mains et
sous la garde de cet eunuque la partie de ses immenses trésors qu'il avoit
déposée dans la ville de Pergame. Les troubles qui agitèrent, comme nous
l'avons vu, les dernières périodes du règne de Lysimaque , altérèrent les
sentiments de Philétere. Il étoit affectionné à l'héritier du trône, et il crai-
gnit d'être enveloppé dans la disgrâce qui poursuivoit les amis du malheu-
reux Agathoclès. Séleucus marchoit contre Lysimaque; Philétere lui offrit
la ville qu'il gouvernoit, et les trésors de son maître. Lysimaque perdit

(i) Strabon, liv. XIII, p. 623 ; Pausanias , liv. I,
c. 8. L'abbé Seviu a fait des recherches sur les rois
de Pergame, qui, insérées dans le XII" volume des
Mémoires de VAcadémie des belles-lettres ; laissent
peu a désirer sur l'histoire de cette dynastie : on y
trouvera les autorités et les observations qui prou-
vent ou qui éclaircissent plusieurs faits que j'ai tou-
cbés ici. Je relèverai quelques inexactitudes qui se
sont glissées dans cet excellent travail.

(i) Il est fait mention de ce Docimns dans l'his-
toire de Diodore de Sicile. Il me semble qu'il ne doit
pas être confondu avec un autre guerrier de ce nom
qui avoit suivi Alexandre daus ses expéditions. Ce-
pendant l'abbé Scvin ne paroit pas avoir eu l'idée que
ce fût un personnage différent du premier. Nous re-
viendrons sur cette question dans le §. 3 du cha-
pitre suivant.